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Tunisie-Emirates : La « diplomatie discrète » se met en branle !

Le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a évoqué ce lundi la mesure frappant d’interdiction de voyage dans son pays les ressortissantes tunisiennes, sans y apporter le moindre élément nouveau. Dans une déclaration au journal en langue anglaise paraissant à Dubaï, « The National », il s’est borné à indiquer que la compagnie aérienne Emirates a « renforcé les mesures de sécurité vis-à-vis d’un certain nombre de femmes tunisiennes en exécution d’un avertissement de sécurité ». Se gardant d’en dire plus, il a réitéré ce qu’il avait écrit la veille sur son compte personnel Twitter.

Le black-out demeure, ce faisant, entier, et rien n’a filtré non plus des démarches et entretiens que le secrétaire d’Etat tunisien à la Diplomatie économique, Hatem Ferjani, est en train de conduire sur place. C’est sans doute la diplomatie discrète qui se met en place qui vise comme la décrit la littérature diplomatique à instaurer les conditions dans lesquelles les parties se sentent à l’aise pour agir, et notamment évaluer calmement leurs positions et intérêts respectifs et examiner les options envisageables.

A Tunis, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a pris en main le dossier comme le lui reconnaît la Constitution, en recevant dan la matinée, le ministre des Affaires étrangères, pour d’abord, réaffirmer « la nécessité de préserver la dignité de tous les citoyens tunisiens aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays » et dire son refus qu’il soit « porté atteinte aux droits de la femme tunisienne quels que soient les motifs », mais aussi pour juger « indispensable d’aplanir ces problèmes dans les plus brefs délais dans le souci de préserver les relations de fraternité et de coopération tuniso-émiraties ». Au demeurant, «  la suspension des vols de la compagnie Emirates en Tunisie restera en vigueur jusqu’à ce que cette compagnie révise les mesures de voyage des Tunisiennes conformément aux conventions internationales en vigueur ».

Pas de crise diplomatique

Dans le même temps, la présidence de la République assure que « ce qui se passe entre la Tunisie et les Emirats Arabes Unis ne peut pas être qualifié de crise diplomatique ». C’est sa porte-parole officiel, Saïda Garrach qui l’affirme en disant «  comprendre la décision des autorités émiraties dans la mesure où elles visent à protéger leurs citoyens et territoire ». D’ailleurs, elle a semblé se ranger à l’idée que « des renseignements sur la possibilité d’un attentat aux Emirats Arabes Unis seraient à l’origine de la mesure prise par les compagnies aériennes émiraties à l’encontre des voyageuses tunisiennes » au motif que « les Emirats Arabes Unis disent craindre un attentat pouvant être commis par des femmes tunisiennes ou des femmes titulaires d’un passeport tunisien ». « Il y a des informations sécuritaires sérieuses chez les autorités émiraties sur la possibilité d’attentats terroristes …dans le cadre du retour des terroristes essentiellement de Syrie et d’Irak », ajoute-t-elle.

Cet argumentaire des Emiratis est également mis en avant par le chef du Département de l’éducation et du savoir du gouvernement d’Abou Dhabi, Ali Al Nuaimi, qui plaide que « les interdictions de voyage pour des ressortissants étrangers interviennent dans tous les pays ». Et d’ajouter, dans son compte Twitter, cité par « The National » que « cela fait partie de la guerre que la Tunisie livre contre le terrorisme », tout en exprimant l’espoir que « les frères en Tunisie feront face à la vérité et réaliseront que l’extrémisme et le terrorisme sont le plus grand danger pour la stabilité et la sécurité de leur pays et que ceci est notre guerre commune ».

Pierre d’achoppement

A cet endroit de la genèse de l’affaire, on ne pourrait s’empêcher de trouver que son issue n’est pas encore à portée de main, donnant l’impression que les deux parties parlent et agissent comme si elles campent sur leurs positions. La Tunisie insiste sur le maintien de la suspension des vols de la compagnie Emirates et le gouvernement des Emirats ne s’en tient mordicus aux considérations de sécurité qu’il invoque à l’appui de sa mesure d’interdiction. En témoigne la réunion tenue lundi à Tunis entre les représentants des ministères tunisiens concernés et ceux de la compagnie Emirates qui s’est soldée par un échec, ces derniers refusant de signe le moindre document autorisant de nouveau les Tunisiennes de voyager sur leurs lignes, se limitant à un engagement verbal.

Autre bémol, les excuses publiques exigées par le gouvernement tunisien, demande à laquelle les Emiratis semblent faire la sourde oreille, ruminant en lieu et place l’argument des « sérieuses menaces à leur sécurité » derrière l’interdiction faite aux ressortissantes tunisiennes d’embarquer sur les vols de leur compagnie nationale.

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