AccueilLa UNEWalid Denguir, mort naturelle ou sous l’effet de la torture ?

Walid Denguir, mort naturelle ou sous l’effet de la torture ?

Les résultats préliminaires de l’autopsie pratiquée sur le jeune Walid Denguir, (32 ans), mort, le samedi 2 novembre, après son arrestation par la police, au poste de Sidi El Bechir, à Tunis, pour « trafic de drogue et association de malfaiteurs », ont révélé que le décès de ce jeune serait dû à un arrêt cardiaque conséquent à une overdose de stupéfiants.

Le rapport explique les traces d’éventuels coups ou d’actes de torture, mentionnées par Radhia Nasraoui, par les effets de la pratique de l’autopsie proprement dite.

Ce rapport, quoique préliminaire, devait marquer un tournant dans le traitement de l’affaire par les médias et les ONG spécialisées dans les droits de l’homme. Mais cela n’a pas été le cas. L’organisme mondial Human Rights Watch a demandé, mercredi 6 novembre 2013, l’ouverture immédiate d’une enquête sur la mort du jeune Walid Denguir, peut-être en réaction aux premiers résultats de l’autopsie qui donnent une autre version des faits. Et les positions tranchées de Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l’Organisation de lutte contre la torture , ne laissaient pas de marge à une quelconque nuance .Elle a affirmé, avant les résultats de l’autopsie , avoir constaté plusieurs traces de torture sur le corps de Walid Denguir, concluant qu’il a été victime d’une torture sauvage de la part des agents de police , et a avancé que la torture pratiquée était celle du poulet rôti , une « spécialité » de la police depuis des décennies.

Des propos similaires ont été tenus par Amna Guellali, la directrice du bureau de Human Rights Watch (HRW) en Tunisie .Et même Samir Dilou , ministre des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle qui a traité le sujet avec réserve, a affirmé qu’a priori il y a une présomption d’actes de violences , et a ajouté que « si cela se confirme, il faut prendre les mesures nécessaires ».

Il est à rappeler que le 9 octobre 2013, l’ANC a adopté un projet de loi portant sur la création d’une Instance nationale de prévention de la torture.

Les services de sécurité ont affiché, pour leur part, un profil bas dans l’affaire, s’en tenant à la version selon laquelle la victime faisait l’objet de 6 mandats de recherche et que sa mort est consécutive à une overdose provoquée par l’ingurgitation par l’intéressé de quantités de stupéfiants qu’il portait sur lui, lors de son arrestation. Le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’une enquête administrative est déjà engagée, et que des mesures pourraient être prises après la publication du rapport du médecin légiste.

L’opinion publique a été choquée par les photos du corps de Walid Denguir avec du sang qui sortait de la bouche et des oreilles et présentant l’aspect de quelqu’un qui portait les stigmates de violences subies avant sa mort. Ces photos ont fait le tour des réseaux sociaux tout au long du week-end, accompagnées de commentaires violents à l’endroit de l’institution sécuritaire, de la part de militants des droits de l’homme, et surtout des médias et des sites électroniques et des réseaux sociaux proches d’Ennahdha .

Les médias ont fait la couverture de funérailles grandioses du défunt, présenté presqu’en boucle les photos de Walid avec des hématomes, du sang au niveau de la bouche et des oreilles, et les témoignages de la famille , essentiellement la mère qui précise qu’elle a remarqué que les jambes et les poignets de son fils étaient fracturés après avoir été violemment menottés . Radhia Nasraoui a , pour sa part , donné des précisions touchantes sur l’état du cadavre et les tortures subies par Walid Denguir .

Les faits montrent que Walid Denguir est bien mort entre les mains de la police, mais est-il mort sous la torture ou par overdose, comme l’a affirmé la première version de la police accréditée, par la suite , par les résultats préliminaires du rapport du médecin légiste .

Les témoignages se recoupent, mais les agendas politiques ou personnels y sont aisément perceptibles. D’abord la mère de Walid Denguir qui affirme que son fils est sorti de chez lui vers 16H00, arrêté par les agents de police au terme d’une course-poursuite ; on l’appelle, une heure après, pour l’informer que Walid est décédé, sans lui révéler, au début, la cause de sa mort. Plus tard, on lui dira que son fils a pris une overdose de drogue.

Empêchée d’entrer au poste de police où se trouvait son fils, elle poursuit l’ambulance qui transportait la dépouille à l’hôpital Charles-Nicolle de Tunis. Elle parle, dans son témoignage, de la découverte de plusieurs traces de violences sur différentes parties du corps du jeune homme, sans préciser si l’autopsie était déjà pratiquée ou pas. Lors de ses funérailles, dimanche 3 novembre, et après, la famille accuse les policiers d’avoir tué Walid Denguir .

L’avocate Radhia Nasraoui, et Amna Guellali, de Human Rights Watch (HRW) en Tunisie, vont dans le même sens , suivies par une enquête faite, pour l’occasion, par une organisation humanitaire liée directement à Ennahdha .Il s’agit de l’association « Justice et Equité « de Imen Triqi , qui a abouti , sur la base de témoignages recueillis de la famille , et des aveux des policiers affirmant qu’ils ont tabassé Walid , à la conclusion que la mort était due à la torture subie par la victime Walid Denguir . Le contenu de cette enquête est révélé par le journal Adhamir, proche d’Ennahdha, dans son édition de mardi 5 novembre . Et cette ligne a été suivie par plusieurs médias, sites électroniques et pages facebook proches du parti islamiste au pouvoir.

Ce qui a choqué dans cette affaire , c’est que les professionnels des droits de l’homme, essentiellement Radhia Nasraoui, présidente de l’Organisation de lutte contre la torture , et Amna Guellali, la directrice du bureau de Human Rights Watch (HRW) en Tunisie , ont adopté la même ligne que celle des médias et sites électroniques proches d’Ennahdha qui ont repris sans nuance la version de la famille Denguir , et le timing de son action ,c’est à dire ils ont lancé a campagne politique et médiatique de dénigrement des forces de sécurité , avant même la publication du rapport du médecin légiste .

Aboussaoud Hmidi

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