De nouveau, la Tunisie est en butte à une spirale ascendante des grèves. Après des mois de « calme relatif » et de détente sociale observés jusquà la fin de lannée dernière, les manifestants occupent de nouveau le terrain et livrent une bataille rude, illégale et parfois violente, profitant dune équipe gouvernementale, nouvellement mise en place, pour la bousculer et lui arracher des réponses immédiates à leurs revendications.
Bien que la Tunisie ait enregistré vers la fin de lannée dernière une sorte de fléchissement en termes de nombre de grèves observées, lannée 2014 marque un retour en force des grévistes. Cependant, selon les chiffres communiqués par le ministère des Affaires sociales, le nombre des grèves a baissé de 22%, durant les 10 premiers mois de lannée 2013, et ce par rapport à la même période de lannée 2012. Le nombre des entreprises ayant connu des mouvements sociaux a également baissé de 4%. Celui des salariés ayant participé à ces actes de contestation a été également moins important que celui de lannée 2012, chutant de 11%. Le nombre des jours perdus a aussi reculé de 10%. Ces mouvements ont touché 245 entreprises dont 225 publiques et 29 privées. Il sagit certes, de bons chiffres, mais qui semblent loin de demeurer en létat, en ce début dannée, suite à la flambée des grèves qui a marqué le premier mois du gouvernement de Mehdi Jomaâ.
Les grévistes occupent donc de nouveau le terrain. Grève des juges, de la télévision, des médecins, des boulangers, des agents de lONAS, des conducteurs du métro, de la douane, de la sécurité, de la protection civile, des transporteurs de carburants, de la CPG, de Topnet, de Tunisiana et plus récemment la grève des agents du Duty Free Shop.
Par ailleurs, bien que la grève soit un droit reconnu pour tous les salariés, les Tunisiens en font un usage abusif sans un réel intérêt pour la population et le pays en général. Rappelons tout particulièrement la grève soudaine et sans préavis des conducteurs du métro qui a paralysé le trafic et perturbé la circulation dans le Grand-Tunis. Toutefois, on ne note quune tiède réponse du gouvernement qui semble avoir les mains liées et guère en mesure de prendre les décisions que commande la situation, comme ce fut, dailleurs, le cas pour les deux derniers cabinets.
Il ya lieu de noter, cependant, que le nouveau Chef de gouvernement tunisien a décidé de sadresser au peuple tunisien, au début de la semaine prochaine. Dans son allocution télévisée, Mehdi devra exposer sa démarche et le programme de son gouvernement. Il devrait certainement y faire le point sur la mise en uvre de la feuille de route du Quartet.
Mehdi Jomaâ pourrait, également, répondre à des questions dactualité, notamment celles de la révision des nominations ou la spirale ascendante des grèves.
Indépendamment des réponses du Chef du gouvernement, la mission de Mehdi Jomaâ devient de plus en plus difficile face à laugmentation du nombre de grèves. Que doit faire le Chef du gouvernement devant cette flambée des mouvements sociaux ? Quelles règles doit-il appliquer ? Comment va-t-il procéder ?
On se rappelle tous la manière dont les syndicalistes ont réagi lorsque le chef du gouvernement avait pris une décision officielle dannuler la grève des agents de lOffice national de télédiffusion et de réquisitionner 114 employés pour travailler les jours de grève de lONTT.
Cest suite à cette décision déjà que lUGTT a menacé de porter plainte contre la présidence du gouvernement auprès de lOrganisation Internationale du Travail ( OIT) pour violation des principes des libertés syndicales et du droit de négociation collective, selon le texte dune correspondance adressée par le secrétaire général de lorganisation ouvrière , Houcine Abassi, au chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ , au sujet de la circulaire 2, en date du 13 février 2014 relative à laudit des procédures de conclusion de conventions entre les ministères, dune part, et les entreprises publiques et les organisations syndicales, dautre part.
LUGTT a appelé au respect des législations locales et internationales en matière de droit syndical, de droit de négociation et de liberté de négociation collective, exigeant le retrait de ladite circulaire pour préserver un climat social sain, en cette délicate conjoncture.
Kh.T