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Tunisie : De quoi demain sera-t-il fait ?

Oh ! Demain, c’est la grande chose ! De quoi demain sera-t-il fait ? Une troublante interrogation que les Tunisiens, à l’instar de Victor Hugo, se prennent à se poser avec une évidente inquiétude au regard de cette vague d’agitation qui est en train de secouer leur pays. Annonce-t-elle un mouvement de bien plus grande ampleur ou s’agit-il d’un accès de grogne qui ne durera que l’espace de quelques nuits ? Tout dépendra de l’alchimie du moment, de l’évolution des choses et surtout de la façon dont tout cela sera géré par le gouvernement.

Sauf à se voiler la face, il serait primaire et sommaire de réduire ces mouvements de protestation à de simples actes de brigandage et de faits de pillage et de vol perpétrés par des délinquants qui s’y sont mêlés. Cette réalité est patente mais ne doit en aucun cas occulter le ressentiment exprimé ou réprimé de la majorité des Tunisiens face au rouleau compresseur fiscal mis en branle par la nouvelle loi des finances autant qu’à l’extraordinaire flambée des prix qui touche un large éventail de produits et de services et plus encore à l’augmentation de la Taxe sur la valeur ajoutée qui se traduira pratiquement par une hausse généralisée des prix.

Visiblement, le gouvernement, qui serinait depuis de longs mois son antienne de mesures douloureuses » n’a pas pris la peine ni le parti d’expliquer à l’opinion publique en l’y préparant, la nécessité des mesures qu’il allait prendre, alors même qu’à l’ère des médias et de la démocratie d’opinion, le politique ne peut rien entreprendre sans s’assurer d’abord que son discours est audible et compris. Il ignorait sans doute comme l’enseigne la littérature en la matière que la construction d’un consensus est une étape-clé dans le processus de transformation, ce qui donne à la communication un rôle central à tous les stades de la réforme, et plus seulement en aval de l’action politique. De la conception à l’adoption puis à la mise en place des changements et des nouvelles mesures, notamment fiscales, une bonne préparation de l’opinion est la condition du succès.

Trop peu, trop tard

Le gouvernement y a superbement failli. Et ce n’est que très tardivement que Youssef Chahed en a pris la mesure pour battre sa coulpe et monter au créneau pour s’adresser aux Tunisiens, autrement, mais à y regarder de près vainement, en leur parlant sur les réseaux sociaux et plus tard sur le mode convivial à la télévision, sans oublier la fréquence inédite qu’il a commencé à imprimer à ses visites « impromptues » à des établissements de diverses natures où loge une partie significative des préoccupations et des difficultés des Tunisiens.

En négligeant cet outil essentiel de l’art de la politique, le gouvernement a offert une brèche bien béante à ses adversaires, dont l’essentiel se recrute parmi l’opposition, qui s’y sont engouffrés pour dire tout le mal qu’ils pensent des politiques publiques, et singulièrement de la loi des finances 2018. Et il n’est pas difficile de repérer leur empreinte dans les troubles, certes épars, qui sont en train d’éclater dans maintes régions du pays sous le couvert de la protestation contre les nouvelles mesures fiscales et la cherté de la vie en association avec le fonds de commerce traditionnel et récurrent des revendications liées à l’emploi et au développement.

Des pressions, peut-être sans plus !

A la cadence où s’organisent les mouvements de protestation et au regard de l’étendue qui est actuellement la leur, il y a cependant des raisons de penser qu’ils ne sont destinés qu’à exercer de vives pressions pour amener le gouvernement à revoir sa copie et annuler l’essentiel des mesures qui font mal. En l’état actuel des choses, c’est presqu’inimaginable, car pareil retrait requiert une loi des finances complémentaire, et semblable législation ne pourra pas être à l’ordre du jour avant des mois. Il reste au gouvernement de se dépenser en assurances, comme vient de le faire Youssef Chahed Chahed qui a appelé à ce que la question de la hausse des prix ne soit pas amplifiée. « La situation économique est difficile et il faut raison garder notamment face aux rumeurs qui circulent, a-t-il assuré, ajoutant qu’ « il  y aurait des signes positifs laissant présager une prochaine amélioration de la situation. « 2018 sera la dernière année difficile pour la Tunisie » a-t-il juré.

En attendant la suite des événements, surtout à la nuit tombée, des foyers d’agitation semblent se résorber, au point qu’une mesure d’instauration du couvre-feu paraît écartée. Une évolution qui a l’heur de donner à penser que le pire n’est pas trop à craindre.

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