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C’est la cata, nous allons vers la faillite, crie la FTH qui jette l’opprobre sur le touriste tunisien !

Ils étaient presque tous là, autour du ténor du barreau touristique Mohamed Belajouza, tous alarmistes à parler tous le même langage, celui de la détresse.
«Le secteur est sinistré et je ne suis pas sûr que cela puisse s’améliorer », commence le président de la FTH (Fédération tunisienne de l’Hôtellerie qui représente plus de 4 milliards DT de dette bancaires chez ses adhérents). «La saison [touristique 2011] sera catastrophique », renchérit Tahar Saïhi, président de la Ftav (Fédération des agences de voyage qui annonce un énorme chiffre d’affaires en danger). « Je lance d’ici un cri d’alarme, nous sommes passibles de prison », indique Boubaker Bouzrara de Sousse qui annonce la fermeture de 30 établissements hôteliers dans la région de Kantaoui à Sousse. «27 hôtels ont fermé à Djerba», annonce Jalel Bouricha, représentant de la FTH à Djerba qui termine sa tirade par un «arrêtons cette mascarade » à l’adresse des autorités qui n’auraient pas entendu leurs demandes de plus de crédits et autres facilités de caisses pour faire face aux salaires et qui attendent encore le décret qui devait concrétiser les aides décidées en février dont ils ne veulent même plus estimant insuffisant son contenu à venir.

C’était à peine si les journalistes présents à la conférence de presse que tenait, jeudi 2 juin 2011, la FTH, dans une atmosphère pathétique, ne se sentaient pas l’obligation de faire une quête pour  trouver de quoi les aider !

Le Tunisien n’a pas les moyens des hôtels tunisiens.

Annoncée comme la conférence de presse qui dira la vérité du secteur, cette rencontre  qui n’a fourni aucun chiffre, autre qu’officiel sur la saison, précis sur les pertes, a cependant vite fait de tourner court, lorsque les journalistes présents ont évoqué le problème du tourisme, local ou intérieur, comme palliatif possible ou stratégie de rechange, pour sauver ce qui reste de la saison 2011 et, en quelque sorte, pour sauver les meubles. «Le tourisme local est un problème fondamental et de principe», lancera Afif Kchok dans une réponse de normand, avant d’être interrompu par Mohamed Belajouza qui se fâche [jusqu’à nous refuser le micro des questions] de la tournure de sa conférence de presse où les journalistes interpellaient tout le monde sur les prix proposés aux Tunisiens, jugés trop élevés par rapport à ceux des TO étrangers et sur l’Internet. «C’est juste des prix d’appels et c’est une arnaque», répond encore Kchok qui jette ensuite, au nom de ses pairs, l’opprobre sur le touriste local. «Le Tunisien n’a pas le pouvoir d’achat » nécessaire pour faire du tourisme, essaie-t-il d’expliquer encore pour justifier les hauts tarifs affichés pendant la haute saison par les hôteliers tunisiens, oubliant qu’il avait précisé auparavant qu’il était le 3ème après le Français et l’Italien. Et Kchok de gaffer encore, en interpellant les journalistes par un «vous connaissez le comportement du touriste local». L’allusion visait  clairement le comportement reproché aux locaux dans les hôtels par rapport aux étrangers. L’allusion visait  indirectement  aussi l’inadaptation de l’infrastructure hôtelière tunisienne et son mode de fonctionnement vis-à-vis de ce touriste tunisien. Il esquissera un sourire d’incompris, en guise d’excuse.

Pressé, taraudé par les journalistes sur cette question du tourisme local pour sauver la saison, le président de la FTH s’enfermera dans des explications sibyllines  quant au non passage du touriste local par les agences et le système des réservations. Mohamed Belajouza s’emmêle ainsi les pinceaux, répondant à côté et parlant de réservation alors qu’il criait sa détresse sur les hôtels fermés, désertés par les touristes étrangers.

Pourquoi cette conférence de presse ?

Conclusion [la nôtre] de ce premier chapitre de la conférence de presse : il n’y a pas de touristes étrangers, nous courons à la catastrophe financière, donnez-nous plus de crédits pour  payer nos employés et  résister, mais évitons le touriste local qui n’est pas notre tasse de thé !

Restait donc à se demander pourquoi cette conférence de presse maintenant à propos d’une saison touristique 2011, que tout le monde pressentait  comme mauvaise, très mauvaise et dont tout le monde connaissait, depuis 5 mois, les causes et savait que la Tunisie n’y sera pas toute seule [L’Egypte y est aussi et à moindre degré le Maroc] ? Pour cela, deux éléments de réponse.

C’est d’abord, une conférence de presse dont la finalité première était visiblement d’utiliser la presse afin de faire parvenir la voix des professionnels, par ailleurs des personnes physiques dont la situation financière est loin d’égaler celles de leurs entreprises, à des autorités qui font encore la sourde oreille à leurs demandes d’encore plus d’argent. Ministères du Tourisme et des Finances, Banque centrale, banques et Premier ministère connaissent le secteur et surtout ses hommes. Des professionnels qui avaient aussi pris l’habitude du pressing par le bais de la dette et des  menaces voilées de l’emploi et que la BCT, qui était du temps de l’ancien président Ben Ali, leur principal négociateur, a fini par renvoyer dos à dos banquiers et hôteliers sur la question de l’argent.

C’est ensuite une conférence de presse qui intervient dans une conjoncture sociale où s’ouvrent de nouvelles négociations salariales. L’un des hôteliers présents l’indiquera furtivement et sans s’y attarder, mais la pierre était déjà jetée dans la mare en face de journalistes connaisseurs et désormais débridés.

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