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Tunisie : Des réformes « cosmétiques » conjuguées à une « pauvreté d’opportunités » !

La jeune démocratie de la Tunisie n’est pas proche d’atténuer l’acuité des problèmes de ses citoyens. Pourtant, il y a sept ans, elle était largement perçue comme la seule réussite démocratique du Printemps arabe. Son système politique était considéré comme un modèle de progrès démocratique dans le monde arabe, avec des élections libres et une constitution moderne. Mais, au fil des années, ce petit pays d’Afrique du Nord a eu neuf gouvernements, dont aucun n’a été capable de s’attaquer à ses problèmes économiques allant s’envenimant, constate l’expert reconnu des affaires économiques du monde arabe, basé à Londres, Zaid Moulay Belbagi, dans une réflexion sur les colonnes d’Arab News.

Il explique, entre autres, que l’imposition de taxes plus élevées sur l’essence, les cartes téléphoniques, l’immobilier, l’utilisation d’Internet et les produits alimentaires de base le 1er janvier a sérieusement affecté le coût de la vie. Les droits de douane frappant la production agricole, qui représente le quart du PIB, ont également porté un coup dur aux petits agriculteurs de subsistance qui constituent l’essentiel du secteur.

La lassitude conjuguée à la frustration

Alors que les protestations ont secoué le pays depuis, il est clair que la vie des Tunisiens n’a pas encore vu l’amélioration escomptée. En 2002, le Rapport arabe sur le développement humain a mis en garde de manière alarmante qu’une «pauvreté d’opportunités» dans le monde arabe constituait le plus grand défi à la stabilité dans la région. Alors que les écoliers de cette époque atteignaient leur majorité en 2011, leur lassitude doublée de frustration face à l’échec des gouvernements à leur offrir des opportunités s’est littéralement déchaînée. Plusieurs années après les événements de 2011, le rapport le plus récent affirme que «l’autonomisation des jeunes est la clé du développement dans les pays arabes». Parce que le chômage en Tunisie est resté juste en dessous de son record de 2011, il est clair que beaucoup doit être fait pour mettre un terme au cycle de protestations et de remaniements ministériels.

Une grande partie du processus de transformation de la Tunisie depuis 2011 a été cosmétique. Bien que le pouvoir ne soit plus entre les mains d’un seul homme et que la participation du public au processus décisionnel soit la plus grande qu’elle n’a jamais été, les Tunisiens sont toujours aux prises avec des difficultés considérables. La liberté politique n’a pas permis aux Tunisiens ordinaires de manger de la viande, et beaucoup (qui vivent à seulement 90 minutes de bateau de l’Europe) continuent d’éclairer leurs maisons avec des bougies. Il n’est pas étonnant que la loi de finances de janvier ait rencontré une telle opposition, car les hausses d’impôts décidées par le gouvernement ont même touché les médicaments. Avec plus de 800 arrestations, 100 policiers blessés et un manifestant tué, les pillages et les émeutes qui ont suivi ont causé beaucoup de dégâts et semé le chaos.

Des choix très limités

Le choix du gouvernement sont très limités voire nuls. Sous la pression incroyable du Fonds monétaire international lui enjoignant de réduire les dépenses publiques en échange d’une aide financière d’urgence, il doit faire face urgemment à sa dette publique, qui est passée de 39,2% du PIB en 2010 à 65% en 2017.

Malheureusement, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, 91 ans, manque d’énergie et de vision pour aborder les problèmes d’une population dont la moyenne d’âge est de 31 ans. Le gouvernement tunisien actuel est fait d’une alliance difficile entre le mouvement islamiste Ennahda et le parti qui a travaillé si dur pour le vaincre, Nidaa Tounes. Alors que le leader d’Ennahda appelle à la retenue et que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, déclare que 2018 sera «la dernière année difficile pour les Tunisiens», le gouvernement fait de plus en plus figure de spectateur de l’histoire politique du pays. Les manifestations de cette année ont été organisées par de jeunes militants, dont beaucoup étaient des militants de partis et de groupes extérieurs à l’establishment politique conventionnel. Ce sont ces forces qui ont déclenché la révolution tunisienne en 2011 et le gouvernement ferait bien de répondre à leurs préoccupations, estime l’expert.

Promesses non tenues

La main lourde de l’Etat a caractérisé le régime qui a été renversé en 2011. Avec des dizaines de policiers hospitalisés et un centre de sécurité régional dans l’ouest du pays incendié par des manifestants le mois dernier, le gouvernement doit rester circonspect pour ne pas attiser la colère publique ni avoir recours aux solutions sécuritaires d’antan. Le meilleur moyen de protéger la fragile constitution consensuelle tunisienne est l’investissement étranger, qui créera les emplois et les opportunités qui contribueront à améliorer le niveau de vie. Beaucoup de ceux qui pontifient sur l’importance de la Tunisie en tant que symbole démocratique dans le monde arabe n’ont pas tenu leurs promesses économiques. Alors que l’Union européenne met en garde contre une instabilité croissante dans le pays, l’Allemagne ferait bien de respecter les grandes promesses qu’elle a faites d’investir en Tunisie, conclut Arab News.

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