AccueilLa UNETunisie-France : La paille et la poutre !

Tunisie-France : La paille et la poutre !

Fin lettré qu’il est, le nouvel ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, se serait bien gardé d’aller vite en besogne s’il s’était instruit de ce que trouvait bon à dire il y a plus d’un siècle le célèbre sénateur américain Frederick Sawyer : « Un diplomate est un homme qui réfléchit à deux fois avant de ne rien dire. ». Et pourtant, il s’est fendu, en guise de prodrome à son mandat à Tunis, de propos qui ont consterné bon nombre de Tunisiens peu habitués à semblable sortie de la part d’un diplomate représentant à leurs yeux un Etat majeur. « Ma mission principale est d’assurer la sécurité des Français qui se trouvent en Tunisie. Il y a 30.000 ressortissants, presque 15.000 jeunes dans des lycées français. Ce sont des cibles. Il faut pouvoir les protéger, notamment dans les pays comme la Tunisie dont on sait qu’ils sont fournisseurs de jihadistes », a-t-il pris sur lui de dire sur RTL en marge de la conférence des Ambassadeurs au Quai d’Orsay.

Une boulette, sans doute, une faute, certainement. En tout cas, ce n’est pas la meilleure façon d’inaugurer un office qui a vocation à donner des gages d’un travail dont le bénéfice sera ressenti non seulement par les deux Etats, mais aussi par leurs peuples, unis par une longue histoire, certes par moments mouvementée, mais qui les fonde toujours à se projeter vers l’avenir.

Un ambassadeur est dans son rôle lorsqu’il affirme devoir protéger ses ressortissants, mais il s’en écarte démesurément quand il accuse le pays hôte d’être un vivier de jihadistes, et pour dire crûment les choses, de terroristes. D’autant que l’on ne connaît pas à Olivier Poivre d’Arvor des talents autres que culturels, pour pouvoir le faire, ni un registre qui l’habiliterait à rendre à ses concitoyens en Tunisie une présence plus sûre en Tunisie. Ce pays où il est venu remplir son office d’ambassadeur, a une armée, des forces de sécurité, un gouvernement dûment constitué et un peuple souverain, pour assurer l’ordre et la sécurité. Et ils en ont apporté l’indiscutable démonstration en déjouant une succession de projets terroristes, en mettant hors d’état de nuire des centaines et des centaines d’extrémistes et en nouant de solides partenariats avec des Etats voisins et d’ailleurs, notamment la France, pour neutraliser toute velléité d’attentats terroristes.

On doit à la vérité de dire que la lutte dans ce domaine n’est pas toujours infaillible et qu’il existe forcément des failles par lesquelles les assaillants parviennent à passer pour commettre leur forfait. La France n’en a été point épargnée, malgré son solide et sophistiqué arsenal de chasse aux terroristes, comme en témoignent les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, et plus récemment encore celui de Nice. Les ambassadeurs des Etats étrangers à Paris n’ont jamais dit qu’ils y sont pour protéger leurs ressortissants contre les jihadistes qui, du reste, ne sont pas, du petit nombre.

Officier autrement !

Sans s’autoriser à instruire le diplomate de quoi que ce soit s’agissant de l’exercice de ses missions, il doit tomber sous le sens que ses efforts doivent s’orienter, à titre principal, vers la mise en place d’une architecture multiforme à la faveur de laquelle il sera possible de soutenir la transition démocratique qui est celle de la Tunisie, l’aider à surmonter ses graves difficultés économiques et sociales , contribuer à ramener les touristes français, en un mot, fixer un cap mutuellement avantageux à une coopération dont une partie des nouveaux fondements a été jetée par maints prédécesseurs d’Olivier Poivre d’Arvor. Le volet culturel dans lequel ce dernier se prévaut d’insignes états de service ne serait pas le moindre.

C’est de tout cela que les Tunisiens ont besoin. Et l’apport de la France devrait avoir vocation à les aider à sortir de l’ornière dans laquelle ils se retrouvent enserrés, surtout depuis janvier 2011. Et il sera de la plus grande importance pour son nouvel ambassadeur de donner la mesure de ses capacités dans bien des domaines, y compris la sécurité en inscrivant ses efforts dans la perspective d’un plus fort et solide partenariat. Ce sera par exemple à travers des mécanismes renforcés, une collaboration à toute épreuve et des approches pertinentes qui permettent à la Tunisie de mieux lutter contre les terroristes et à la France de mieux se défendre contre ceux des extrémistes qui vivent sur son territoire et qui viennent d’ailleurs, et pas uniquement de leur voisin du Sud.

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