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Tunisie-Ouverture des frontières aux Maghrébins : Une décision hâtive et une arme à double tranchant, selon les experts

Quelles retombées de la décision récemment prise par le Gouvernement provisoire de Jebali d’ouvrir les frontières tunisiennes aux ressortissants du Maghreb ?
Rappelons, dès l’abord, que  cette décision a été annoncée par Abdallah Triki, secrétaire d’Etat auprès du ministère des Affaires africaines et arabes, décrétant  la libre circulation, de résidence, de travail, d’investissement aux voisins maghrébins, sans visa ni passeport.
Pour les experts économiques tunisiens, cette décision  pourra constituer une pression supplémentaire sur l’économie tunisienne.
 Mohssen Hassen, expert en économie, a affirmé que l’Union de Maghreb  Arabe  représente une réelle opportunité pour la Tunisie. En effet, le coût du non-Maghreb est estimé à 2 points de croissance, ce qui équivaut  à la création de 20 mille emplois au moins par an. Les expériences d’intégration économique à l’échelle internationale confirment cet objectif qui doit suivre un certains nombre d’étapes : l’unification et l’harmonisation du cadre législatif et réglementaire surtout au niveau des procédures et réglementations douanières ainsi que la liberté d’investissement entre les pays maghrébins.
Deuxième étape : la libéralisation du capital entre ces pays (l’investissement). A cela s’ajoute l’intégration monétaire et financière, alors que la dernière étape concerne l’autorisation des ressortissants du Maghreb à travailler, à vivre et à investir en Tunisie.
L’expert a affirmé  qu’il s’agit d’une arme à double tranchante. En effet,  la décision d’ouvrir les frontières aux Maghrébins pourrait avoir des effets néfastes sur l’emploi, particulièrement l’emploi des non qualifiés. « Il est unanimement reconnu que, dans certains types d’emplois, le coût de la main d’œuvre reste déséquilibré entre les pays du Maghreb ».
D’après lui, cette décision pourrait engendrer une croissance du taux de chômage. Aussi, l’entrée massive des employés maghrébins non qualifiés engendrerait  des problèmes sécuritaires et sociaux également.
Toutefois,  si la Tunisie procède à une réelle reconstruction économique touchant également l’environnement des affaires dans ses volets fiscal, administratif et bancaire, l’ouverture du territoire contribuerait à l’entrée des investissements maghrébins.
Grosso modo, Mohsen Hassen, estime que la Tunisie de l’après 14 janvier n’est pas  encore prête pour cette décision  qu’il a qualifiée de précipitée. « On est encore très loin d’une liberté de circulation, de travail des Maghrébins en Tunisie », a t-il précisé.
Partageant les mêmes propos, Abdellatif Ben Mahmoud, économiste, a ajouté qu’il s’agit d’une décision hâtive et qui manque d’intérêt. « A mon avis, c’est une décision qui n’a pas été bien étudiée puisqu’elle n’a  pas été discutée au niveau des  pouvoirs publics ».
Selon lui, ce genre de décision nécessite un débat national englobant toutes les composantes de la société civile, vu qu’elle a des répercussions  sur la Tunisie.
Abedellatif Ben Mahmoud a remarqué qu’elle pourrait provoquer des changements d’équilibres en créant des conditions économiques nouvelles que la Tunisie n’est pas capable d’assumer actuellement.
« Aucun intérêt »
 « Aucun intérêt », a-t-il affirmé signalant qu’en phase de transition, la Tunisie nouvelle devrait  se contenter de gérer les questions beaucoup plus urgentes que  celles d’ouvrir les frontières aux Maghrébins.
De son côté, Abderrahman Fendri, a noté que cette mesure, à condition que la réciprocité soit assurée par les autres pays du Maghreb, « peut constituer, pour nos opérateurs économiques, une opportunité intéressante puisqu’elle élargira le marché à un ensemble de taille plus importante, et par là même, offrirait  davantage de chances pour améliorer la compétitivité de nos économies ».
A ce propos, il a suggéré d’en étudier les préalables et les conditions et d’en définir les attributs sur les plans législatif, réglementaire et de  faisabilité. « Il faudrait, de mon point de vue, analyser de manière approfondie les conséquences de chaque mesure sur chacun des pays signataires. Je prends, par exemple, le cas de l’immobilier, je ne suis pas contre l’octroi  aux Maghrébins de  la liberté d’accéder, sans restrictions, à la propriété en Tunisie. Seulement, le pouvoir d’achat dans les 4 pays n’étant pas le même, les ressortissants de pays à pouvoir d’achat élevé pourraient être tentés d’investir de manière intensive dans les pays à faible pouvoir d’achat, ce qui ne manquera pas de déséquilibrer le marché et d’accroître les prix dans ces derniers pays », a t-il avancé.
Wiem Thebti

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