AccueilLa UNETunis : L’homme qui n’a pas su être Lion!

Tunis : L’homme qui n’a pas su être Lion!

C’est à peine si on ne croirait pas Adnane Mansar le cassandre qui annonce la chute du gouvernement Essid pour décembre prochain, si on n’était pas sûr que son petit parti le «Harak» ne pourra pas faire bouger les choses plus que l’actuel gouvernement. Et pourtant. Avec un taux de mécontentement du rendement de son gouvernement de 58,7 %, tel que rapporté par le devin des sondages Hassan Zargouni, on ne peut que faire peu de cas de ce gouvernement. Une équipe de 42 personnalités (32 pour la France et 38 pour le Maroc), ce gouvernement n’a su entamer la réalisation d’aucun des grands chantiers de la révolution qui l’avait ramené au fauteuil du pouvoir. Ni création d’emplois et réduction du taux de chômage, ni réduction des prix et amélioration du pouvoir d’achat, ni lutte contre la corruption, ni promotion de l’économie tunisienne, ni même la propreté des rues et encore moins la limitation des grèves. 44,7 % des interrogés de Sigma Conseil pensent que le gouvernement Essid d’a rien réalisé au cours de ses 100 premiers jours à La Kasbah. 37,4 % des personnes interrogées, selon Sigma, ce qui est déjà pour un chef de gouvernement consensuel, jugent mauvais le rendement du chef du gouvernement lui-même !

– Un chef seul est le chef de personne ni de rien

Le chef du gouvernement est un homme seul. Non adossé à aucun parti, c’est certes un homme indépendant, mais c’est surtout un homme qui n’a le soutien d’aucune des forces politiques du pays. Son programme en fait les frais. C’est aussi le chef de 42 ministres et secrétaires d’Etat dont l’obédience est avant tout pour leurs partis avant d’être pour leur patron. Habib Essid est ainsi de nouveau seul et un chef, mais de rien. Cette remarque a aussi été élaborée lors de la présentation des programmes des différents ministres, noyés dans le court terme comme l’avouera Saïd Aïdi aux «rencontres de Tunis » de jeudi dernier, pour les 100 premiers jours. Cela est d’autant plus vrai que le Chef ne sait jusqu’ici pas où il doit aller. La note d’orientation pour les cinq prochaines années, dans laquelle tardent les plans d’actions à court et à moyen terme demandés aux ministres. Il devra, de plus, s’adapter aux feuilles de routes des propres ministres, alors que c’est le contraire qui aurait du être fait.

– Un chef, otage de la rue

Force est aussi de constater, à la lumière des tout premiers évènements du Sud tunisien et de ceux des dernières grèves, que le chef du gouvernement est aux ordres de la rue. Il ne la gouverne pas. Il ne la canalise pas vers ses objectifs nationaux, il finit toujours par suivre ses desideratas. Dès le premier conseil des ministres de son gouvernement, les rues de Dhehiba et Ben Guerdane, tenues comme, en a même témoigné l’UGTT, par les barons de la contrebande, ont envoyé un message clair à Habib Essid de ne pas toucher à leurs privilèges. Il se dégonfle et fera sa première reculade. Plus tard, l’UGTT à laquelle l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomaa avant tenu tête, le mettra au défi de s’opposer aux demandes des professeurs du secondaire. Essid se dégonfle encore et leur donne ce qu’ils veulent. Il ouvrira ainsi une large brèche dans sa propre stratégie, pour autant qu’elle existe. Il est, désormais, l’otage et des syndicats et de la rue !

– Un Lion qui ne sait pas l’être

D’aucuns pourraient trouver qu’Essid est l’homme de la situation. Il donne l’impression d’être décidé et tranchant, il est plutôt coulant et conciliant. D’aucuns pourraient aussi voir en lui le bon renard qui saura louvoyer entre droits et devoirs, demandes urgentes et réformes profondes, entre ce qui peut être fait et ce qui doit l’être. Essid a pourtant, son indépendant, son indifférence à la politique politicienne et son savoir-faire d’ancien politicien, pour être le Lion que tout un pays attend. Celui qui sait rugir lorsqu’il le faut pour faire régner la paix, celui qui sait donner des coups de patte comme il l’avait promis et le chef d’une équipe qui travaille pour l’Etat. Il n’a jusqu’ici pas su l’être. Les chiffres des sondages l’ont amplement démontré !

Khaled Boumiza

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