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Tunisie : Pourquoi ne parle-t-on pas des viols sous Caïed Essebssi et sous Ben Ali, s’énerve Yousra Ghannouchi ?

Au contraire de Rached Ghannouchi qui se mure dans le mutisme total sur l’affaire du viol de la jeune fille par trois policiers , Yousra Ghannouchi, fille de son père et, par ailleurs, porte-parole à l’international du mouvement Ennahdha, s’est exprimée sur twitter sur la question pour se borner à rappeler que « le viol est un crime horrible qui doit être condamné et que rien ne peut justifier » et que « l’arrestation des trois policiers doit être saluée ».Point barre.

Mais la fille du leader d’Ennahdha, s’est montrée beaucoup plus volubile quand elle s’est lâchée contre les médias qu’elle accuse d’avoir déformé les informations , d’avoir présenté tout de suite la victime comme une « condamnée » et d’avoir peu souligné l’arrestation des coupables.

Sur sa lancée, elle estime que « la police reproduit les mêmes pratiques que sous la dictature et que la décision du juge de convoquer la victime est une défaillance héritée de l’ancien régime ».

Mais le flèches les plus acérées, Yousra Ghannouchi les a réservées aux médias français et étrangers qu’elle critique avec véhémence, les accusant de ne pas avoir médiatisé les cas de viols sous Ben Ali tout comme ceux sous Béji Caïd Essebssi.

«Et un dernier mot aux médias français et internationaux qui ont couvert l’affaire et qui n’ont jamais rapporté les innombrables violations des droits humains sous Ben Ali ni ceux de la police sous le gouvernement transitoire. Merci de vous réveiller maintenant mais nous n’avons pas besoin de votre aide sans consistance», a-t-elle écrit, citée par les ite Slate Afrique.

Elle conclut en déclarant que les trois policiers arrêtés dans l’affaire du viol recevront certainement un traitement plus sévère que pour les policiers français de Nice qui ont été relâchés après avoir violé une prostituée.

Vue sous les angles où la question a été abordée, la réaction de Yousra Ghannouchi est totalement atypique venant d’une femme qui destine ses propos à un public européen, plus précisément britannique. Et on ne serait pas loin de penser que, ce faisant, la porte-parole à l’international D’Ennahdha a raté une occasion de se taire, tant elle a survolé presque subrepticement ce drame pour dire indûment leur fait à la presse qui n’a fait que le travail qui est le sien et surtout, indirectement, à une société civile qui s’est fortement mobilisée pour condamner un crime odieux dans toute l’acception du terme, et faire front aux dogmes que se forgent le parti islamiste s’agissant du statut de la femme et dans la loi incarnée par la Constitution qui se prépare et dans la société.

D’ailleurs, il ne faudra pas faire preuve de trop de perspicacité pour comprendre que Yousra Ghannouchi ne fait là que relayer le fin fond de la pensée nahdhaouie qui destine la femme à une configuration qui la dépouille d’une partie des acquis accumulés à son crédit , depuis l’aube de l’Indépendance, pour la reléguer à un « complément de l’homme » tirant un trait sur l’égalité de fait et de droit qui lui est reconnue à l’échelle nationale et saluée partout dans le monde. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir l’absence de réaction de la part des caciques d’Ennahdha pour s’en convaincre, comme s’il s’agit d’un fait anodin de la chronique judicaire, alors que le ministère de l’Intérieur préfère, le plus officiellement du monde, mettre en exergue la « position immorale » dans laquelle ont été pris la victime et son fiancé, et que , pour sa part, la justice a été très prompte à les accabler de l’accusation d’atteinte à la pudeur. Au demeurant, on n’a pas manqué d’être choqué par ce lamentable communiqué du ministère de la Justice où il décrète que « si l’on considère qu’une personne est victime d’un crime, que des poursuites sont engagées contre les auteurs et qu’il est procédé à leur arrestation, la victime ne peut revendiquer l’immunité si elle est accusée d’avoir commis d’autres actes sanctionnés par la loi ».

Autant dire que le bourreau et la victime sont placés sur le même pied d’égalité. Pis, le pressions exercées de bien des parts sur la suppliciée pour retirer sa plainte et la menace qu’elle écopera ainsi que son compagnon d’une peine de six mois de prison ferme accrédite le projet que l’on cherche à noyer le poisson , voire à commettre un déni de justice au sens politique du terme qui désigne « l’interférence autoritaire du pouvoir exécutif pour annuler ou modifier des décisions de justice ».

En attendant le 2 octobre, date à laquelle la fille violée et son fiancé comparaîtront de nouveau devant le juge d’instruction, ce ne sont pas ces derniers qui sont uniquement « au banc des accusés » , mais bien plus encore, comme l’affirme leur avocate, « le gouvernement dominé par les islamistes d’Ennahda qui est responsable moralement et politiquement des agressions policières contre les femmes » , car, dit-elle, « le discours du parti [Ennahda] vis-à-vis des femmes a préparé le terrain » à ce crime.

Ne serait-il pas, dès lors, de la première responsabilité de ce dernier de répondre haut et fort à l’appel unanime de la société civile, et on peut aisément le présumer, de l’opinion publique, notamment les femmes, en reconnaissant , en sa qualité de dépositaire de la conscience nationale, dans toute son étendue, le droit de la supplicié et de son fiancé, et l’obligation de la justice de sanctionner avec toute la rigueur et la fermeté dont elle capable de faire montre , les auteurs des faits , des faits d’autant plus graves qu’ils ont été commis par des représentants de la puissance publique , dans l’exercice de leurs fonctions, censés protéger le citoyen et lui assurer sécurité et quiétude ?

Mohamed Lahmar

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