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Qu’y a-t-il derrière le limogeage de Farhat Rajhi du ministère de l’Intérieur ?

Sur proposition du Premier ministre tunisien,  Béji Caïd Essebsi, le Président de la République par intérim, Foued Mebazza a opéré un remaniement partiel du Gouvernement, en vertu duquel il a nommé Habib Essid ministre de l’Intérieur. On comprend de cette formulation du communiqué qu’il ne s’agit point d’une démission, mais que, si ce n’était  pas un limogeage, cela y ressemblerait beaucoup.

Le nouvel homme fort de ce ministère qui incarne bon gré mal gré l’autorité de l’Etat, est un natif du 1er juin 1949 à Sousse. Le nouveau ministre de l’Intérieur est titulaire d’une licence en Sciences Économiques obtenue en 1971 à l’Université de Tunis, avant d’obtenir le Master en Économie Agricole en 1974 à l’Université du Minnesota aux États-Unis. Un cursus universitaire qui est loin de l’appareil sécuritaire.

 

Ses premières fonctions dans le gouvernement tunisien [car il n’est pas un novice en la matière], ont d’ailleurs été dans sa spécialité qui est l’agriculture.
Il est ainsi d’abord nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture chargé de la Pêche (2001-2002), puis secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture de l’Environnement et des Ressources Hydrauliques chargé de l’Environnement (2002 -2003). Il montera ensuite en grade pour occuper, entre 1993 et 1997, le poste de chef de Cabinet du ministre de l’Agriculture.

Son baptême du feu, si l’on peut dire, dans l’appareil de l’intérieur, il le fera en 1997 et jusqu’à l’année 2000, en tant que chef de Cabinet du ministre de l’Intérieur. L’homme sera par la suite éloigné et ira en hibernation dans le  Conseil National de l’Agriculture (de 1992 à 1995) dont il n’était que membre. L’homme connait bien l’intérieur du pays, puisqu’il a été déjà Président Directeur Général de l’Office de mise en valeur des périmètres irrigués à Gafsa et au Djérid (de 1980 à 1988) et PDG de la Société du Transport par pipeline à travers le Sahara, de juin 2003 à novembre 2004.

Le nouveau ministre est présenté par ceux qui le connaissent  comme  quelqu’un de droit et de respecté, surtout par l’appareil du ministère de l’Intérieur où son passage aurait été fort apprécié. Ceux qui le connaissent disent de lui qu’il est empreint de droiture et de rigueur.

C’est tout cela qui en aurait fait un bon candidat pour le ministère de l’Intérieur aux yeux de Béji Caïed Essebssi,  un fin  connaisseur des locaux  de l’avenue Bourguiba , de leurs hommes et de leurs  arcanes.

Reste à noter que ce remaniement partiel n’était pas fortuit. En effet,  le «laxisme » de l’ancien titulaire du portefeuille de l’Intérieur se joignait à son manque de fermeté dans une conjoncture où l’autorité de l’Etat a été fortement mise à mal. Caïed Essebssi l’a d’ailleurs déjà déclaré lors de sa toute première apparition en tant que Premier ministre. Il le disait, comme nous l’avions remarqué, en suivant  du regard  Farhat Rajhi qui semblait en être conscient. Ses apparitions multipliées dans les médias en ont donné l’image d’un ministre faible à la tête d’un appareil normalement fort. L’homme ne voyait alors aucune retenue à déclarer qu’il s’était fait voler au sein même de son ministère et de son bureau. Les flops répétés lors des nominations des gouverneurs et des délégués ont sans doute achevé de former la conviction chez le  chef du gouvernement que Rajhi, n’était plus l’homme de la situation. A tout cela s’ajoute, comme un coup de grâce ou plutôt comme la goutte qui a fait déborder le vase, la gestion défaillante de cette affaire de Souk Lahad. Il y avait en effet une profusion de forces de l’ordre pour une simple «balade dans le désert » d’une centaine de personnes dont 37 ambassadeurs. La démonstration de force en était  ainsi un aspect provocateur dans une région à la sensibilité déjà à fleur de peau. Tout cela, de surcroît, aurait pu été évité si les éclaireurs des forces de l’ordre avaient joué leur rôle, et personne ne se serait rendu compte de ce malheureux incident, à notre sens, spontané, puisque le même convoi était repassé  le soir même par Souk Lahad, sans aucun incident, même mineur et qu’il n’y avait eu aucun véhicule officiel caillassé.

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