AccueilActualités - Tunisie : Actualités en temps réel«Compte à rebours à haut risque en Tunisie»

«Compte à rebours à haut risque en Tunisie»

Dans une chronique publiée sur les colonnes du  quotidien parisien Le Monde, l’universitaire Jean-Pierre Filiu, professeur  à Sciences Po, estime que « la détermination du président tunisien, Kaïs Saïed, à imposer par référendum, le 25 juillet, un changement des institutions plonge le pays dans l’incertitude ».

Il explique que «  ce novice en politique, hostile aux partis et entouré d’un cercle étroit d’inconditionnels, affirme incarner « ce que le peuple veut », concédant que le  coup de force du 25 juillet « jouit initialement d’un indéniable soutien populaire, tant les querelles politiciennes ont paralysé la gestion du pays ».

Et de poursuivre : « Saïed escompte renouveler en Tunisie la manœuvre réussie en Egypte par le général Sissi, qui renverse le président islamiste, pourtant démocratiquement élu, en 2013, avant d’accéder lui-même, l’année suivante, à la tête de l’Etat, avec officiellement 97 % des voix, dans un scrutin très contesté. Comme son homologue égyptien avant lui, le locataire du palais présidentiel de Carthage accuse de tous les maux les islamistes tunisiens d’Ennahda, effectivement discrédités par leur piètre performance gouvernementale ».

La différence majeure entre les « coups » égyptien et tunisien est que les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, prompts à encourager dans les deux cas la dynamique contre-révolutionnaire, se sont bien gardés de financer la captation du pouvoir par Saïed, alors qu’ils avaient alloué d’emblée une vingtaine de milliards de dollars au putsch de Sissi.

Le chef de l’Etat, lui-même spécialiste de droit constitutionnel, s’est lancé dans une fuite en avant de réformes institutionnelles, souligne l’universitaire , indiquant que « cette générosité n’est pas de mise envers la Tunisie actuelle, malgré les cours historiquement élevés du pétrole, car les dirigeants émiratis et saoudiens, soucieux en 2013 de stabiliser une Egypte devenue leur obligée, veulent moins le sauvetage que le sabotage de la transition tunisienne, à leurs yeux inspiratrice de tous les soulèvements postérieurs dans le monde arabe. Abou Dhabi et Riyad se justifient publiquement en subordonnant leur aide à un accord entre le FMI et la Tunisie, un préalable qu’ils n’avaient jamais été mis en avant en Egypte ».

Saïed se retrouve ainsi maître sans partage d’un pays où la crise économique s’approfondit, alors même que le mécontentement social avait largement nourri le soutien à son coup de force du 25 juillet 2021.

Le chef de l’Etat, lui-même spécialiste de droit constitutionnel, s’est lancé, au contraire, dans une fuite en avant de réformes institutionnelles, comme si de ce seul cadre légal dépendait la résolution de la crise présente.

« Démarche refondatrice »

Dans sa démarche refondatrice, Kaïs Saïed ne fait pas que se référer, jusqu’en l’écho d’un 25 juillet à un autre, aux actes du « père de l’indépendance » Bourguiba. Il change la date de la célébration de la chute de Ben Ali pour privilégier, à celle du départ du dictateur, le 14 janvier 2011, celle du déclenchement du soulèvement populaire, le 17 décembre 2010. Il affirme que la « révolution » a été trahie plutôt qu’accomplie par une transition démocratique qu’il charge de tous les problèmes actuels du pays. Il prône une forme de « démocratie directe » où se retrouve, entre autres, l’obsession de Mouammar Kadhafi, maître de la Libye voisine de 1969 à 2011, pour l’annihilation des corps intermédiaires.

Appréhension de l’armée et du MI

Et Jean-Pierre Filiu d’ajouter :  « La consultation électronique qu’il a organisée de janvier à mars dernier s’est montrée favorable à un système présidentialiste, avec déconcentration plutôt que décentralisation des pouvoirs locaux. Mais une telle consultation, à la méthodologie opaque, n’a attiré que quelques centaines de milliers de participants, dans un pays de douze millions d’habitants. Saïed a accusé, sans apporter de preuve, ses opposants d’avoir orchestré une campagne de cyberattaques.

Dans la foulée, il dissout le Parlement et annonce l’adoption par référendum, dès le 25 juillet, d’une constitution conforme à ses vœux.

Le choix d’une date aussi rapprochée et symbolique a sensiblement alourdi le climat en Tunisie. Le populisme aux accents de plus en plus messianiques du chef de l’Etat accrédite la thèse que son projet de Constitution est d’ores et déjà arrêté, les consultations en cours ne visant qu’à le légitimer sans l’amender.

L’UGTT), la puissante centrale syndicale, forte de plus de huit cent mille adhérents, refuse de cautionner une telle démarche et brandit la menace d’une grève générale.

L’aggravation de l’impasse politique suscite l’appréhension de l’armée et du ministère de l’intérieur, qui avaient, jusque-là, appuyé Saïed pour justement sortir d’une telle impasse. Car le chef de l’Etat dénie, désormais, toute vertu au dialogue national qui, sous l’impulsion d’un « quartet » mené par l’UGTT, avait, en 2013, évité la confrontation entre modernistes et islamistes, permettant l’adoption, par consensus, de la Constitution actuelle. Le prix Nobel de la paix avait alors récompensé le « quartet » tunisien pour cette médiation.

Le refus de toute conciliation par le président tunisien laisse craindre une épreuve de force où, à la différence de 2013, il y aurait cette fois un vainqueur et un vaincu. Tel n’est pas le moindre risque du compte à rebours en cours, dont le peuple tunisien, même s’il est invoqué avec emphase dans un camp comme dans l’autre, pourrait bien faire les frais, conclut Jean-Pierre Filiu.

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3 Commentaires

  1. Le seul danger c’est des faux intellectuelle comme vous enahda et un partie terroristes est les tunisien n’en valent plus la tunisie est un pays souverain

  2. C’est des faux intellectuelle comme vous qui pousse les peuples à la guerre civile enahda et un partie terroristes qui à envoyé des milliers de tunisien en Syrie mais vous en parlez pas car enahda ser des intérêts que le tunisien ne connaît pas laisser la tunisie trenkil

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