L’Administration Donald Trump s’est enfin décidée à revoir son projet de réduction des fonds alloués au titre de l’aide étrangère pour la Tunisie. La proposition budgétaire du département d’État pour 2019 rendue publique la semaine dernière, demande un montant de 92 millions de dollars d’aide bilatérale, notamment 40 millions de dollars d’aide militaire pour la sécurité frontalière et les services de renseignement, soit une augmentation de 67% par rapport à l’année en cours, rapporte le correspondant à Washington du site « Al-Monitor », spécialisé dans les affaires de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) .
Déjà, le Pentagone, le ministère américain de la Défens,e projette d’allouer près de 20 millions de dollars aux fins de la mise en place d’un système de détection de haute technologie à la frontière tunisienne, portant ainsi au double les concours américains et européens destinés à empêcher les migrants, les terroristes et les trafiquants de drogue de traverser la frontière en provenance de la Libye.
Les responsables du Département de la Défense ont informé le Congrès de cette initiative dans une lettre le mois dernier, en puisant dans un fonds commun mis en place avec l’Allemagne en septembre pour sécuriser la frontière tunisienne avec la Libye, longue de 483 kilomètres. L’Allemagne a fourni un financement qui sera utilisé spécifiquement pour les détecteurs.
« Les fonds renforceront la capacité du gouvernement tunisien à détecter et répondre aux menaces posées par le trafic de matériaux illicites », a écrit Kenneth Rapuano, secrétaire adjoint à la Défense des Etats-Unis, dans une correspondance au Congrès consultée par Al-Monitor.
L’Agence américaine pour la réduction des menaces de défense, un bureau du Pentagone chargé de lutter contre les armes de destruction massive, s’est associé à la construction d’un mur le long de la moitié de la frontière tuniso-libyenne avec une subvention de 24,9 millions de dollars en 2016.
800 djihadistes déjà de retour !
La Tunisie est confrontée à un fléau de radicalisation locale. Les derniers chiffres officiels estiment à au moins 800 le nombre des Tunisien ayant rejoint l’organisation Daech et d’autres groupes terroristes qui sont revenus dans le pays. La CIA a estimé en 2016 que Daech avait recruté 6 000 Tunisiens, qualifiant la Tunisie de «pays source de premier plan» pour les recrues.
« Le gouvernement tunisien n’a pas de véritable plan pour résoudre ce problème », a déclaré, pour sa part, Sarah Yerkes, une ancienne fonctionnaire du département d’Etat et de la Défense, désormais membre du Carnegie Endowment for International Peace.
Il est à rappeler qu’au cours de l’année écoulée, le Pentagone a alloué à la Tunisie plus de 20 millions de dollars provenant de son Fonds mondial de formation et d’équipement, notamment des gilets pare-balles, des hélicoptères démodés, des appareils de vision nocturne et des armes légères.
En 2016, dernière année pour laquelle des informations sont disponibles, la Tunisie s’est appuyée sur les Etats-Unis pour 10% de son budget militaire. Les Etats-Unis disposent également d’environ 100 militaires en Tunisie, selon les chiffres publiés par le Pentagone et communiqués aux membres du Congrès américain.
