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Une loi pour protéger la Révolution, ou pour se maintenir au pouvoir ?

Une proposition de loi a été soumise dernièrement à l’Assemblée Constituante tunisienne, pour y être examinée et débattue. Intitulé « Immunisation politique pour la révolution », ledit texte n’a de cesse de faire couler beaucoup d’encore et de faire polémique.

Il faut rappeler que ce projet proposé par Ennahdha et ses alliés vise à interdire l’activité politique à toute personne ayant assumé des responsabilités sous le régime de Ben Ali, adhéré aux instances de l’ex parti au pouvoir (RDC) ou qui a été candidat du RCD à la Chambre des députés et enfin qui a exhorté Ben Ali à se présenter à la présidentielle de 2014.

Présent, ce mercredi 12 décembre à l’ANC, Africanmanager a sondé les opinions de certains partis.

L’initiative d’Ennahdha fortement critiquée

Samir Bettaieb, porte-parole d’Al Massar et membre de l’assemblée nationale constituante, a fortement critiqué cette initiative visant, selon lui, à « maintenir la majorité en place au pouvoir et exclure les concurrents politiques ».

D’après lui, le projet proposé par Ennahdha et ses alliés ne protégera pas la révolution ou même les citoyens qui se sont soulevés dans les différentes régions du pays. Au contraire, il véhicule les visées politiques hégémoniques notamment du parti Ennahdha pour se maintenir au pouvoir.

Il a souligné que « nous nous employons à mobiliser nos troupes et nos amis dans le but de bloquer ce projet, jugé catastrophique pour le pays compte tenu du grand nombre des personnes exclues ».

Dans le même contexte, Khémaies Ksila, membre du bureau exécutif de Nidaa Tounes, a estimé que ce genre de projet vise à écarter de la sphère politique tous ceux ayant travaillé avec Ben Ali, entre le 2 avril 1989 et le 14 janvier 2011. Il n’a pas manqué d’avouer dans ce sens que « ledit projet qui va à l’encontre de plusieurs principes comme la séparation des pouvoirs et les conventions internationales, pourrait mettre le feu aux poudres entre les différents partis politiques ».

Il a par ailleurs, indiqué que Nidaa Tounes s’opposera à ce projet de concert avec ses , dès qu’il sera présenté à l’ANC

Partageant les mêmes propos, Karim Krifa, l’élu d’Al Moubadara, prévoit que ce projet de loi présenté par cinq groupes parlementaires conduits par le parti islamiste Ennahdha, constitue un scandale sur le plan national et international.

Karim Krifa a constaté que «à travers ce texte, Ennahdha et ses alliés tenteront de vider la scène politique en touchant plus de 80% de la population tunisienne ».

Le plus dangereux, selon lui, ce sont les déclarations successives d’un député nahdhaoui selon lesquelles qu’il ne s’agit que d’une goutte d’eau. « Si l’exclusion de 100 mille Tunisiens de la vie politique est une goutte de mer, quid alors du Tsunami ? » s’est interrogé Krifa avant d’expliquer que « la protection de la révolution ne pourrait être réalisée qu’à travers les réalisations en répondant aux demandes de la population ».

D’après lui, l’immunisation politique de la révolution n’est qu’un mécanisme pour que la Troïka se maintienne au pouvoir.

Une étape pour instaurer la justice transitionnelle !

D’autres partis ont, par contre, sollicité ce genre d’initiative qui protègera, d’après eux, les objectifs fixés de la révolution et partant les intérêts de la Nation.

D’après Walid Bennani, député et vice-président du bloc parlementaire d’Ennahdha à l’ANC, ledit projet est un acquis de la Révolution, qui tentera de rompre avec le régime déchu et d’instaurer les bases solides de la démocratie.

Bennani nous a précisé que ce texte ne vise pas essentiellement Nidaa Tounes précisant qu’ « c’est une interprétation partisane qui déforme le fond réel de cette initiative ».

D’après lui, « nul parti politique n’est visé. On a, toutefois, mentionné que ledit projet touchera les responsables de l’x-RCD pour les crimes qu’ils ont commis pendant l’ère Ben Ali » démentant les rumeurs selon lesquelles Nidaa Tounes était visé. « Ce dernier n’était pas ciblé en tant que parti, mais s’il y avait des responsables impliqués au sein de ce mouvement, ils seront par conséquent concernés ».

De son côté, le président du bloc parlementaire des Libres, Tarek Bouaziz, nous a déclaré que son bloc soutient ce projet qui, selon lui, « défendra et sauvegardera la révolution ainsi que ses objectifs ». Et d’ajouter : « c’est une bonne initiative de la part de l’ANC vu l’indifférence du gouvernement au sujet de la justice transitionnelle ».

« On est pour ce projet, mais à condition qu’il englobe certains amendements comme l’inclusion des conseillers et des Ex RCDistes déjà en poste».

Wiem Thebti

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