Décidément, la parole s’est libérée en Tunisie post-révolutionnaire. Du silence total, ou presque, sous l’ère Ben Ali, on est passé au règne des excès de langage, de l’outrance, de l’invective, à la faveur de cette liberté ambiante que chacun conçoit comme il l’entend. Et personne n’est à l’abri de ce déferlement, de cette bourrasque même. Le ministre de la Santé, Saïd Aydi, l’a appris à ses dépens hier jeudi 26 février.
Cela a commencé par un rassemblement de protestation des syndicalistes de l’UGTT de Sfax. Ils ont scandé des slogans hostiles aux responsables du ministère de la Santé, invitant « les incompétents » parmi eux à « déguerpir ». Un de leaders de la contestation a lâché : « En tête de ces incompétents, on retrouve Saïd Aydi ». Les autres manifestants ont embrayé et ont débité des propos musclés, du genre « Dégage ». Après les choses ont dégénéré et certains se sont mis à crier : « Ministre menteur, mettez vos chaussures et prenez la porte ».
Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le communiqué pondu hier par le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Noureddine Taboubi. Le texte s’en est pris aux mesures de suspension prises par le ministre de la Santé à l’encontre de syndicalistes et autres agents. L’UGTT est d’avis que le ministre devait s’asseoir avec elle autour d’une table et parlementer, comme c’est d’usage, au lieu de passer directement à la sanction.
L’UGTT a fait savoir qu’elle n’agrée par les décisions de Saïd Aydi et que c’est l’attitude du gouvernement dans ces situations qui est à l’origine de tous débordements. Le communiqué appelle la société civile à se mobiliser pour prendre sa part dans la réforme profonde du secteur de la santé.
Enfin sachez que le ministre a pris rendez-vous et répliquera aux attaques des syndicalistes dans l’émission de Samir El Wafi sur Al Hiwar Ettounsi demain dimanche 28 février.
S.L.