Joe Biden, qui se targue d’être un maître dans l’art du compromis politique, joue gros dans les difficiles négociations budgétaires devant éviter un défaut de paiement des Etats-Unis.
Alors qu’approche le début de mois de juin, synonyme de banqueroute potentielle de l’Etat américain, certains élus démocrates – anonymes – se demandent: mais où est donc le président américain?
Candidat à sa réélection, le démocrate doit trouver un compromis budgétaire avec l’opposition républicaine, afin que les conservateurs consentent à voter, au Congrès, pour un relèvement du plafond de la dette publique américaine.
Joe Biden a-t-il perdu ce flair qu’il se vante d’avoir acquis en plusieurs décennies de vie politique, faute de comprendre un paysage politique bouleversé? Ou sa réserve est-elle au contraire une tactique pour ne pas trop s’exposer avant la conclusion d’un compromis qui, immanquablement, décevra chez les démocrates et chez les républicains?
« Nous devons trouver quelque chose que nous pourrons vendre des deux côtés », avait-il mis en garde en recevant dans le Bureau Ovale Kevin McCarthy, élu laborieusement à la Chambre des représentants en raison des réticences des élus trumpistes les plus à droite.
Le démocrate de 80 ans ne se fait sans doute pas d’illusions: dans cette crise politico-budgétaire difficile à comprendre hors de la bulle de Washington, il n’y a, pour chaque camp, pas grand-chose à gagner et beaucoup à perdre.
Si un compromis est trouvé, cela signifie que les républicains auront transigé sur leurs demandes de rigueur budgétaire et que la Maison Blanche aura capitulé sur certaines dépenses – de toute façon, le seul fait de négocier est déjà un recul pour le président, qui refusait au départ de se laisser prendre « en otage. »
Mais Joe Biden sait qu’il a beaucoup plus à perdre en cas de défaut, lui qui se débat déjà avec une cote de popularité réduite, et avec des questions récurrentes sur son âge et sa vitalité.