Les bilans des entreprises cotées sur la bourse de Tunis (Principal et Alternatif), se suivent et ne se ressemblent pas. Toutes n’ont pas encore publié leurs états financiers, qui devraient donner le top pour le marathon estival annuel des assemblées générales. Ces bilans donnent aussi une idée indicative sur le niveau des salaires, aussi bien dans le secteur public (exemple Ciments de Bizerte) et le secteur privé, deux niveaux loin, très loin l’un de l’autre.
On trouve à la tête de ce classement, provisoire rappelons le, la banque tuniso-saoudienne Al Baraka. Il faut cependant tenir compte du fait que ce montant des 847 mille DT, inclut les rémunérations de tous les membres du Conseil d’ Administration. Mais en véritable première place, c’est pour l’instant l’UIB, une banque qui appartient au groupe français «Société Générale», où l’alignement des salaires entre dirigeants français et tunisiens pourrait expliquer ce montant. C’est en tout cas et pour l’instant, la meilleure rémunération dans le secteur bancaire tunisien.
Dans ce classement provisoire des meilleurs salaires et rémunérations, servis par les entreprises, cotées en bourse ou faisant simplement appel public à l’épargne (EPA) pour leurs dirigeants, le Poulina Group Holding est en première place, en attendant certainement les rémunérations du secteur bancaire dont certaines pourraient bien le surclasser. Au vu des résultats du groupe, sa présence qui est effective en Chine, son dynamisme d’investissement et le modèle de gestion sociale qui en a fait l’une des entreprises les moins touchées par les grèves et les sit-in, les rémunérations que sert Poulina à ses dirigeants, restent hautement justifiées.
Le groupe Tunisie Leasing est né, en 1984, et a introduit, à l’occasion le crédit bail en Tunisie ; il continue d’ être leader de ce secteur avec 20% de parts de marché. TL est aussi la première société tunisienne d’affacturage, et la première société tunisienne de Location Longue durée. Grand investisseur, il créé, en 2006, Maghreb Leasing Algérie.
Chercheur en sciences de gestion, Amir Ben Salah, nous avait envoyé, il y a quelques mois, une contribution qui jette une pierre dans la mare de tout un débat qui a lieu, depuis la Révolution, sur le salaire des chefs d’entreprises tunisiens. Il dit à, ce propos, que «les salaires de la plupart des dirigeants des PME sont très loin de ceux de l’industrie pétrolière ou encore du secteur bancaire. Le salaire annuel brut moyen d’un dirigeant d’entreprise s’élève à 110 417 dinars, selon une étude de Sigma Conseil, en février 2010. C’est bien peu de choses à côté des 1.000.000 dinars (1million de dinars) annuels de revenus de certains PDG, hors bonus et jetons de présence. Mais, derrière cette moyenne se cachent de grandes disparités, liées à la taille de l’entreprise mais aussi à son secteur d’activité».
On y lit aussi les résultats d’une étude qu’il a faite sur cette question et plus précisément les salaires des chefs d’entreprises hôtelières. «Les salaires de ces dirigeants variaient de 700 dinars mensuels à 25000 dinars mensuels, avec des salaires mensuels moyens de 2000 dinars. L’écart est énorme ! Mais le constat le plus important, c’est que les salaires diminuaient avec l’âge, les performances, les compétences et les diplômes. C’était ahurissant».
Ce qui sûr, c’est que ce sujet fera toujours jaser. Il le fait déjà dans d’autres pays comme la France où le président élu Hollande compte «réguler», à sa manière, les grosses différences au sein même d’une seule entreprise. Là où cela ferait jaser plus chez nous, c’est lorsqu’on se rendrait compte de la différence entre rémunérations et résultats d’une même entreprise. On y reviendra.
Voici la contribution de Emir Ben Salah
Khaled Boumiza.
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