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Tunis : L’optimiste béat, le simplet des finances et le fanfaron du gouvernement.

Après Rached Ghannouchi qui demandait aux Tunisiens de remercier Dieu d’avoir l’eau courante et l’électricité. Après Ali Larayedh, lâché par les siens lesquels discutent de sa démission et qui se faisait son propre avocat, lors de sa dernière conférence de presse, pour faire l’éloge de son gouvernement, de sa neutralité et de ses réalisations. Voici donc, comme de presqu’attendu, le gouvernement fanfaron qui dit aux Tunisiens qu’il est impossible à tout un chacun, y compris l’opposition toute confondue, de faire mieux que les deux gouvernements d’Ennahdha (parti au pouvoir en Tunisie depuis octobre 2011).

Réunis à trois, après quelques jours d’un communiqué fort élogieux du conseil des ministres à propos de la situation économique, le ministre du Développement, Lamine Doghri, celui des Finances Elyes Fakhfakh et le super-ministre Ridha Saidi, conseiller économique des deux chefs de gouvernement d’Ennahdha, tenaient, ce vendredi, conférence de presse. Le thème, avoué, en était la «mise à jour des indicateurs économiques». Le but non avoué en était de démontrer que nul ne fera mieux qu’eux, comme le dira franchement le «Monsieur économie » du gouvernement Larayedh. Et en filigrane, le message que les difficultés de l’économie sont imputables à la période Caïed Essebssi (que personnes ne nommera, que ces difficultés sont maintenant devenues structurelles, qu’elles ne peuvent être surmontées que par des réformes structurelles. On les entendrait presque répéter en chœur «gardez-nous, laissez-nous travailler, on sauvera l’économie» !

– L’optimiste béat.

Le premier à prendre la parole, sera Lamine Doghri, ministre du Développement, pour parler du taux de croissance économique réalisé, au cours du 1er semestre 2013. Presque fiérot, il n’arrêtera pas de marteler avec grande conviction, que «oui, l’économie tunisienne croît … sa croissance reste dans la moyenne mondiale et celle des pays du MENA ». Et le ministre qui affichait un optimisme béat, tant lui manquaient les arguments pour développer la stratégie pour booster la croissance et arriver, en fin d’année, au 3,6 % qu’il espérait (après deux révisions successives à la baisse), de ressasser que «oui, la Tunisie croît, les perspectives s’améliorent et Dieu fasse que les réformes ne s’arrêtent pas ». On ne trouvera pas dans le document distribué pour les mesures proposées, plus que de vagues mots sur «la mise en exécution d’une stratégie économique », «atteindre le plus haut taux de croissance » ou encore «prendre des mesures adéquates de nature à … ». Rien de concret après une esquisse, positivée à outrance et sans aucune autocritique, de ce qui a été réalisée. A la sortie de la conférence de presse, le ministre nous interpelle pour nous demander si on avait pris un exemplaire d’un opuscule de 80 pages intitulé «Réalisations du gouvernement en 2012, d’importants pas sur la voie de la réalisation des objectifs de la révolution et des perspectives ouvertes sur un avenir prometteur». Réalisé en mars dernier, il rappellerait presque les documents que distribuait l’ancien RCD à chaque réunion économique. (Nous y reviendrons !).

L’optimisme béat, car sans stratégie clairement définie, couchée sur papier et distribuée à une presse dont on demandait la propagande pour ce qu’il disait, est vite balayé par ce qu’en disent deux des plus importantes institutions du pays, la BCT lors de l’interview de Chedli Ayari à Africanmanager en août 2013 et l’UTICA dans son plan d’action pour surmonter la crise et que Ridha Saidi dénigrerait presque en l’accusant de se politiser et en lui en voulant de chercher à se positionner politiquement.

– Le simplet des finances et son 4 – 2 = 3.

Presque sans sourire, sauf lorsque l’un de ses collègues évoque l’eau (Suivez son regard vers les déclarations de Ghannouchi chez Nessma à ce propos), presque renfrogné, le ministre tunisien des Finances qui donnait lecture d’un document, inonde l’assistance de chiffres , de la baisse de la TVA, au allocations budgétaires supplémentaires en passant par la dette dont il dira qu’elle finira cette année par atteindre les 48 % du PIB et le déficit budgétaire qui devrait atteindre, toujours selon lui, les 7,4 % du PIB. Il n’oubliera cependant pas de se recadrer et dire que «tant qu’il ne dépassera pas les 50 %, l’endettement sera maîtrisable» et «la situation reste sous contrôle et ce qui a été réalisé est une bonne chose».

Elyes Fakhfakh s’illustrera, cependant, durant cette conférence de presse à trois, par ce bref cours simplifié sur les finances de la Tunisie. «Nous avons un déficit structurel de 4000 MDT. Il nous faut donc baisser de 2000 MDT, la consommation des hydrocarbures et ce grâce à une réforme structurelle, la lutte contre le marché parallèle qui impacte les ressources de l’Etat. Ce n’est que grâce à cela que nous reviendrons à un déficit budgétaire de 3 %». C’est aussi simple, selon le ministre tunisien des Finances : 4 – 2 = 3 !

Il ne dira pas comment compte-t-il couper aussi drastiquement dans la compensation des produits pétroliers, sinon par quoi la remplacer. Il parlait, peut-être par lapsus mais non corrigé, de réduire la «consommation des produits pétroliers». Il ne dira point comment faire fonctionner la machine économique, ni par quoi remplacer les produits pétroliers !

– Le fanfaron du gouvernement.

Maître de cérémonie dans cette conférence de presse à trois, Ridha Saïdi donne la parole, intervient, répond aux questions des journalistes. Il se endosse l’habit de l’avocat d’Ennahdha et de ses deux gouvernements successifs, en certifiant que nul, dans l’opposition toutes tendances confondues, ne pourra faire mieux que les deux gouvernements d’Ennahdha (il parlera des années 2012 et 2013). «Aucun gouvernement, de la gauche à la droite, ne peut faire face à cette situation, car les difficultés sont devenues structurelles », disait-il en devin. Il en voudra à ceux qui se prennent pour des spécialistes de l’économie, de ne faire que des critiques et de ne jamais donner des solutions. «Tout le monde doit contribuer en nous donnant les solutions » demandait-il, en oublier que l’opposition s’oppose, mais que c’est le gouvernant qui dispose. Jusqu’à la fin de la conférence de presse, Ridha Saidi n’enlèvera pas sa robe d’avocat fanfaron et refusera même de la teinter d’un zeste d’autocritique. «Le taux de croissance réalisé est positif, même s’il est en dessous de ce qui était prévu», conclut-il.

Ka. Bou

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