Les ministères de la Défense et de l’Intérieur ont annoncé des mesures sans précédent pour sécuriser le processus électoral, 5 jours avant le jour « j ». Celles annoncées par Lotfi Ben Jeddou pour le scrutin du 26 octobre portent sur le déploiement de 46.000 agents de l’ordre à l’intérieur et à l’extérieur des bureaux de vote, et autant de militaires.
Des itinéraires précis ont été retenus pour l’acheminement de la matière électorale, la veille du scrutin, le 25 octobre, et le choix d’autres itinéraires alternatifs, en cas de contretemps, a déclaré le ministre de l’Intérieur à l’agence TAP.
Pour sa part, le lieutenant-colonel, Belhassan Oueslati, porte-parole du ministère de la Défense nationale a affirmé que les préparatifs engagés par le ministère pour assurer le bon déroulement des prochaines élections se poursuivent à un rythme soutenu.
« Les unités de l’armée nationale ont déjà entamé l’acheminement des fournitures électorales de l’entrepôt central de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) à Tunis vers les bureaux de vote après leur emmagasinage dans les entrepôts régionaux », a-t-il expliqué, ajoutant que les unités de l’armée nationale ont été, également déployés pour assurer la protection des locaux centraux et régionaux de l’ISIE.
La mission du ministère de la Défense nationale se poursuivra après l’opération du scrutin pour acheminer les urnes vers les bureaux de tri, avant de les entreposer dans la caserne militaire la plus proche.
En fait, ces mesures répondent aux inquiétudes ressenties par l’opinion publique face aux défis sécuritaires qui peuvent perturber le bon déroulement du scrutin. Cette même opinion publique et le corps électoral en général ont remarqué que les avis des responsables et des experts convergent au sujet des risques sécuritaires réels qui pèsent sur le processus électoral. Ils ont attiré l’attention à maintes reprises sur les plans fomentés par Ansar Chariaa et les Brigades Okba Ibn Nafii et même Daech pour perturber le scrutin. Des arrestations opérées par les unités sécuritaires, ces derniers jours, ont confirmé les craintes qui étaient à l’horizon depuis des mois et permis de dévoiler des plans déjà préparés dans ce cadre. Les interrogatoires de Alaeddine Tahri arrêté à Gabès, samedi 11 octobre 2014,et de Fatma Zouaghi, quelques jours après dans la capitale, ont mis en lumière des plans d’assassinat de personnalités politiques et d’un diplomate étranger dans le but de précipiter le payer dans le chaos et arrêter le processus électoral et la transition démocratique dans son ensemble.
Il faut rappeler que, depuis septembre2014, le Conseil supérieur de la sécurité relevant de la présidence de la République et la cellule de crise créée par la présidence du Gouvernement ont arrêté des dispositions pour faire face aux risques terroristes qui pèsent sur le processus électoral. Des données fiables ont été recueillies indiquant que les menaces terroristes qui prennent pour cible le processus électoral sont réelles.
La menace vient directement d’un certain nombre de combattants tunisiens de retour de Syrie où ils ont participé aux affrontements dans ce pays aux côtés du mouvement de Daech (Etat islamique), a indiqué Mehdi Jomâa dernièrement dans une interview, soutenant que ces éléments peuvent tenter de former un réseau de Daech en Tunisie et représenter une menace sérieuse pour le prochain scrutin. Pour sa part, Lotfi Ben Jeddou a relevé, en septembre dernier, que les plans terroristes pour perturber le scrutin visent principalement la bande frontalière limitrophe de l’Algérie (gouvernorats du Kef, Jendouba et Kasserine), et indiqué que toutes les dispositions sont prises pour déjouer ces plans.
Les coups portés ces dernières semaines aux groupes terroristes illustrent la vigilance des forces de sécurité et leur capacité de devancer les menées terroristes. Mais ces exploits ne cachent pas un fait fondamental indiquant que les djihadistes embusqués pour bloquer le processus démocratique sont toujours actifs et disposent de beaucoup de moyens matériels, militaires et humains, et que la conclusion tirée par les observateurs à la suite des affrontements qui ont opposé forces de sécurité et terroristes jusqu’à mai dernier faisant état du démantèlement des réseaux terroristes était un peu hâtive. Donc, et après l’émergence d’une nouvelle génération de terroristes en quelques mois, il faut faire preuve de détermination de persévérance et s’attendre à des réactions à chaque instant de la part de ces groupes sanguinaires.
