AccueilLa UNETunis-Nidaâ : BCE, tel un deus ex machina !

Tunis-Nidaâ : BCE, tel un deus ex machina !

Sous bien des rapports, la crise qui agite le parti Nidaâ Tounès tourne à la tragi-comédie. Eclaté  en clans qui disent leur nom, ce parti de très fraîche date qui doit sa création à un politicien blanchi sous le harnais devenu président de la République, s’est vite retrouvé comme orphelin, ne sachant plus à quel saint se vouer sauf visiblement celui de ramasser un pouvoir laissé à l’abandon. Dans pareille configuration, il est dans l’ordre des choses que les ambitions se révèlent, se fassent insistantes, adossées à des coalitions, certes aléatoires, mais toujours alimentées par les appétits des uns et des autres de s’emparer des rênes d’une formation politique mandatée par les urnes pour exercer le pouvoir.

Des mois et des mois de velléités d’abord réprimées puis franches et lucides ont inéluctablement fini par évoluer vers la fracture et de nos jours la scission. Des clans ont vite fait de se former, et fatalement de s’étriper à longueur de journée, sur toutes les fréquences et dans maintes enceintes, plus ostensiblement dans la Représentation nationale. Trente-deux députés ont proclamé officiellement leur dissidence du groupe parlementaire sous l’étendard duquel ils étaient regroupés. La rupture est consommée, alors que, en face, le clan du fils du fondateur du parti, s’active à se donner les attributs d’une légitimité, mal plaidée et pour tout dire, malvenue.

On est dès lors en plein dans une « guerre des chefs » dont personne ne pouvait mesurer l’effet dévastateur, non seulement pour le parti lui-même mais encore pour toute l’ordonnance politique du pays, même si les partis partenaires au pouvoir ont choisi d’observer une attitude de neutralité qui ne trompe personne, pour, de temps à autres, appeler, cependant, à l’impératif d’unité et de cohésion. D’autres, moins circonspects, ont  parlé d’alternatives, et ils en ont sorti quelques unes au cas où les choses empireraient. C’est dire à quel point une crise censée être gérée au sein d’un parti, trouve si ample résonance sur un échiquier politique déjà turbulent et naturellement prompt à bondir sur la première occasion pour passer à l’acte.

On passera sous silence ces tombereaux de griefs, d’injures et même de menaces qui ont ponctué cette crise, mais on ne peut pas s’interdire d’en souligner la gravité pour un parti peuplé d’adolescents castagneurs, politiquement, cela s’entend. Et ceci n’est pas à la gloire d’une formation politique dont le statut de premier parti du pays l’habilite à exercer en exclusivité le pouvoir, former le gouvernement et voter les lois.

On pourra convenir que Nidaâ Tounès traverse une crise d’adolescence, étant de récente création, mais les enjeux auxquels il est tenu de s’atteler ne l’autorisent nullement à gérer  de la sorte la chose publique au risque de précipiter le pays , déjà assailli par bien des convulsions, dans une épreuve autrement plus néfaste, celle de devoir repartir à la case départ, organiser des élections anticipées, et peut-être ramener au pouvoir les ennemis jurés d’antan. Pour beaucoup d’analystes, c’est le scénario à bannir, d’autant que le second parti majoritaire, nommément Ennahdha, en serait le grand gagnant.

BCE, ultime recours !

Le ci-devant chef du parti, et actuel président de la République, Béji Caïd Essebsi, a ostensiblement pris le parti de ne pas intervenir dans la crise, se limitant à des professions de foi, jusqu’à présent de nul effet sur les antagonistes. Il est vrai qu’en tant que chef de l’Etat, il lui est difficile de se signaler auprès de l’opinion publique comme un chef de parti, on ne peut pas en disconvenir, mais la situation est devenue chez les siens si inextricable et si toxique, qu’il ne peut plus se dérober à l’impérieuse nécessité de trancher le nœud gordien et faire cesser le chienlit qui empoisonne son parti, pour s’affranchir de l’attitude qu’il s’est fait sienne d’être le Monsieur bons offices, sans autre forme de procès.

On ignore jusqu’à quand il tiendra ce cap, même si on lui prêtre l’intention de prendre une initiative à la faveur de laquelle les dirigeants de Nidaâ tounès cesseront d’être renvoyés dos à dos,  et le parti retrouvera son calme et sa cohésion. Selma Rekik qui, l’a annoncé ce weekend n’a pas dit de quoi il devrait s’agir, mais a souhaité que la démarche du fondateur du parti puisse dénouer la crise qui frappe de plein fouet le parti.

BCE sera-t-il le deus ex machina qui sauvera la situation, comme c’était le cas dans  le théâtre grec, ce « Dieu issu de la machine » qui en descendant des cintres, dénoue  de manière impromptue une situation désespérée ?  Attendons voir !

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