Démissionnera ou démissionnera pas ? Le bruit circulait depuis jeudi à propos de la démission de Yassine Brahim de son poste de ministre du Transport et de l’Equipement et a été rapporté par plus d’un média en ligne. Contacté jeudi par nos soins, le ministre dément et nous affirmait même qu’il était en route pour Med-Industrie, lorsque nous lui parlions, ce jeudi après-midi. Des sources proches du Premier ministère tunisien nous confirmaient pourtant, ce vendredi 17 juin 2011, que Yassine Brahim avait informé le Premier ministre de son intention de quitter son poste pour se consacrer à d’autres desseins politiques. Béji Caïed Essebssi lui aurait répondu qu’il ne lui appartenait pas de répondre, mais qu’il fallait qu’il adresse sa démission au Président de la République par intérim, ce qui était normal. L’aurait-il fait et attendrait donc sa réponse ? Pour l’instant, rien d’officiel n’a été publié et l’on nous dit que si départ il y a, cela pourrait intervenir lors du prochain remaniement ministériel partiel, annoncé à demi-mots par Caïed Essebssi lors de son interview sur El Jazeera, le 13 de ce mois de juin 2011. Ce remaniement et la nouvelle feuille de route qui s’en suivra, tels qu’exprimé par le Premier ministre dans son interview de lundi dernier, ne devrait en plus pas toucher que le portefeuille du transport et de l’équipement !
Quand remaniement il y aura et s’il comprenait le nom de Yassine Brahim, ce dernier confirmerait ainsi ses ambitions politiques et le fait qu’il se serait «piqué au jeu» et pris goût à la politique par le biais de son poste au gouvernement transitoire de Béji Caïed Essebssi. Yassine Brahim, membre fondateur «d’Afek Tounes», traduisez «Perspectives de Tunisie», voudrait ainsi, par cette démission, s’ouvrir de nouvelles perspectives politiques dans la Tunisie de l’après Révolution. Cela est nourri actuellement par les bruits de coulisses à l’intérieur d’Afek Tounes, qui font état d’une initiative, faite par Yassine Brahim, portant sur la constitution d’un «groupe de travail qui s’est réuni le week-end dernier, afin de se pencher sur les questions suivantes: quels sont les objectifs du Parti sur le moyen et court terme? Quelles sont les forces et faiblesses actuelles du parti ainsi que les opportunités et les menaces vécues dans son environnement? Quels sont les moyens existants et nouveaux à mettre pour nous améliorer? Quelles sont les stratégies permettant d’atteindre nos objectifs? Quelle organisation permettrait de répondre au mieux à ces stratégies et de les déployer ?». Et selon des sources à l’intérieur même d’Afek, Yassine Brahim, membre fondateur du Parti, voudrait se mettre dans la peau de ce «premier responsable dédié à 100% de son temps au Parti».
L’actuel ministre du Transport et de l’Equipement, se sentirait, selon ces mêmes sources, assez ragaillardi et assez expérimenté dans la politique, par son passage au ministère où l’occasion lui a été maintes fois donnée de se faire connaître par bains de foule, déplacements dans les régions et décisions caressant la Révolution dans le sens du poil, interposés. Ses passages aux télévisions et radios du pays, ses déclarations dans des dossiers «populeusement chauds», comme ceux de Tunisair, du RFR (réseau ferroviaire rapide) ou le développement régional, ont en effet fortement contribué à lui forger une stature politiquement viable, de nature à en faire un premier responsable de Parti et celui de l’homme qu’il faut pour répondre aux questions posées par le groupe de travail dont il était l’initiateur.
Interrogé par nos soins sur cette initiative de Brahim et ses perspectives, le coordinateur d’Afek Tounes, Sami Zaoui, dément catégoriquement. «Nous n’avons pas pour habitude de réagir à ce qui s’écrit sur le parti, mais je vous dis que cela n’existe pas», nous dira-t-il en substance, par téléphone.
Il est cependant une certitude, que la cause du départ du gouvernement de Yassine Brahim, tel qu’il en a parlé au Premier ministre, est son désir de s’impliquer davantage dans son Parti Afek Tounes.
K. Boumiza.
