AccueilLa UNEY a-t-il un pilote dans l’avion ?

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Une économie dont on ne sait rien, puisque personne n’en parle et personne au gouvernement n’en parle et ne semble s’en soucier. Des ministres qui ne sont réunis qu’une seule fois depuis la chute de Ben Ali et dont le porte parole ne dit mot sur la situation qui prévaut dans le pays, qu’elle soit politique ou économique. Des ministres qui ne savent plus quoi faire, qui annoncent des conférences de presse et les annulent à la dernière minute.

 Un gouvernement qui ne fait pas l’unanimité, bien qu’il ait répondu à toutes les demandes et qu’il ne lui reste plus que de démissionner de lui-même, tant il a été poussé à toutes les concessions, politiques et personnelles. Un gouvernement que certains veulent « dégager » et envoient pour ce faire leurs « troupes » des fins fonds de la Tunisie et que d’autres veulent soutenir et préparent des contre-manifestations qui s’accrocheront certainement, ce mardi, sur la Place de la Kasbah avec les hordes de manifestant qui dorment à même le parvis du Premier ministère, empêchant presque les ministres d’occuper leurs bureaux et de vaquer à leurs fonctions.

 Des partis politiques qui se chamaillent à propos des fauteuils et autres babioles politiques et se tirent allègrement dans les pattes les uns les autres, alors que les chefs de certains d’entre eux se préoccupent de soigner leur image et se déplacent de gauche à droite d’un plateau TV à un autre, sans pour autant pouvoir esquisser une quelconque perspective économique ou politique pour le pays.

 Un patronat qui commence déjà à s’écharper pour l’héritage de Hédi Djilani et l’exemple en a été vite donné dans l’Utica Sfax, en attendant d’autres régions. Un syndicat ouvrier qui veut le pouvoir, les ministères de souveraineté, qui démissionne, refuse tout, ameute ses troupes, demande tout et tout de suite et use et abuse du droit de grève, au risque même de faire subir une année blanche aux élèves, bacheliers et étudiants.

 Une presse qui s’installe dans un magistral «laisser-faire-laisser-aller » où tout le monde dit tout à propos de tous et de tout, où Radio et TV se font la course aux plateaux de débats qui ne s’arrêtent plus de toute la journée et où les journalistes prennent d’assaut les forteresses de leurs directions et y prennent le pouvoir, où chacun veut « dégager » l’autre et prendre sa place au nom de la démocratie et de la Révolution et où la dernière tentative a concerné l’association des directeurs de journaux !

 Une justice qui vient de réfléchir une piètre image d’elle-même, en annonçant l’arrestation manu militari d’un propriétaire de chaîne TV, sous un chapelet de chefs d’accusation qui le conduirait tout droit à la potence et qui le relâche le lendemain matin, presque avec des excuses. Une justice qui ne donne plus signe de vie depuis l’arrestation d’une trentaine de membres des familles Trabelsi.

 Un secteur bancaire qui ne sait plus comment communiquer et quoi communiquer sur l’état de ses lieux après l’explosion à la face de tout le monde des chiffres de ses engagements avec les familles présidentielles. Un secteur leasing sérieusement menacé par l’accumulation des impayés de la part de ceux qui n’auront pas encore assez de revenus pour payer et de ceux qui profiteront de la situation pour ne pas payer, au moins dans l’immédiat.

 Des milieux d’affaires, effarés par les listes et les contre-listes de noms menacées de gels des avoirs, à l’intérieur comme à l’extérieur, attentistes devant une conjoncture qui n’arrive à dessiner nul avenir et nulle visibilité pour leurs affaires et pour l’investissement.

 Un peuple qui se découvre soudain une vocation d’analyste politique, qui ne veut entendre que sa propre voix, qui dit non à tout, qui soupçonne tous de tous les maux du pays, qui accuse tout et se surveille par tout le monde sur fond d’inquisition et pour certains de relents de délation , et recherche tout document qui accuse tout responsable. Un peuple où chacun veut s’approprier le mérite de la révolution et cherche à en monter le cheval, soit pour aller loin, soit pour se refaire une virginité.

 Des employés qui se retrouvent otages dans des guerres de succession d’entreprises dont les propriétaires ont soit fui ou sont en détention. Des employés qui risquent fort de ne pas recevoir les salaires de février ou de mars et qui, s’ils ne parlent pas politique, RCD, gouvernement de l’ancien régime, Dégage etc.., se mettent en grève ou menacent leurs entreprises de le faire, car ils veulent maintenant tout ce qu’ils n’avaient pas pu avoir pendant 25 ans malgré les augmentations annuelles de salaires.

 Voici ainsi décrite, en vrac dans cet article, l’état de la Tunisie de l’après Révolution. Une Tunisie où il est difficile de trouver un pilote dans l’avion. Elle est ainsi maintenant la Tunisie où le vide pourrait finir par séduire les sirènes de la dictature, comme l’a si bien averti le Général Ammar !

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