Près de 20 jours sont déjà passés depuis que l’affaire des disparus de Remada a éclaté et aucune information officielle sur le lieu où ils se trouvent n’a été communiquée à ce jour par les autorités tunisiennes. Le doute plane encore sur leur sort. Les familles des disparus redoutent que ces derniers se soient rendus en Libye alors que d’autres n’excluent pas que ces derniers aient franchi illicitement les frontières pour rejoindre les combattants de l’Etat Islamique qui y a pris ses quartiers .
Africanmanager a essayé d’en savoir davantage en prenant contact avec le militant de droits de l’homme et spécialiste dans les affaires libyennes, Mustapha Kébir, lequel nous a révélé quelques détails sur l’affaire. Interrogé ce lundi 27 juillet 2015, il nous a déclaré que tous les disparus se sont rendus en Libye et que 10 parmi les 33 disparus se trouvent actuellement dans la ville de Syrte (Libye) alors que la région où se trouvent les autres n’est pas encore localisée.
Il a toutefois indiqué qu’il est fort probable que les disparus aient franchi illicitement les frontières avec la Libye pour rejoindre les combattants de l’Etat Islamique en Libye.
L’existence de 10 parmi les disparus de Remada en Libye prend en effet le contrepied du scénario évoqué par plusieurs experts sécuritaires et selon lequel les 33 jeunes disparus de la localité de Remada à Tataouine pourraient avoir rejoint des camps d’entraînement de djihadistes dans le sud de la Tunisie.
Mustapha Kébir avait dans une déclaration récente à Africanmanager indiqué que « s’il s’avère que les disparus de Remada n’ont pas rejoint la Libye, c’est la preuve qu’il existe des camps d’entraînement de djihadistes dans le sud tunisien », a-t-il dit. Une prédisposition qui devient aujourd’hui impossible avec l’existence de 10 disparus en Libye.
Quant à lui, le porte-parole du ministère de la Défense Nationale, Belhassen Oueslati n’a pas écarté le scénario selon lequel ces personnes auraient franchi illicitement les frontières pour rejoindre les combattants de l’Etat Islamique en Libye, signalant toutefois l’absence de preuves établissant qu’ils s’y sont vraiment rendus.
Dans une déclaration récente à Africanmanager, Belhassen Oueslati a indiqué que les opérations de recherches et d’investigations se poursuivent pour connaître toute la vérité sur la disparition des 30 jeunes de Remada dont trois sécuritaires, mais en vain. Aucune information n’est encore communiquée par les autorités de tutelle.
Dans une déclaration récente à la presse, Kamel Jnedoubi, ministre chargé des instances constitutionnelles et de la société civile a fait savoir au sujet de cette affaire que la pression exercée par les services de renseignements, les unités sécuritaires et l’armée ainsi que les dispositions pour prévenir les actes terroristes ont poussé le groupe, composé de 33 terroristes originaires de la région de Remada, à quitter le territoire Tunisien en cachette pour éviter leur arrestation.
Parmi le groupe on compte un dangereux criminel et deux militaires dont un aviateur et deux soldats, est-il précisé.
L’aviateur est considéré comme déserteur puisqu’il avait quitté son lieu de travail sans motif légal. Un mandat d’amener a été émis à son encontre par le tribunal militaire de Sfax depuis mai dernier.
Pour ce qui est des deux sécuritaires, le ministre a précisé qu’ils avaient bénéficié d’une permission régulière.
Rappelons que 33 jeunes dont une femme et trois sécuritaires de la localité de Remada du gouvernorat de Tataouine ont mystérieusement disparu dans la soirée du mardi 7 juillet 2015, après la prière du Trawih. Ces derniers sont connus par leur appartenance au courant extrémiste religieux.
