Il y a un manque de coordination entre l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP) et la Société tunisienne des industries de raffinage (STIR) concernant l’exploitation de la production pétrolière nationale. C’est en tout cas ce que pense l’expert en énergie, Ghazi ben Jemiî.
Ila expliqué, dans une déclaration à African Manager, en marge d’une conférence de presse consacrée, ce mardi à Tunis, à la présentation des résultats d’une étude sur « Les dessous des contrats de carburant en Tunisie », que la Tunisie produit du pétrole brut de haute qualité et l’exporte à bas prix en échange de l’importation de matières pétrolières à des prix élevés, appelant dans le même contexte à la nécessité de revoir les textes juridiques en vigueur et de permettre à la Société des industries de raffinage d’exploiter la production nationale de pétrole.
L’expert a souligné que de nombreux obstacles empêcheraient d’attirer d’énormes investissements dans le domaine de l’exploration des hydrocarbures, ce qui entraîne une baisse de la production nationale de pétrole de 13% et une diminution de la production de gaz naturel brut de 5%, tandis que la demande de produits pétroliers a augmenté de 2%, tout en soulignant le déclin de l’indépendance énergétique de 8%.
En outre, le responsable a indiqué que les permis d’exploration ont considérablement diminué, passant de 52 en 2010 à 15 actuellement, en raison de nombreux facteurs, dont le plus important est l’absence de données techniques pour les blocs libres.
Il a, par ailleurs, appelé l’autorité de tutelle à travailler à résoudre divers problèmes, à améliorer le climat d’investissement et à augmenter la production nationale, ajoutant que « la Tunisie n’est pas un pays pétrolier, mais elle a la possibilité d’explorer de nouveaux sites dans le Nord, le Centre et en offshore ».
Selon ses dires, des perturbations dans l’approvisionnement du marché local en produits pétroliers sont susceptibles d’être enregistrées dans la période à venir à moins que le gouvernement ne parvienne à un accord final avec le Fonds monétaire international pour obtenir un prêt de 1,9 milliard de dollars.
De son côté, Charfeddine Yacoubi, expert en gouvernance et ressources naturelles, a déclaré à African Manager que de nombreux facteurs ont entraîné une baisse des investissements et ont poussé de grandes entreprises à quitter la Tunisie, à l’instar de Shell, ainsi que l’intention du groupe Eni de partir.Toutefois, certaines petites entreprises ont l’intention d’investir en Tunisie, selon les propos du responsable.
Il a, en outre, affirmé que les données sur le secteur demeurent insuffisantes malgré les efforts déployés par la Tunisie en matière de transparence dans la publication des contrats des hydrocarbures, depuis 2016. Il, a dans ce sens, déploré notamment, l’absence d’informations sur les revenus provenant des champs pétroliers, la non publication des procès-verbaux du Comité consultatif des hydrocarbures et l’insuffisance d’études sur les impacts environnementaux.
Les recommandations des contrôleurs publics
Une étude, réalisée par l’Association tunisienne des contrôleurs publics a conclu qu’il est nécessaire de remédier aux lacunes et ce, sur sept étapes pour que le secteur soit attractif pour les investissements :
• Révision du code des hydrocarbures dans le contexte d’un renforcement des principes de gouvernance dans le secteur et la préparation d’un nouveau code conforme aux normes internationales. L’objectif de cette étude est de vérifier le degré de conformité des contrats publiés, aux différentes lois et réglementations organisant le secteur.
• Accroître l’attractivité des investissements dans le secteur en revoyant les privilèges financiers et fiscaux offerts aux investisseurs et en les encourageant à développer des découvertes.
• Publier les revenus des ressources naturelles de manière précise pour donner une image réelle des ressources fiscales dérivées du secteur des hydrocarbures.
• Publier les accords et tous les documents qui renforcent le contrôle sur le secteur des hydrocarbures, en publiant des études d’impact environnemental et diverses études de faisabilité liées à l’entrée de la Société Tunisienne des Activités Pétrolières dans les accords de partenariat, les contrats de services et la liste des propriétaires réels des entreprises
• Développer le rôle de la Société Tunisienne des Activités Pétrolières en la restructurant pour se concentrer sur le rôle opérationnel dans le développement et l’exploitation des champs pétroliers conformément aux normes internationales dans ce domaine et lui permettre d’avoir une plus grande flexibilité dans l’action pour mener à bien ces tâches.
• Instaurer un climat de confiance entre les institutions actives et les citoyens, activer les mécanismes de consultation et de transparence, et promouvoir les programmes de responsabilité sociale.
• Accélérer l’achèvement de l’adhésion de la Tunisie à l’Initiative pour la transparence des industries extractives et envoyer la demande finale à la Commission d’enquête d’Oslo pour y adhérer définitivement.