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Tunisie : L’attaque de l’ambassade américaine et les notations des agences étrangères derrière la baisse du Tunidex de la bourse, selon Raouf Boudabous

La Bourse de Tunis, les défis auxquels elle fait face, et ses perspectives sont les grands thèmes d’une Interview accordée à Africanmanager par Raouf Boudabous, directeur du département de la Promotion et de la Communication à la BVMT. Interview :

Comment se présente l’état actuel de la Bourse de Tunis ?

Depuis le début de l’année à ce jour, la bourse de Tunis, au niveau de la performance de son Tunindex, a enregistré une hausse de 4% alors qu’elle a été à 10% de hausse à la fin du mois d’août 2012. Aux mois de septembre et octobre, on a perdu pratiquement 6% de hausse à cause des événements durant ces deux mois tels que l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis et l’effet des dénotations successives du secteur bancaire qui n’ont pas favorisé la Tunisie. Bien encore, en dépit des indicateurs du 3ème trimestre qui sont globalement positifs pour les sociétés cotées, le marché financier a mal réagi par rapport aux événements qui ont secoué le pays, durant les deux derniers mois.

Cette baisse a-t-elle aussi touché les introductions en bourse ?

Sur ce plan, lors du dernier conseil d’administration qui s’et réuni durant le mois de septembre, l’accord a été donné pour l’admission de la 3ème entreprise, au cours de cette année. Il s’agit de la société « Land’Or » qui procédera prochainement à une augmentation de capital. Il y aura aussi d’autres dossiers qui sont parvenus à la Bourse et qui devraient être étudiés avant la fin de l’année 2012. Il y aura aussi l’introduction de Kia dont une partie sera cédée au public à travers un appel d’offres. D’une manière générale, les choses sont bien et toutes les opérations qui ont eu lieu, durant cette année, ont réussi avec des taux de réponse très élevé, ce qui dénote encore une confiance dans le marché financier notamment pour le financement des besoins des entreprises, d’où un avenir prometteur pour le marché financier tunisien.

On en est à quelle étape de la cession des parts de l’Etat dans les entreprises confisquées ?

Pour les sociétés confisquées, on a entamé déjà la cession de certaines participations et de blocs de contrôle comme la société Ennakl, la Banque de Tunisie dont les appels d’offres ont été déjà lancés. Pour la société Ennakl, trois investisseurs ont manifesté leur intérêt pour acheter la part de l’Etat dans cette société. Il s’agit en effet des consortiums tels que Poulina avec Amen Bank, le groupe Bouchamaoui avec un investisseur étranger. Ce sont des candidats potentiels. L’offre technique a été approuvée. On est dans l’étape de l’offre financière. L’appel d’offres de la BT a été aussi lancé pour la cession de 13% de son capital.

En ce qui concerne la société Kia, on est dans l’attente de la partie qui va être cédée par la bourse. Il y aura également, dans les prochains mois, d’autres introductions en bourse des sociétés confisquées.

Ces sociétés vont permettre d’ouvrir leur capital à travers la bourse. On va assurer leur pérennité. A travers la bourse, elles vont pouvoir continuer à se développer et mobiliser des capitaux auprès du public. Cela va permettre aussi aux Tunisiens de participer à des entreprises qui sont très performantes, diversifier leurs portefeuilles auprès des entreprises rentables et améliorer leur rendement.

Les principaux défis auxquels la Bourse de Tunis devrait faire face ?

Le principal défi est le renforcement de la culture boursière des Tunisiens. C’est un élément essentiel dans le développement du marché financier. Sans culture boursière, on ne peut pas avancer et attirer des agents économiques pour profiter de la Bourse. La culture boursière est un axe stratégique du développement de la bourse ; d’où l’organisation du Salon « Investia 2012 » dont l’objectif est de renforcer l’éducation boursière et montrer aux gens que la bourse n’est pas un mystère mais plutôt une interface accessible à tout le monde.

Une convention pour l’amélioration de la culture boursière des Tunisiens a été signée récemment avec l’ICF, on est en quelle étape ?

Nous sommes dans les premières phases. L’organisation du salon de la bourse, et la préparation des supports pédagogiques en est la première phase. Il reste les jeux éducatifs qui ciblent les jeunes.

A quoi est dû ce manque au niveau de la culture boursière ?

