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Tunis: La moyenne de croissance ne dépassera pas les 3,1% jusqu’à 2020, selon le FMI

Le Fonds monétaire international (FMI) vient de livrer une nouvelle note préparée par 4 analystes de son département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, où sont analysés les obstacles et les freins à la croissance de l’économie tunisienne. Il en arrive à la conclusion que la moyenne du taux de croissance  ne dépassera pas le 3.1% durant la période 2015-2020, soit en deçà de son potentiel et en dessous de son niveau d’avant la Révolution.

La note  pointe, d’abord, les  «écarts de productivité» qui se déclinent dans  des niveaux de vie plus faibles. Dans tous les secteurs,  plus particulièrement dans les services, les écarts de productivité se sont creusés par rapport aux  principaux marchés d’exportation de la Tunisie en Europe, à ses principaux concurrents sur ces marchés et à d’autres économies de la région MENA. L’anémique croissance de la productivité se reflète dans des écarts persistants et croissants du PIB. En effet, après une phase de rattrapage qui s’est terminée au milieu des années 1990, la parité réelle entre le pouvoir d’achat et le PIB par habitant est en baisse comparée à la zone euro et à d’autres pays pairs.

Les analystes du FMI constatent  que les contraintes et les obstacles à la croissance sont dus  au manque d’accès au financement, à l’inefficience des institutions publiques, et à la réglementation rigide du travail. Les risques macroéconomiques peuvent aussi nuire à la croissance, alors que les défaillances du marché conduisent à un manque de concurrence et une  mauvaise allocation des ressources. Bien que ces contraintes soient l’héritage de décennies des politiques économiques menées sous l’ancien régime, la transition politique a mis en évidence le besoin urgent d’y remédier.

Accès limité au financement

L’accès des entreprises nationales au financement est limité par le rationnement du crédit par les banques domestiques. Les investisseurs citent constamment l’accès limité au financement comme la contrainte majeure pour les entreprises au cours de la dernière décennie.

Pourtant, note le FMI, les taux d’intérêt n’étaient pas aussi élevés que ceux pratiqués dans pays de la région MENA. L’écart persistant entre les taux d’intérêts  réels et les plafonds qui leur sont fixés, ainsi que la corrélation positive entre les investissements privés et les taux d’intérêt, indiquent un certain rationnement du crédit par les banques, de sorte que les banques limitent volontairement l’offre de crédit à un nombre limité de clients sélectionnés. Une autre hypothèse moins probable tiendrait aux  faibles rendements des investissements privés.

Le FMI pointe aussi le manque d’institutions efficaces  pour garantir la transparence et la reddition des comptes, constatant que la Tunisie fait beaucoup moins bien que les pays pairs en matière de  corruption, de protection de la propriété, et d’indépendance de la magistrature. Les obstacles réglementaires et les pratiques anti-concurrence limitent la croissance à travers les exigences anticoncurrentielles excessives édictées pour les  approbations, l’interdiction de l’investissement dans certains secteurs, et la tolérance envers les abus de position dominante sur le  marché. Le Fonds estime que les corrélations inconditionnelles entre la formation de capital et la faible performance de la Tunisie en matière d’indépendance de la justice et de  corruption sont élevées et négatives.

Une législation du travail rigide

 La législation régissant le marché du travail en Tunisie est parmi les plus rigides dans la région MENA. La Tunisie est mal classée dans l’indice de compétitivité globale  2014-15 où elle figure à la 129ème place  sur 144 pays, le tout dû à  une faible participation des femmes (134e), à la fixation rigide des salaires  (119e), au manque de coopération entre travailleurs et employeurs (118e), et aux rigides pratiques de recrutement et de licenciement (97e).

La rigoureuse législation sur le travail favorise le travail informel et  les emplois  peu qualifiés. Par exemple, la résiliation des contrats à durée indéterminée nécessite l’approbation des autorités. En outre, les salaires sont fixés périodiquement dans le cadre  de négociations salariales, ne se différenciant ni par  la taille, ni par les régions, ni par la productivité. Par conséquent, les entreprises qui ne peuvent pas répondre à ces règlements se précipitent sur l’informel  ou maintiennent  la taille de la main-d’œuvre dans certaines limites, au point que la Tunisie a le plus petit nombre de grandes entreprises par rapport à la plupart de ses pairs en Afrique du Nord, à savoir le Maroc et l’Egypte.

Les risques macroéconomiques ont augmenté après la révolution. La croissance économique est restée positive, mais a ralenti au taux de 2%, pas assez élevé pour réduire le chômage. Les déséquilibres extérieurs et budgétaires sont élevés, avec des déficits et une dette en  hausse depuis 2010. Les problèmes de sécurité et les tensions sociales assombrissent les perspectives à court terme. En conséquence, et malgré l’impact positif de la transition politique réussie, la confiance des investisseurs a été ébréchée et les acteurs  économiques semblent beaucoup plus prudents que par le passé dans leurs décisions d’investissement et de consommation.

Le potentiel de croissance en l’absence de réformes demeurerait  inférieur au niveau d’avant la révolution. Un scénario de zéro réforme (comme c’est le cas des  politiques actuelles) ne conduirait qu’à une reprise progressive de la croissance, une  moyenne de 3,1 pour cent au cours de la période 2015-20, bien en deçà de son potentiel. Ce résultat a été obtenu sous l’hypothèse que la contribution des facteurs de production (capital, travail) et de la productivité totale des facteurs renoueraient avec  leurs tendances d’avant la révolution. Malgré la lenteur de la transition économique qui ne suit pas le rythme de la transition politique réussie, l’évolution de l’écart de production ne signifie pas que l’effondrement de la croissance de l’année 2011 ait  marqué un changement dans la tendance de croissance à long terme.

Il ressort des conclusions du diagnostic de croissance que, pour  combler le fossé  existant au niveau des  facteurs de production, il faudra: (i) des politiques financières et bancaires appropriées pour améliorer l’accès au financement et stimuler l’accumulation du capital physique; (Ii) un environnement d’affaires solide pour attirer les investisseurs et  stimuler la productivité à long terme; et (iii) une réduction des risques macroéconomiques, recommande le FMI.

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