L’opiniâtreté du président de la République, Béji Caïd Essebsi, à changer le gouvernement de Youssef Chahed puise sa ténacité dans la progression du mouvement Ennahdha dans les élections municipales de mai denier aux dépens du parti Nidaâ Tounès dont il est le fondateur et qu’il prend sous son aile depuis Carthage, a affirmé Soumaya Ghannouchi, fille du chef du mouvement Ennahdha, dans un article paru sur « Al-arabi 21 ».
Elle a ajouté que cette victoire a fait naître chez lui un dépit irrépressible et le sentiment grandissant que la politique de « containment » en douceur qu’il avait suivie vis-à-vis d’Ennahdha n’a pas porté ses fruits et qu’il ne sera possible de barrer la route à ce parti vers les sélections présidentielles et législatives prévues l’automne 2019 que par la chute de Chahed et en faisant détoner toutes les mines disponibles : l’appareil secret, l’implication dans les assassinats politiques, la bataille de l’égalité successorale, et tout le toutim.
C’est pourquoi, ajoute-t-elle, que BCE est passé de la politique de « containment » électoral au délardement politique, concomitamment avec l’accusation de conspiration lancée contre Youssef Chahed.
Soumaya Ghannouchi estime que cette politique menée avec acharnement par Béji Caïd Essebsi aura des conséquences négatives sur la scène politique comme sur l’image du pays, et sans doute, exposera son expérience démocratique aux secousses.
« Il est illusoire que ces équations politiques à l’intérieur aussi bien à l’extérieur permettent à BCE d’en faire à sa tête, de ramener les pendules à l’heure de l’avant-révolution et de se délecter de l’éventualité d’une dissolution d’Ennahdha », a-t-elle dit, affirmant que « personne parmi ceux qui connaissent Ennahdha, en Tunisie et à l’étranger, ne prend au sérieux l’accusation relative à l’appareil secret, car Ennahdha est l’exemple de la modération et de la souplesse dans un environnement islamiste aux prises avec une ébullition et des tensions extrêmes ».
