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Tunisie : Le couple Jbali-Ayari voudrait-il enterrer les chances d’une relance économique ?

Il y a quelques jours, le Gouverneur de la BCT (Banque Centrale de Tunisie) nommé par le Gouvernement Jbali mettait en place une série de mesures dans l’objectif de réduire la consommation. Réduction de l’importation de certains biens de consommation comme les voitures, restriction des crédits de consommation et autres taxes sur la consommation dans le projet de loi de Finances 2013, sont autant d’obstacles mis en herse devant toute possible expansion de la consommation du Tunisien.

Depuis de longues années, le schéma de développement en Tunisie était basé sur l’exportation des biens et services (dont le tourisme). Des industries diverses, locales et étrangères s’étant implantées en Tunisie à la faveur de divers encouragements et les salaires enregistrant chaque année une nouvelle augmentation, c’est aussi le marché intérieur qui devient un important support pour un schéma de développement qui commençait déjà à montrer ses limites en matière de création d’emplois.

Avec la Révolution, des voix s’élèvent demandant la refonte du schéma de développement, sans pour autant suggérer une relève viable. Avec l’avènement du Gouvernement Jbali, l’impression est que la Tunisie de l’après Ben Ali continue à pratiquer le même schéma. IDE, exportation et tourisme, restent toujours les secteurs moteurs de l’économie tunisienne. La Révolution a cependant aussi fait exploser le déficit commercial et le Gouvernement Jbali s’en inquiète. A son tour, la BCT finit par tirer la sonnette d’alarme sur la situation des réserves en devises, mesurée généralement en jours d’importation. L’inquiétude va jusqu’à prévoir un crédit japonais de 900 MDT, comme l’a annoncé Chedli Ayari, pour regonfler ces réserves et préserver donc la capacité d’importation d’une économie où l’industrie, locale ou étrangères, est restée un secteur de transformation.

« On sait aussi que la Tunisie doit renouer avec une croissance régulière d’au moins 6% pour que le chômage se stabilise. Or, les prévissions officielles font état d’une progression de 3,5 % de l’économie cette année et de 4,3% l’an prochain. Le scénario pour 2012 semble hypothéqué, ce qui ne manquera pas d’affecter les grands équilibres macroéconomiques, en particulier ceux des finances publiques. Aujourd’hui, les relais de croissance sont absents, voire restent encore à imaginer et le redémarrage de l’investissement tarde à se concrétiser, plombé par l’attentisme des opérateurs économiques », disait l’INS dans son document «repère économique septembre 2012 ».

Et face aux déclarations triomphalistes du ministre des Finances par intérim, Slim Besbes, l’INS

 

Figure 2Source: INS. sept. 2012

Précisait, dans le même document que «la croissance à 3.3%, au cours de la première moitié de l’année, est à nuancer et masque en réalité une conjoncture encore fragile dans son ensemble, et différenciée, selon les secteurs d’activité. Indiscutablement, l’affaiblissement continu des exportations de biens est concomitant avec une récession dans les industries manufacturières».

Force est de remarquer que tout cela est le résultat d’une politique, encore indécise, entre libéralisme et dirigisme, entre économie de marché et économie sociale, car l’actuel gouvernement a besoin de faire du social pour cacher ses limites, sinon son échec, sur le plan de la création de richesse et d’emplois. L’attentisme dont parlait l’INS, est aussi le fait du Gouvernement qui n’arrive toujours pas depuis bientôt 10 mois, sur la politique économique à suivre. Le Gouvernement Jbali accumule, en effet, les crédits et essaie de mobiliser les ressources à bout de bras, sans pourtant arriver à dépenser complètement le budget de développement 2012.

Est-il possible de diminuer les crédits, sans toucher à la consommation et à la croissance ?

Fort d’une comparaison entre une décision prise, fin septembre 2012, et des chiffres de la centrale des risques de la BCT en date du 1er semestre 2012, le Gouverneur Chedli Ayari dresse un bilan positif de sa décision de comprimer les crédits de consommation. Plus de 11,386 MDT ont, en effet, été donnés par les banques tunisiennes, sous forme de crédits pour les logements et plus de 2,14 MDT pour les crédits de consommation, au cours des 6 premiers mois de l’année en cours. C’est ce qui fait encore tourner des secteurs comme le bâtiment et celui de la promotion immobilière. C’est ce qui fait encore travailler le commerce des voitures et des produits électroménagers. Réduire ces crédits, ce serait aussi réduire les ventes de tous ces secteurs et donc leur capacité de production et partant l’emploi.

 

Figure 1Source: INS 2012

Selon les propres chiffres de l’INS, ou une partie de cette institution productrice officielle de chiffres, la courbe de croissance des crédits à la consommation était déjà en baisse en 2012, par rapport à 2011 et surtout aux années fastes, économiquement s’entend, de 2008 à 2010. Cela explique aussi, même en partie, la baisse de la croissance.

Et bien qu’il y ait peu de chance que les décisions de la BCT soient appliquées à la lettre par des banques dont le métier est de vendre de l’argent, de telles mesures risquent fort de handicaper ce qui reste de chances à l’économie de la Révolution tunisienne de terminer l’exercice 2012 avec une croissance au-delà de ce qui a été réalisé, au cours des six premiers mois de l’année en cours.

L’investissement ou projet d’investissement, se fait pour produire et vendre. Avoir moins de moyens pour consommer, c’est consommer moins et donc vendre moins. C’est aussi cela l’économie. Dans les moments les plus forts de leurs crises, des pays comme les USA ou la France, n’ont jamais osé rendre la consommation plus difficile. Le Gouvernement de la révolution du jasmin l’a fait. Mais qu’importe. Eux, ils ont leurs salaires et autres privilèges de ministres, ils habitent les palais de la République, mangent dans les restaurants de la République ou à ses frais et roulent dans les voitures de la République. Ils n’ont pas besoin d’acheter !

Khaled Boumiza.

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