AccueilLa UNEUne incongruité diplomatique tunisienne en Syrie!

Une incongruité diplomatique tunisienne en Syrie!

Des dernières informations font état de divergences entre la présidence de la République et le ministère des Affaires Etrangères sur la gestion de la diplomatie du pays.

A l’origine deux grands dossiers, le premier concerne la liste des chefs de postes diplomatiques et consulaires à nommer et qui doit être annoncée courant juillet, et le deuxième concerne la création d’un bureau administratif tunisien en Syrie.

Deux éléments plaident en faveur du remplacement, et au plus vite, des ambassadeurs de Tunisie à Riadh, Tripoli, Berne, Genève et Paris, ainsi que le consul général à Paris, qui ne cachent pas, tous autant qu’ils sont, leur appartenance aux partis de la troïka, dans un exercice qui requiert neutralité, professionnalisme et dévouement à la Nation. Le premier élément concerne les accords convenus au Dialogue national, au sujet de la révision des nominations partisanes, dans tous les secteurs. Le second a trait au bilan médiocre de ces responsables du fait que leurs compétences originelles ne concordent pas avec les fonctions qui leur ont été confiées. Des sources proches du dossier n’en révèlent pas moins que la Présidence de la République maintient son veto sur tout changement dans ces postes, arguant que les résultats du Dialogue national ne la concernent pas et refusant toujours de se rendre à l’évidence que ces responsables pèchent par incompétence.

Le deuxième dossier concerne la création d’un bureau administratif tunisien en Syrie, après le constat des effets catastrophiques de la décision prise par Ennahdha et Moncef Marzouki ,en février 2012, de fermer l’ambassade tunisienne à Damas et de rapatrier tout le personnel diplomatique et consulaire en 24 heures .

Les raisons avancées à l’époque avaient, en apparence, un caractère politique , et les décideurs ont invoqué la répression menée par Bachar Al Assad contre son peuple qui revendique la liberté et la dignité , mais les observateurs y ont vu un alignement pur et simple sur les positions des pays du Golfe et particulièrement le Qatar qui ont imposé aux nouveaux gouvernants de la Tunisie des attitudes sacrifiant les intérêts du pays sur l’autel de l’internationalisme islamiste dans la foulée du Printemps arabe. En fait, plus de 2000 Tunisiens installés en Syrie, en plus de dizaines de jeunes partis au djihad et qui ont fini leur équipée dans les prisons syriennes, se sont retrouvés livrés à eux-mêmes en pleine guerre civile. Et l’amère expérience a montré que la diplomatie qui place au-dessus de tout, les intérêts de l’Etat n’est pas fonction des humeurs, des considérations personnelles ou partisanes et s’accommode mal des directives imposées par les puissances étrangères.

Suite au constat de cette catastrophe humaine et politique, admis du bout des lèvres, mais jamais reconnu dans les faits par les islamistes et leurs alliés, le gouvernement Mehdi Jomâa a opté pour une révision de cette position.

En fait, le premier qui a évoqué le sujet, c’était le chef du gouvernement lui-même, le 7 juin 2014, lors d’une réunion avec des représentants des médias. Il avait annoncé la création d’une représentation administrative tunisienne en Syrie, qui aura pour mission de trouver des solutions aux problèmes des Tunisiens qui y résident et faciliter le retour de ceux qui y sont bloqués et qui veulent rentrer, comme cela a été formulé plus tard par le ministère des Affaires Etrangères.

Malgré l’urgence du problème, l’initiative a mis un mois pour prendre forme. Il a fallu attendre le vendredi 4 juillet 2014, pour que le porte-parole du ministère des Affaires Etrangères annonce, que ce bureau administratif ouvrira ses portes à Damas, lundi 7 juillet, soulignant que ceci ne signifie nullement le rétablissement des relations bilatérales.

Il est à rappeler que les Tunisiens n’avaient, depuis février 2012, accès à aucun service consulaire , étant privés des prestations normalement dispensées par leur représentation nationale, et ce malgré le devoir auquel est tenu chaque pays d’assurer à ses ressortissants à l’étranger les services dont ils ont besoin même en temps de guerre ou de détérioration des relations entre les pays concernés . Les conventions internationales imposent à tous les pays même pour ces cas de figure extrêmes le maintien d’une représentation diplomatique et consulaire autonome ou sous l’égide de pays tiers, pour garantir les intérêts de l’Etat et les services nécessaires aux ressortissants. Or, cette donnée fondamentale dans les rapports entre Etats, a été oubliée par le président de la République au moment de sa décision de rompre, de manière brutale, les relations diplomatiques avec la Syrie, et également lors de la création du bureau administratif tunisien en Syrie qui est censé fournir les services requis par nos expatriés. Et encore une fois, la formule ( de représentation administrative tunisienne en Syrie ) n’a pas permis de tirer parti de la latitude reconnue à la Tunisie par les conventions internationales de servir au mieux et dans les meilleures conditions ses nationaux , justement parce que le premier souci est toujours d’essence politique reflétant une connivence ceux qui ont inspiré la position controversée que l’opinion publique avait , au demeurant, massivement rejetée. Ainsi, au lieu de rouvrir la représentation consulaire ou de nommer un chargé d’affaires dans l’ancienne ambassade ou sous l’égide d’un pays frère comme l’Algérie à titre d’exemple, la Tunisie s’est retrouvée dans la posture inédite où elle se prive de tous les moyens diplomatiques et consulaires pour servir les Tunisiens de Syrie, et ce dans le dessein dérisoire de faire comprendre qu’elle n’a pas rétabli les relations avec le régime de Bachar Al Assad , recueillant ce faisant le satisfécit des pays du Golfe et singulièrement du Qatar .

Aboussaoud Hmidi

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