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La Tunisie ne mâche pas ses mots avec les Américains et l’OTAN sur la Libye

La Tunisie se ressent encore et toujours des effets de l’intervention militaire qui a évincé Mouammar Kadhafi en 2011, que le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a qualifiée de «  campagne irresponsable menée par l’OTAN ».

Il s’en est épanché dans une interview accordée à l’influent magazine américain « Foreign Policy », lors de sa récente visite à Washington, affirmant, en outre que « la sécurité de la Tunisie dépend de la stabilité en Libye », pour asséner ensuite que « les puissances étrangères utilisent désormais Tripoli pour mener leur propre guerre par procuration ». « Ce qui s’est passé en 2011 était une politique qui a tout ou presque d’un délit de fuite », a-t-il dit de l’intervention des forces américaines, britanniques et autres dans la guerre civile en Libye à la suite des manifestations du printemps arabe.

« Il n’y avait pas de stratégie de sortie; ils ont renversé le régime, mais ils n’ont rien fait pour créer les conditions à la faveur desquelles les libyens pouvaient à élire ou à choisir un autre gouvernement « , a-t-il déclaré. « Maintenant, la Libye se trouve dans le pétrin … essentiellement à cause de ce qui s’est passé en 2011 ».

La Tunisie est largement considérée comme la seule réussite du mouvement du printemps arabe qui a balayé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2011. Mais elle peine toujours à consolider sa démocratie et à relancer son économie. Les années de violence à travers sa frontière orientale n’ont pas aidé.

La Libye a ce qu’il faut pour prospérer et se stabiliser

Jhinaoui s’est rendu à Washington en juillet pour tenter de renforcer la coopération économique et sécuritaire avec les États-Unis et faire pression en faveur d’une solution politique en Libye, qui est effectivement devenue un État défaillant. « Il est primordial pour nous de voir la Libye se stabiliser parce que notre sécurité est liée à celle de la Libye », a-t-il rappelé à Foreign Policy, indiquant que la Libye possède certains des ingrédients nécessaires à la stabilité et à la prospérité, notamment les richesses en ressources naturelles et une société relativement homogène.

« Ce qui complique la situation, c’est l’ingérence étrangère en Libye », s’est lamenté le ministre tunisien des AE tout en se gardant de citer les pays concernés, mais en précisant que la dynamique des acteurs européens et du Moyen-Orient en quête de pouvoir et d’influence dans ce pays riche en pétrole est bien définie.

Le Qatar et la Turquie soutiennent le gouvernement d’entente nationale internationalement reconnu, dirigé par le Premier ministre Fayez al-Serraj à Tripoli, où un cartel de milices loyales gouverne théoriquement la capitale. Les Emirats Arabes Unis et l’Egypte ont pesé de tout leur poids pour soutenir la Chambre des Représentants basée à Tobrouk et à son Armée Nationale Libyenne dirigée par le fluctuant maréchal Khalifa Haftar, souligne FP. Les États-Unis, quant à eux, ont lancé une campagne antiterroriste en Libye, avec des frappes aériennes visant Al-Qaïda et des combattants de Daech.

La Tunisie ne sera pas une plateforme de migration

La Libye est également un point de départ de la crise migratoire en Europe. L’Organisation internationale pour les migrations a estimé en juillet qu’il y avait 662 000 migrants dans le pays. Les migrants sont en proie à la violence de groupes de trafiquants et de gangs alors qu’ils cherchent à traverser la mer Méditerranée pour se rendre en Europe. Selon l’OIM, le bilan des morts de migrants passant par la Libye, dépasse les1 100 cette année.

La Tunisie et le gouvernement en place à Tripoli ont tous deux pris des mesures pour limiter la circulation des personnes de l’autre côté de la frontière, mais cela n’a pas empêché la Tunisie d’être prise dans la spirale de la crise migratoire. Un groupe de 40 migrants s’est retrouvé amarré au large de la côte tunisienne le mois dernier après que l’Italie, Malte et l’Espagne ont refusé de les accueillir. La Tunisie leur avait interdit d’entrer dans le pays, mais à la fin du mois de juillet, après deux semaines d’incertitude, le navire avait accosté dans le port de Zarzis. Kemaies Jhinaoui a déclaré que le gouvernement tunisien avait fourni aux migrants de la nourriture, une assistance humanitaire et une aide médicale. Toutefois, les autorités tunisiennes insistent toutefois sur le fait que cette action ne doit pas être interprétée comme un feu vert pour ouvrir des centres de dépistage des migrants en Tunisie, une initiative soutenue par l’Union européenne.

Le ministre tunisien des Affaires étrangères Jhinaoui avait une autre mission à Washington: présenter la Tunisie comme une opportunité économique pour les entreprises américaines, ce qu’il a fait lors de réunions avec des membres du Congrès. Il a également déclaré que la Tunisie intensifiait sa formation de ses forces militaires et de sécurité pour faire face aux menaces émanant de son voisin oriental, avec l’aide des Etats-Unis et de ses alliés européens. De 2012 à 2015, la Tunisie a connu une série d’attaques meurtrières avant d’investir massivement dans la professionnalisation de ses forces de sécurité.

« La plupart des auteurs des attentats terroristes de 2015 ont séjourné en Libye où ils ont reçu des armes et un entraînement », a déclaré Sarah Feuer, spécialiste de l’Afrique du Nord à l’Institut de la politique du Proche-Orient à Washington.

La menace a diminué, mais n’a pas pris fin. « Nos forces sont mieux entraînées maintenant, mieux équipées et elles font avorter les attaques terroristes au lieu d’y réagir », a déclaré Jhinaoui.

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