AccueilLa UNETunis : Le Front du Salut National sur le point d’éclater !

Tunis : Le Front du Salut National sur le point d’éclater !

Ces derniers jours, les signes indiquant qu’il y a une fracture au sein de l’Union Pour la Tunisie (UPT) se multiplient. Le retrait d’Al-Joumhouri de l’Union est, paraît-il, consommé, sans que l’opinion sache les points de discorde entre les deux parties . A cela s’ajoute un malentendu entre le Front Populaire et Nidaa Tounès au sein du Front de Salut National (FSN). Et les éléments qui soulignent ce malentendu sont de plus en plus évidents. Le litige entre les deux formations, on en connaît peu de choses , mais son histoire toute récente est largement commentée .

D’abord, des insinuations de la part du Front populaire sur un éventuel marché conclu entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi , au cours de leur rencontre surprise à Paris, le 15 août 2013 . Ensuite, des analyses assez vagues et très peu fournies faisaient état d’une convergence d’intérêts entre les deux grands partis , Ennahdha et Nidaa Tounès , dans le cas où le dialogue n’aboutirait pas , ce qui les amènerait , selon ces mêmes analyses , à se mettre d’accord sur un modus vivendi sur l’avenir du processus de transition , et peut-être au-delà . Mais depuis la semaine dernière, les propos deviennent plus circonstanciés. Le Front Populaire a exprimé son refus d’avaliser la candidature de Jalloul Ayed, un brillant ministre du cabinet de Béji Caïd Essebsi, pourtant favori dans la course à la Primature . Zied Lakhdhar , secrétaire général du parti Watad , a déclaré , la semaine dernière , ne pas être en mesure de trancher s’il y a ou pas accord tacite entre Ennahdha et Nidaa Tounès , et Mourad Amdouni , allant un peu plus loin sur la chaîne Watanya 1, dans la soirée de lundi , affirme que les deux formations ont en commun la défense du même projet de développement, et les rapports étroits avec les bailleurs de fonds internationaux . Le même jour, Sami Tahri, porte-parole de l’UGTT , et Watad très influent , écrit sur sa page facebook , un statut qui renvoie dos à dos Ennahdha et Nidaa Tounès qui « se grisent des résultats des sondages, les utilisant pour marginaliser la majorité , ne cachent pas leurs liens avec les puissances étrangères , et cherchent à étirer les consultations dans le but de préparer des arrangements et des marchés sous la table » .

Tout en stigmatisant le comportement des deux partis hégémoniques, Sami Tahri réserve ses critiques les plus virulentes au parti islamiste qui pratique » la politique de la fuite en avant , et fait la sourde oreille et recourt à la violence si cela s’avère nécessaire , en appuyant sur le bouton déclencheur », selon son expression pleine d’allégories.

Ces déclarations dénotent que le Front Populaire se positionne déjà comme étant l’adversaire d’un certain projet qui se profile en filigrane, et dont les maîtres d’œuvre sont les deux plus importantes formations du pays. Seulement, les dirigeants du Front n’avancent pas d’éléments qui révèlent une compromission quelconque de Nidaa Tounès, en réponse à la curiosité de l’opinion publique et des observateurs. C’est vrai qu’ils sont en train d’évoquer les choix libéraux et sociaux-démocrates en matière de développement, prônés par Nidaa Tounès dans son programme économique, fraîchement dévoilé pendant le week-end , mais ces choix sont bien antérieurs aux rapports étroits affichés par les dirigeants du Front avec Nidaa Tounès, durant l’été dernier.

La stratégie du moment arrêtée par le Front populaire vise à torpiller d’éventuels accords ou alliances entre Ennahdha et d’autres formations centristes en mettant en avant des démarcations à caractère économique. Mais les tenants de cette stratégie oublient deux données fondamentales : la première est que l’enjeu essentiel reste toujours la préservation et la défense de l’Etat moderne et du projet de société progressiste dans le pays, qui sont justement en danger ; la deuxième consiste à ne pas croire à ce que prône ou promet de réaliser le parti islamiste, parce qu’il ne croit qu’à son projet propre et à son agenda spécifique.

La négligence de la ligne de démarcation entre défenseurs et fossoyeurs du projet de la société tunisienne, ne fait que brouiller les cartes et pervertir les données fondamentales du paysage politique. Et cette ligne qui devrait être l’axe de tout redéploiement des forces politiques et sociales , et le motif des alliances et accords entre partenaires , est en train de perdre de sa pertinence au profit d’éléments de moindre importance .Ce qui fait revenir le pays à l’état de confusion qui a prévalu entre le 14 janvier et le 23 octobre 2011 , et nous laisse présager que la classe politique tunisienne met du temps pour retenir l’essentiel des leçons de l’histoire .

Aboussaoud Hmidi

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