AccueilLa UNETunisie-Interview BCE : Un exercice périlleux, et pas que cela !

Tunisie-Interview BCE : Un exercice périlleux, et pas que cela !

C’est sans aucune contestation possible la sortie médiatique la plus controversée de Béji Caïd Essebsi depuis qu’il a été élu à la magistrature suprême du pays. Il s’agit d’une interview télévisée accordée censément à trois médias de la place : Nessma, Al-hiwar et Mosaïque fm, qui n’a été diffusée que par le premier cité lequel en a sucré un bon quart au plus grand dépit des deux autres qui ont pris le parti de la passer sous silence.

Mais ce n’est pas là l’unique tare rédhibitoire de cette apparition télévisée transmise un dimanche soir, plus est, dans la foulée de finale de la coupe du monde de football qui avait drainé les grandes foules des téléspectateurs. La prestation du chef de l’Etat a péché par des incohérences dont il est rarement coutumier, du reste, au point qu’il lui arrivait de dire la chose et son contraire. Est-ce dû à un malencontreux montage ou le fait d’un agencement d’idées et de séquences mû par le souci de mettre en valeur un élément ou une annonce plutôt que d’autres ? Le fait est que BCE donnait la nette impression, par moments, de s’emmêler les pinceaux, incapable de livrer quelque chose de pertinent, qui a de quoi convaincre voire d’intéresser. Pourtant, le président, blanchi sous le harnais, n’a pas besoin qu’on lui rappelle, à plus ample informé, que le discours politique, ce n’est pas substituer le verbe à l’action, c’est bien dire pour pouvoir bien faire.

Un maquis d’injonctions et de révélations !

Exercice périlleux, la prestation de dimanche soir l’a été à de nombreux égards. Et BCE ne semble pas s’y être livré en disposant de tout le background nécessaire pour devoir s’en prendre comme il l’a fait à un chef de gouvernement qu’il a pourtant lui-même choisi, investi de sa confiance et soutenu dans les moments les plus difficiles. Sans doute a-t-il agi dans l’urgence dictée par son entourage, comme l’ont suggéré certaines sources. Il n’en demeure pas moins qu’un président de la République, dépositaire de la conscience nationale et référence suprême du pays, n’a nullement vocation à sommer un chef du gouvernement, plus est dans un régime parlementaire, de démissionner ou d’aller au Parlement pour solliciter un vote de confiance. Tout cela quorum populo, sans s’embarrasser des dégâts que cela pourrait entraîner en termes d’autorité de l’Etat et d’exercice de la démocratie, vertus cardinales d’une transition politique unique comme s’en réjouissent les responsables du pays.

Le bon grain et l’ivraie

Qu’il faille que le chef de l’Etat parle, cela fait sens sur toute la ligne, même s’il a toute latitude à le faire dans quelques jours lors de l’occasion solennelle de la fête de la République. Mais en décrétant que Youssef Chahed doit rendre le tablier ou demander la confiance de la Représentation nationale, il se range ostensiblement du côté de ceux qui ont fait de ce départ leur credo récurrent, alors même que le président de la République, par essence arbitre de la vie publique, doit comme il le professe, distinguer le bon grain de l’ivraie, en se plaçant au-dessus de la mêlée, en ayant pour unique motivation et inébranlable référence l’intérêt suprême du pays dont il a la charge suprême. Au demeurant, le président de la République, peut,  comme la Constitution l’y autorise, demander lui-même un vote de confiance du Parlement. Il a passé sous silence cette latitude qu lui reconnaît le Loi fondamentale. Une « omission » qui interpelle.

Tout aussi affligeante a été la révélation faite au sujet du limogeage de l’ancien ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem. Un désaveu qui n’a pas lieu d’être infligé à l’une des deux têtes de l’Exécutif, rendue, par ricochet, responsable voire coupable des décisions qui en ont suivi, nommément les massives chaises musicales au sein de l’appareil de la sécurité, à la suite desquelles aurait été perpétré l’attentat d’Ain Soltane. Est-ce en ligne avec sa promesse de dire au peuple toute la vérité sur cette attaque terroriste que le président de la République s’est fendu de cette révélation qui aurait dû être rigoureusement mise sous le boisseau alors que les investigations sont en cours et que les terroristes sont dans la nature ?

En instruisant à charge le cas Youssef Chahed, le président de la République, comme l’ont souligné maints politiciens, règle par procuration des comptes avec le chef du gouvernement quitte à tenter de le pousser vers la sortie, d’une façon ou d’une autre. Ce ne serait pas tout bénéfice pour la stabilité politique du pays, une éventualité abhorrée par les partenaires et les bailleurs de fonds de la Tunisie, qui ne se gardent pas de se féliciter des quelques résultats de la gestion gouvernementale et des réformes engagées.

Certes il n’y aurait pas lieu de se bercer de l’illusion que tout ira bien dans le meilleur des mondes, mais tout doit être fait et mobilisé pour que cette petite percée prenne l’allure d’une reprise économique inévitablement adossée à des institutions qui fonctionnent et qui livrent des résultats, si sommaires soient-il. Et le gouvernement en est bien une, et des plus essentielles.

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