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«Il n’est pas possible de dire oui à toutes les revendications sociales», avertit le gouverneur de la BCT.

Dans sa deuxième apparition devant la presse, nationale et internationale, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie a tenu à répondre, dans la mesure des ratios disponibles et ils ne sont pas légion, à la demande des opérateurs économiques, locaux et étrangers d’un minimum  de visibilité économique sur les prochains mois. Et à l’entendre, le tableau est loin d’être rose, même s’il  n’est plus totalement sombre. On aura beau lui demander quelques chiffres à ce propos, il n’en donnera point et tout ce qu’on aura réussi à lui faire avouer, c’est que le déficit du budget se creusera  et que l’inflation suivra. Il n’en dira pas davantage.

Mustapha Nabli sera un peu plus prolixe sur les points positifs enregistrés malgré les difficultés politiques et économiques que connaît la Tunisie, un mois après la chute du régime de Ben Ali. D’abord, le retour de la confiance dans le système bancaire tunisien qui continue d’assurer normalement toutes les opérations. Ensuite, la continuité des services bancaires malgré les dommages collatéraux subis, notamment chez 105 succursales bancaires et 280 DAB. Les banques ont aussi continué à financer l’économie tunisienne et n’ont pas manqué de liquidité. Autre point positif relevé par Nabli, l’absence de toute pression sur les devises, et même les réserves qui étaient à fin décembre 2010, à 13 MDT (147 jours d’importation), n’ont que peu  baissé, puisqu’elles sont actuellement à 12,3 MDT, représentant 139 jours d’importation.

Les pieds sur terre aussi, le nouveau gouverneur de la BCT ne cachera pas les points négatifs et en fera même l’un des points forts de son intervention en tant que «gardien de l’orthodoxie monétaire»  et observatoire avisé de la conjoncture économique du pays. Il sera ainsi tout aussi prolixe sur ce qu’il a appelé «la perturbation de l’activité économique », par les arrêts de travail dans plus d’une entreprise, la baisse des exportations, l’arrêt de l’activité touristique, le net ralentissement du rythme des investissements et les difficultés économiques que rencontre plus d’une entreprise. «Jusqu’à présent, l’économie tunisienne a pu résister », dira-t-il en guise d’avertissement à peine déguisé.

Le gouverneur de la BCT s’attardera par la suite sur les mouvements sociaux qui ébranlent actuellement le tissu économique tunisien, mettent en danger sa pérennité, son pouvoir concurrentiel et sa capacité à se relever. «Du retour de la sécurité et le rétablissement de la paix sociale dépendra la réussite de la Révolution tunisienne », dira Mustapha Kamel Nabli dans une lucidité qu’on aurait aimé trouver chez plus d’un autre politicien tunisien de ce gouvernement transitoire et qu’on comprend aisément par son indépendance vis-à-vis du pouvoir.

Parlant des mouvements sociaux et des grèves revendicatrices, Nabli qui dit qu’il ne doute pas de leur légitimité et dont certaines doivent être traitée en toute urgence. Pour d’autres, «prises une à une, d’autres revendications paraissent acceptables, mais jamais dans leur totalité. Cela n’est pas possible et certaines demandes ne sont pas prioritaires» dans l’état actuel des choses, dira-t-il enfin, et il est, jusque là, l’unique responsable tunisien à aborder ce sujet qui semble, avec l’UGTT, faire peur au reste. L’homme fera même montre d’une lucidité introuvable jusque là même chez l’opposition en affirmant que «si on dit oui à ces revendications sociales, nous prendrons le risque d’un glissement économique dangereux. Et d’ajouter que «plus les troubles durent, plus ca sera  dangereux.
Nabli se fera un bon bout de temps, mais sur le ton serein d’un économiste qui analyse, l’apôtre d’une préservation de la capacité concurrentielle de l’entreprise tunisienne, pour lui donner la possibilité de reconquérir ses marchés et d’en conquérir d’autre, rappelant à ceux qui l’auraient déjà oublié que c’est le chômage qui a été le déclencheur de  la Révolution et pour préserver les équilibres globaux de l’économie tunisienne, conclut-il, retrouvant ainsi ses habits de gouverneur de la Banque Centrale.

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