Il y avait des traditions de placement en Tunisie. En effet, les Tunisiens connaissent mieux les banques et la Poste. Ils préfèrent aller vers ces types d’épargne. Bien que le placement en bourse bénéficie d’incitations fiscales très importantes, les gens connaissent mieux les produits d’épargne des banques et de la Poste. La bourse, pour eux, reste toujours un mystère et un domaine pour les initiés. Il y a une méconnaissance des produits boursiers. On a découvert, à travers une enquête qu’on a réalisée, que les gens ne connaissent pas la Bourse et ils ont une idée défavorable sur la bourse alors que plusieurs personnes ont réalisé énormément de gains à travers cet endroit.

Les derniers événements qu’a connus la Tunisie récemment tels que l’attaque de l’ambassade américaine ont- ils vraiment affecté la bourse ?

Bien sûr, ces événements ont indirectement impacté la bourse. En effet, le volume des interventions des étrangers dans le volume des échanges a baissé de 7% alors qu’il été à 11 ou 14% annuellement. Cette baisse est due à l’ébranlement de la confiance aussi bien au niveau de la bourse qu’à celui de l’économie nationale. D’ailleurs, plusieurs investisseurs attendent encore que l’environnement des affaires s’améliore et s’éclaircisse et que le climat social se développe et que l’économie tunisienne reprenne.

Je crois que l’investissement en général est en train de ralentir à cause de cette instabilité, défavorable aux affaires. Il faut que les choses et les visions politiques soient plus claires, et ce afin qu’on puisse redémarrer la machine économique et l’investissement.

Quel effet de la dégradation des notes des banques tunisiennes par les agences de notations ?

Heureusement que la banque centrale a pris les choses aux sérieux et a décidé de restructurer le système bancaire et de le suivre à travers la mise en place de plusieurs mesures (bonne gouvernance, la rationalisation des crédits). Sans un système bancaire solide, le marché financier ne peut pas fonctionner convenablement. Il y a une complémentarité entre les secteurs qui contribuent au financement de l’économie (Bourse, banque, marché financier).

Il faut que le système bancaire se redresse et soit solide pour que le marché financier bénéficie de l’infrastructure dont disposent les banques qui ont une grande clientèle. Les épargnants ont aussi beaucoup de succursales dans le pays.

Qu’est ce que vous pensez concernant la dernière circulaire de la Banque Centrale sur la rationalisation des crédits à la consommation ?

La circulaire de la BCT concernant la rationalisation des crédits à la consommation n’est pas très importante pour le PNB de la banque. Cela ne va pas affecter la situation des banques, mais c’est un créneau à rationnaliser parce qu’il y a de l’inflation qui est devenue de plus en plus galopante aujourd’hui. Donc, les banques ne doivent pas participer à cette inflation. Toutefois, la mesure de la rationalisation dans le cadre de la maîtrise de l’inflation est une bonne chose, car si l’inflation reste galopante, la BCT va être obligée d’élever encore le taux du marché monétaire, ce qui va alourdir les charges financières des entreprises.

Comment la bourse pourra-t-elle contribuer à la croissance de l’économie nationale ?

La Bourse de Tunis, à travers les fonctions qu’elle est chargée d’y accomplir, s’occupe d’attirer les épargnants vers le marché financier et orienter les ressources financières vers le financement de l’économie, et c’est ainsi que la bourse pourra contribuer à la croissance de l’économie du pays en permettant aux entreprises de trouver les capitaux nécessaires avec le meilleur coût, et ce afin de financer leurs investissements, créer de la richesse et de l’emploi. En développant la bourse, les investissements suivent le mouvement. Si la bourse se tient bien, les investissements reprennent. C’est dans ce cadre que la bourse peut jouer un rôle très important. Les banques aujourd’hui ne peuvent pas accorder des crédits comme avant. Donc, il ya un resserrement et un contrôle plus rigoureux. Et là, la bourse peut se reconstituer comme une source de financement très importante en permettant aux entreprises de diversifier leurs sources de financement et de réaliser leur croissance d’une manière plus saine.

Quelles perspectives pour la Bourse de Tunis ?

Les perspectives seront bonnes pour les prochaines années. Tout indique que la bourse aura un bon avenir dans les années prochaines vu qu’on est aujourd’hui conscient que les banques seules ne peuvent pas financer l’économie. De même, les entreprises tunisiennes n’ont pas de choix. Si elles veulent se développer d’une manière saine, elles doivent diversifier leurs sources de financement et trouver un financement adapté à leur besoins. Il ne faut pas se contenter d’une seule source de financement pour ne pas risquer de ne pas continuer de se développer.

Khadija Taboubi

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