AccueilLa UNETunisie : La frustration, tel un feu de brousse !

Tunisie : La frustration, tel un feu de brousse !

La Tunisie s’enfonce dans la galère suscitant force frustrations chez sa population. Le constat est posé non seulement par les Tunisiens eux-mêmes mais de plus en plus par la presse internationale qui trouve que les écueils économiques et sociaux vont s’accentuant plaçant le gouvernement sous des pressions inédites. Un article de l’agence de presse Reuters vient d’en livrer une genèse qui reflète à la fois la désespérance de larges franges du peuple et l’impuissance à laquelle sont réduits les pouvoirs publics d’y répondre.

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, est sous la pression des bailleurs de fonds internationaux pour lancer davantage de réformes et réduire les dépenses publiques, des chantiers où les gouvernements précédents ont lamentablement échoué, ayant été incapables de trouver une formule pour maîtriser totalement le déficit alors qu’ils avaient à gérer une paix sociale fragile. Les tentatives visant à aller de l’avant dans les réformes fiscales, pourtant d’une impérieuse nécessité, se sont souvent évaporées dans l’inertie politique et des résultats mitigés.

Le déficit budgétaire grimpe de 5% en 2015 à 6,5% cette année, essentiellement en raison des salaires dans le secteur public. Le gouvernement pense que les nouvelles lois sur les banques et l’investissement allaient aider à booster la croissance, mais une tentative de taxer encore plus les véhicules avait soulevé, par le passé, une vive contestation proche de l’émeute.

Pour les partenaires occidentaux, la Tunisie demeure un phare dans une région en proie à des conflits. Depuis 2011, des milliards de dollars en crédits et prêts ont contribué à soutenir un tant soit peu l’économie du pays.

En approuvant en septembre dernier un prêt de 2,9 milliards de dollars, le Fonds monétaire international a félicité la Tunisie pour la rationalisation des procédures administratives et la promotion du secteur privé , il n’en a pas moins relevé que les tentatives de lutte contre les salaires publics et la maîtrise des dépenses ont été à la traîne.

Les temps sont difficiles. Le remboursement de 3 milliards de dollars de dette extérieure devrait être effectué l’année prochaine, le gel des recrutements dans la fonction publique rencontre une vive résistance de la part des syndicats et de nouveaux impôts et taxes mettent à rude épreuve la patience des Tunisiens qui s’offusquent déjà que le gouvernement ait fait trop peu trop tard.

Dans le Sud du pays marginalisé, nombreux sont ceux qui accusent le gouvernement de Chahed d’être déconnecté de leur réalité et de se répandre en promesses qu’il n’est pas en état de tenir.

« Après la révolution, nous avons pensé que les problèmes sociaux et économiques allaient être au cœur de l’action des pouvoirs publics » », a déclaré Abderrahmane Hedhili, du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES). «Nous avons une classe de personnes privées de leurs droits sans aucune opportunité possible. La Tunisie risque de payer un lourd tribut. »

L’économie reléguée au second rang

Les réformes économiques réformes ont été reléguées au second rang au cours de la période de compromis politique au lendemain de la révolution, quand les querelles entre laïcs et islamistes sur le leadership du pays menaçaient de faire échouer l’expérience démocratique de la Tunisie. Puis vinrent les attaques terroristes essentiellement contre le tourisme, un secteur qui compte pour 8% de l’économie du pays, depuis, gravement endommagé et est toujours en convalescence. S’y ajoute le chômage constamment à deux chiffres. Il était de 15,6% en septembre et deux fois plus élevé dans les communautés rurales. Les diplômés représentent un tiers des sans-emploi.

En fonction depuis août, Youssef Chahed, promet que son gouvernement va améliorer le sort des jeunes. Les finances publiques, la corruption et la sécurité sont en tête de ses priorités. D’entrée de jeu, il a lancé un appel à des «décisions et des sacrifices exceptionnels, » escomptant plus de revenus dus à la stabilité dans les industries vitales comme le phosphate et la lutte contre l’évasion fiscale. Il veut de nouveaux impôts, la réduction des subventions et un gel des augmentations salariales pour maîtriser le déficit.

« Tout le monde doit faire des sacrifices, car les temps sont difficiles ; si nous ne pouvons pas tous sauver notre maison, elle va s’effondrer sur nous tous », avait-il averti. »

Mais les nouvelles taxes se sont avérées impopulaires et les coupes sur la masse salariale du secteur public – 13,5% du PIB, l’une des plus élevées dans le monde – sont une question très sensible dans un pays où beaucoup demeurent chevillés à l’idée que l’Etat doit agir comme l’un des principaux pourvoyeurs d’emplois .

Déjà, son projet de geler la hausse des salaires du secteur public et les recrutements a été rejeté par l’UGTT, un syndicat puissant, qui a mis en garde contre une menace à la paix sociale. L’organisation patronale, l’UTICA a opposé une fin de non recevoir à la contribution exceptionnelle sur les entreprises.

La classe moyenne du pays, dans sa grande majorité, se demande pourquoi devrait-elle supporter plus d’ impôts, le gel des salaires et les suppressions d’emplois, affirmant que Chahed doit lutter contre la corruption , en particulier parmi les fortunés.

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