AccueilLa UNEYassine Brahim, un ministre qui mélange politique et fonction gouvernementale.

Yassine Brahim, un ministre qui mélange politique et fonction gouvernementale.

Il y a quelques mois, deux ministres avaient démissionné de leurs fonctions, pour collision entre leurs intérêts partisans et leurs devoirs gouvernementaux. Il est de notoriété publique aussi que l’une des toutes premières décisions de cette Révolution a consisté en la séparation entre l’Etat et les partis, quels qu’ils soient. Cela avait commencé par le RCD, allant jusqu’à sa dissolution pure et simple. Cela devrait s’appliquer aussi au reste des partis. Cela ne semble pourtant pas être encore le cas.

 En effet, il ne semble pas être un secret pour le chef du gouvernement Béji Caïed Essebssi, qu’un de ses ministres est membre d’un parti, «Afek tounes» ou «Perspectives de Tunisie » dont il a été l’un des artisans de création avec Mohamed Louzir. Le coordinateur général du parti, Sami Zaoui, lui-même ancien ministre de l’ancien gouvernement de transition, nous a d’ailleurs confirmé l’appartenance, jusqu’à maintenant, du ministre Yassine Brahim au parti «Perspectives de Tunisie». Il n’est donc plus, malgré ses compétences dont personne ne peut douter, uniquement le technocrate qu’on présentait à la presse et aux Tunisiens. Le ministre Yassine n’était jusqu’à récemment pas un partisan actif au sein de sa formation politique. Apparemment plus accro à la politique qu’on ne le croyait, il s’affiche dans un tout récent meeting de son parti. Il tire ainsi parti de sa situation de ministre au profit d’un parti, jusque-là inconnu.

 Deux évènements pourraient confirmer ces soupçons qui pourraient ne pas être fondés. D’abord les déclarations du ministre sur la compagnie Tunisair devant un parterre de journalistes. Intentionnellement, le ministre du Transport, parle à demi-mot du sujet. Il évoque une situation qui ferait peur sans aller jusqu’à détailler ce qu’il aurait découvert et fait entretenir un climat de suspicion dans une conjoncture socio-économique qui n’en manque pas. Il évoque la nécessité de mettre à la tête de Tunisair des gens nationalistes, sans aller jusqu’à déclarer clairement son intention de révoquer l’actuel PDG. Le ministre est celui qui sait le mieux tout ce qui se colporte sur la compagnie et toutes les accusations que personne, ni certains journalistes ni les syndicalistes, n’ont pu étayer contre Nabil Chettaoui.

 Monter de cette manière au créneau ressemble un peu à ce que fait ce héro légendaire qui signe d’un Z et ne peut que fortement nuire à l’image d’une entreprise en bourse et nuire donc aux intérêts des actionnaires et des petits épargnants.

 Ensuite, l’affaire du RFR (Réseau Ferroviaire Rapide). Le ministre Yassine monte encore au créneau, cette fois à la télévision, pour donner l’image du rédempteur et de celui qui veut sauver le secteur des crocs de la mafia et participer ainsi à la purge des Trabelsi. Ce n’est pourtant pas lui qui a arrêté l’adjudication d’un des lots du RFR, mais bien les bailleurs de fonds, et cela s’était déjà fait bien avant la Révolution, d’après les propres déclarations de l’ancien PDG de la société RFR qui a été l’une des premières personnes limogées par le ministre … par fax en plus.

 On passera sur la création d’une société de services et édition de logiciels à Paris. L’entreprise a été cédée à un groupe coté en bourse à Paris, GL Trade et cette dernière cédée à SunGard en septembre 2008. SunGard emploie 450 personnes à Tunis et aurait eu des relations commerciales dans le secteur financier tunisien. A son entrée au gouvernement, il aurait démissionné, affirment ses amis et connaissances de «Afek Tounes ». L’information n’a cependant jamais été rendue officielle, et les mauvaises langues ont jasé lorsque le ministre Yassine était présent lors de la cérémonie d’inauguration de SunGard Tunisie. Il aurait donc fallu médiatiser aussi son retrait de SunGard.

 Yassine Brahim, c’est la loi, ne se présentera certes pas à la Constituante, mais l’image qu’il serait en train de se fabriquer, grâce et par le biais de son maroquin de ministre que d’autres chefs de partis n’ont pas en Tunisie, ne lui en servira pas moins, à lui comme à son parti. Une image dont les premiers contours ont commencé à être dessinés lorsque le ministre se donne le courage de pousser à la télévision, un coup de gueule envers la « dégagomania », un ministre qui tient tête aux syndicats, un ministre qui veut participer à la lutte contre les Trabelsi et un ministre qui a été le premier à présenter, lors de son dernier point de presse, une «feuille de route» pour le secteur du transport. A ce pas de course, il ne devrait pas tarder à avoir les mêmes réflexes dans le secteur de l’équipement et de l’habitat où il y aura certainement beaucoup plus de choses à dire que dans le transport. Et si le ministre a contracté le virus de la politique, pourquoi ne s’y consacrerait-il et s’éviterait ainsi tout soupçon de collision entre l’action gouvernementale et l’action politique ?

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