AccueilLa UNECrise du ciment : A qui jeter la pierre ?

Crise du ciment : A qui jeter la pierre ?

On ne déplore pas une pénurie de ciment. Cependant, on peut affirmer que les intervenants sur le marché ont conjugué pénurie et flambée des prix. C’est ce qu’a déclaré Taoufik Khardani, sous-directeur des industries des matériaux de construction, démentant ainsi les informations relayées sur plusieurs médias selon lesquelles, le pays souffre d’un manque de ciment gris.

Taoufik Khardani a fait savoir que la Tunisie accumule un surplus dans sa production de ciment par rapport aux besoins du marché local, c’est-à-dire que même les sit-in observés dans la cimenterie de Bizerte n’ont jamais créé de pénurie. « Actuellement, on produit 28 milles tonnes par jour contre 24.000, en 2012. Cette quantité va évoluer et on produira 30 milles tonnes par jour, et ce à partir de ce dimanche 5 mai, en raison de l’entrée de production de cimenterie d’Om kelil. Encore plus, ce secteur connaîtra aussi l’entrée en production prévue de Carthage Ciment », a-t-il assuré.

Dans une déclaration à Africanmanager, le responsable reste optimiste pour la période à venir malgré la forte demande qui coïncide avec cette période de pic allant du mois de mars jusqu’à fin juillet. En effet, la production pour l’année en cours est estimée à 8, 4 millions de tonnes, très au-delà des besoins actuels qui sont aux alentours 6,5 millions tonnes. Taoufik Khardani a précisé que les besoins annuels nationaux journaliers devraient atteindre pendant ladite période 24 mille tonnes par jour contre 20 mille tonnes par jour, durant le reste de l’année.

La vente des ciments en progression de 10% en avril

Actuellement, la quantité produite répondra aux besoins des citoyens. Il est important d’indiquer que la vente des ciments a affiché une légère croissance de l’ordre de 1% par rapport aux 4 mois de l’année écoulée. Jusqu’au fin avril, elle a atteint 1.7million de tonnes. Pour le mois d’avril, la vente des ciments a progressé de 10% par rapport au mois de mars dernier, soit 670 mille tonnes.

Evoquant la pénurie des ciments, qui a suscité une grande polémique, Taoufik Khardani en a imputé la responsabilité aux spéculateurs, qui profitent de cette période de pic pour déséquilibrer l’offre et la demande et provoquer une flambée des prix sans précédent.

D’après lui, un grand nombre des citoyens ont beaucoup souffert de la hausse des prix des ciments, bien que les prix de vente soient gelés par les autorités depuis juin 2011. Ces prix sont de 6,500 dinars pour le sac de ciment (50kg) de premier choix, et de 5,880 dinars pour le sac de ciment (50 kg) de deuxième choix.

Les raisons sont multiples. Selon Taoufik Khardani, le nombre croissant des vendeurs joue un rôle considérable dans ce processus. En effet, plus de 10 mille vendeurs exercent le métier de marchands de ciment en Tunisie alors que mille seulement sont agréés et écoulent légalement le produit auprès des demandeurs. « Ce grand nombre des vendeurs, en voulant réaliser des bénéfices, a engendré ce déséquilibre », a remarqué Khardani avant d’ajouter que « le stock d’une grande quantité de ciment est une cause majeure puisque les vendeurs veulent revendre cette quantité stockée au marché noir, à des prix élevés ».

Afin de mettre fin à la spéculation, Taoufik Khardani a noté que les opérations de surveillance des marchés ont démarré depuis quelques jours. A cela s’ajoute, l’intensification du contrôle des différents circuits de distribution, partant des usines de production jusqu’aux points de vente en gros et en détail, effectué par des brigades mixtes mises en place par les ministères de l’Intérieur et du Commerce et de l’Artisanat.

Des revendeurs qui souffrent encore

Sur terrain, le constat n’est pas le même particulièrement chez les revendeurs qui souffrent encore d’une pénurie de ciment. Une pénurie risque de menacer leur métier et a un coût élevé. Dans ce contexte, Ahmed Kourou, revendeur agréé, depuis 1977, a tiré la sonnette d’alarme, affirmant que la crise ne date pas d’aujourd’hui. Le manque en matière des ciments, parfois pour des longues périodes nous oblige à acheter le produit à des prix exorbitants.

Ahmed Kourou en impute la responsabilité aux grossistes dont le nombre des intrus ne cesse d’évoluer. De même, le rôle du ministère du Commerce reste insuffisant au niveau des opérations de contrôle. « Depuis la révolution, on souffre de la présence des spéculateurs qui en profitent pour créer des situations artificielles en stockant du ciment pour le vendre à des prix excessifs », martèle-t-il.

Un avis partagé avec un autre revendeur qui a préféré garder l’anonymat. Ce dernier préconise le renforcement des opérations de contrôle pour mettre fin à ces mauvaises pratiques.

Le cas Salim Bouhil, revendeur, est différent. Bouhil nie toute forme de crise précisant que le produit existe en grandes quantités mais le pays connaît une forte demande surtout dans cette période de pic.

Wiem Thebti

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