L’imam controversé Béchir Ben Hassen qui est interdit de prêche en Tunisie n’est pas le bienvenu à l’Université Laval à Québec, et celle-ci vient de le confirmer mercredi.
Mais le prédicateur donnera la semaine prochaine une conférence lors d’une table ronde sur la prévention de la radicalisation parrainée par des groupes musulmans et tunisiens ainsi que par le gouvernement des États-Unis, affirment les organisateurs, cités par la Gazette de Montréal.
« Il est vrai qu’il est un imam conservateur», a déclaré Souheil Hassine, le président de l’Union des Tunisiens du Québec qui organise trois tables rondes avec Béchir Ben Hassen à Montréal, Québec et Ottawa. « Mais c’est ce qu’il faut pour répondre aux jeunes. Il a de la crédibilité auprès des jeunes musulmans à risque. Nous voulions quelqu’un qui puisse les influencer « .
Ben Hassen est un salafiste sous tous les rapports, avec des vues radicales sur l’islam, les femmes et la politique, et il est l’un des nombreux imams révoqués dans la foulée de l’attentat terroriste en juin dernier. Mais il a également été appelé un « salafiste pacifique» qui a fulminé contre l’Etat islamique (Daech) et a été invité à donner des conférences et à s’exprimer dans des mosquées en France et à travers l’Europe.
Béchir Ben Hassen a déclaré que les discussions de groupe, à Québec et à Montréal les 9 et le 10 octobre, participent d’un effort visant à comprendre comment les jeunes Canadiens sont recrutés en ligne pour rejoindre Daech et d’autres groupes terroristes en Syrie.
L’accueil de Béchir Ben Hassine dans la capitale du Québec a été glacial pour ne pas dire plus. Mercredi, un porte-parole de l’Université Laval a déclaré que l’université avait refusé la demande du groupe de tenir la table ronde sur le campus.
« Evidemment, le contenu d’une conférence donnée est pertinent, et les organisations sont tenues de nous informer des conférenciers et des sujets à aborder », a déclaré Samuel Auger. » Dans le cas de l’espèce, il s’agit d’une demande émanant d’un groupe externe qui n’a aucun lien avec un groupe du campus ou des étudiants. »
Nathalie Roy, porte-parole de la Coalition Avenir Québec sur l’intégrité et de la laïcité, a été moins circonspecte, en parlant d’un « renard dans le poulailler ».
Dans le sillage des audiences publiques sur le projet de loi 59 relatif à la législation contre les discours de haine, Roy a dit qu’il est inconcevable qu’un homme qui, le mois dernier, a publié un tract violent contre les femmes, puisse être autorisé à s’adresser aux jeunes.
Il est à noter que Ben Hassen a en fait la double nationalité française et tunisienne, et en tant que tel, il n’a besoin de visa pour venir au Canada.