AccueilLa UNETunisie : Tunisair dans le bourbier mauritanien.

Tunisie : Tunisair dans le bourbier mauritanien.

En décembre 2006, était créée Mauritania Airways (M.A), une compagnie de transport aérien. Née d’un partenariat mauritano-tunisien, la société avait des capitaux mixtes de 10 MUSD, détenus à 51 % par la compagnie tunisienne Tunisair, à 39 % par le groupe Bouamatou et 10 % par le gouvernement mauritanien. Les perspectives de cette nouvelle JV étaient alors tellement prometteuses que la compagnie, qui avait démarré son vol inaugural officiel, le 26 novembre 2007, avait même offert d’avancer elle-même les 10 % de l’Etat mauritanien à charge de les reprendre dès les premiers bénéfices. La nouvelle compagnie se permet aussi le luxe de démarrer avec 2 avions affrétées auprès de Tunisair (un ATR et un Airbus 320) et de se faire louer 8 mois plus tard, toujours par Tunisair, 2 autres Boeing.

Le début des déboires.

Le bonheur et les joies du partenariat, ne dureront pas trop longtemps.
Conjugués au revirement de l’Etat mauritanien de l’époque qui s’était engagé à lui donner l’accord qui devait l’être pour les ventes à bord et l’accord pour les travaux terrestres, deux faits majeurs vont intervenir pour rendre la vie difficile à une entreprise qui devait permettre  de faire de la Mauritanie, le hub africain de Tunisair. D’abord, la mise de l’autorité mauritanienne de l’aviation civile sur la liste noire européenne et donc l’interdiction de Mauritania Airways dans les aéroports européens, son marché principal et le cœur de cible de sa clientèle. Ensuite, l’annonce par l’Etat mauritanien du lancement d’une société concurrente à M.A qui devait démarrer avant la fin 2010. Ajoutez à tout cela, «le déni des engagements financiers du partenaire Bouamatou concernant la libération la seconde moitié (2,5 MDT) de sa participation au capital de M.A», d’après ce qu’en dit la partie tunisienne.

Résultat : Mauritania Airways devenait incapable de faire face à ses charges que ne couvraient même plus ses revenus, et 3 années après son lancement (fin 2010), les pertes de M.A cumulaient à 54 MDT et ses dettes à 71 MDT dont la grande majorité au profit de Tunisair.

Des tentatives pour remettre les machines en piste.

Une première tentative de conciliation entre les trois parties prenantes au capital de M.A, a été faite par le biais diplomatique, lorsque le chef de l’Etat mauritanien avait reçu le ministre tunisien des Affaires étrangères. Un accord avait alors pu être trouvé pour fusionner M.A avec la nouvelle compagnie à créer par l’Etat mauritanien qui devra présenter et concrétiser un plan d’action pour sortir de la liste noire européenne, la possibilité de mettre des avions de Tunisair à la disposition de M.A pour détourner la liste noire dans un premier temps et surtout l’engagement de la partie mauritanienne à solutionner au plus vite les questions financières et notamment les pertes de M.A par une augmentation de capital.

S’impatientant devant le silence mauritanien, Tunisair prend l’initiative, en décembre 2010, d’arrêter l’activité de Mauritania Airways, d’envoyer une lettre d’alerte au conseil d’administration appelant à une AGE pour décider du sort de l’entreprise dont la financière en détérioration continue, AGE qui ne se tiendra finalement pas. Tunisair reprend aussi ses trois avions et rapatrie les personnels tunisiens qui travaillaient en Mauritanie pour M.A. Fin décembre 2010, le gouvernement tunisien de l’époque semblait être en accord avec Tunisair et donnait son accord, lors d’un CIM en date du 28 décembre, et s’orienter vers la dissolution de la société «au vu des difficultés de l’entreprise, la faiblesse de sa rentabilité et la non-tenue de engagements de la partie mauritanienne», selon  la partie tunisienne.

Les accusations de Bouamatou.

Réagissant à son tour, le partenaire mauritanien privé a envoyé une lettre au Premier ministre tunisien, en avril 2011, accusant Tunisair de faillir aux engagements pris dans le pacte d’actionnaire notamment, accusant le DG et le directeur technique de mauvaise gestion. Il évoque ainsi une «absence de vision claire sur les revenus en devises, le non respect du business plan concernant la présence étrangère de M.A, la non présentation de rapports financiers et la présence du DG, pendant 200 jours en une année, en missions en France. Il remet aussi en question les conditions de reprise des avions par Tunisair, ainsi que les conditions de rapatriement du personnel sans avis préalable, sans assurer les locaux et la responsabilité du DG dans tout cela et d’autres prétendues défaillances. Tunisair répondra qu’il n’est que du seul ressort de la justice de répondre aux accusations de mauvaise gestion, s’il s’avérerait vrai qu’il en serait. On se demande ici si Tunisair a fait un Audit soit pour y voire plus clair soit pour disculper son cadre et si non, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait depuis l’été 2010.
Depuis, la situation de Mauritania Airways ne s’améliore pas. Elle n’a pas été dissoute et elle n’a pas été remise en marche non plus. Les deux parties se battent toujours par cabinets d’inspection et d’audit étrangers interposés, alors que Tunisair semble être en proie à différentes affaires engagées contre elle en Mauritanie, par ses employés et ses prestataires. Aux dernières nouvelles, Tunisair qui a fait montre d’une très mauvaise gestion de ce dossier (départ précipité, locaux et dossiers laissés sans sécurité et partis en fumée, loyer et assurance laissés en cours) dont la propre situation financière ne sera pas des meilleures en 2011, aurait décidé de rouvrir les locaux de M.A en Mauritanie et d’attendre le résultat des expertises et des contre-expertises pour pouvoir décider de la dissolution de la compagnie. En attendant les pertes courent et les crédits produisent des taux d’intérêt.

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