AccueilLa UNETunis : Des négociations salariales, entre «agitateur public» et «Dame de fer»

Tunis : Des négociations salariales, entre «agitateur public» et «Dame de fer»

Avis de nouvelle tempête donc, sur toute l’économie tunisienne. Dès jeudi prochain, 19 novembre, l’économie de toute la région de Sfax sera paralysée par la grève générale décidée par l’UGTT, pour «quelques dollars de plus». Une première grève qui devra par la suite s’étendre à  toutes les régions du pays, l’organisation syndicale ouvrière n’ayant pas encore réussi à obtenir  l’augmentation salariale qu’elle voulait pour les secteur privée.

Face à face, il y a Belgacem Ayari et Wided Bouchammaoui. Ayari est le SG adjoint d’une UGTT qui a préféré mettre Houcine Abassi sur le banc des remplaçants, dans ce match où le SG préfère jouer «la carotte» et laisser à Ayari le rôle du «bâton »,  et ce dernier n’y va pas de main morte, y excellant même. Depuis la fin des négociations avec le secteur public, Ayari est en effet sur tous les fronts, à haranguer les foules et à ameuter les  troupes contre le patronat. Il a été celui qui a annoncé la grève générale du secteur privé.  Il a été celui qui a parlé aux foules des travailleurs du privé, du  balcon de la centrale syndicale ouvrière, lors de la première manifestation de la campagne de pression faite aux patrons. Il a été aussi celui qui a parlé la semaine dernière devant les foules «UGTTistes» de Sfax, la région sur laquelle compte tout le syndicat pour faire réussir la grève générale et donner au patronat la mauvaise perspective de ce qui l’ attendrait s’il ne donnait pas aux ouvriers tout ce qu’ils demandent. Sans aucune arrière-pensée négative, on dira que Belgacem Ayari est désormais l’«agitateur public» de la scène syndicale pour mieux la mobiliser et la remonter contre un patronat, déjà traité de beaucoup de noms par son patron. Ayari est aussi ce qu’on pourrait appeler le porte-flingue des revendications salariales dans des négociations où le maître-mot n’est plus la négociation, mais le chantage à la grève.

En face, dans ce duel qui rappellerait le film de Sergio Leone «Pour quelques Dollars de plus», il y a Wided Bouchammaoui. Soutenue par un patronat et surtout une commission de négociation qui semble enfin se rebiffer, la patronne des patrons, tempère, temporise, plie comme un roseau sous les attaques des syndicalistes et négocie. Sans se décider, par ailleurs, comme l’a toujours été le patronat, à monter au créneau, à prendre lui-même le taureau par les cornes, elle répond calmement aux menaces de grèves et semble tenir le coup. Cette «Dame de Fer» a déjà résisté à l’appel du chef du gouvernement «à faire comme lui» et à donner à l’UGTT l’augmentation qu’elle demande. Elle vient, la fin de cette semaine, de le rencontrer de nouveau, en aparté sans le SG de l’UGTT, pour lui répéter ce qu’il savait déjà sur les capacités financières d’un patronat épuisé par les crises successives depuis 2011, amoindri par la baisse de la production et la chute vertigineuse de la productivité. Un patronat qui refuse de prendre les mêmes risques que le gouvernement, celui de mettre l’économie du pays à genoux, et de laisser à cette économie les ressorts de la résilience, dernier rempart contre la ruine économique. Tiendra-t-elle le coup ?

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