AccueilLa UNETunisie : Bourguiba en parlait déjà en 1970 !

Tunisie : Bourguiba en parlait déjà en 1970 !

Le 8 juin 1970, le 1er président tunisien Habib Bourguiba, décidait de réviser la Constitution, «pour établir une certaine collaboration entre le Chef de l’Etat, l’Assemblée Nationale et le peuple», disait-il alors, tout en mettant en insistant pour «garder le sens de la mesure et ne pas aller d’un excès à un autre». Bourguiba avait alors, dans une de ses célèbres adresses au peuple tunisien, dressé un piteux bilan de l’état de déliquescence de l’Etat tunisien.

«Si l’on instaure la multiplicité des partis politiques dans le pays, on exposerait la Nation aux déchirements néfastes qui l’ont éprouvée pendant des siècles. Les luttes intestines prendront le pas sur l’intérêt général. Des coteries verront le jour et chacune d’elles cherchera à terrasser l’autre au sein d’un prétoire d’exception. L’Etat consommera sa perte dans cette foire d’empoigne où se donneront cours des ambitions des chefs politiques qui jouissent de quelque audience auprès de l’opinion. C’est la pire catastrophe que puisse éprouver le régime d’un pays».

La Tunisie avait un président, elle en a désormais trois

 47 ans plus tard, c’est comme s’il parlait du vécu de l’Etat tunisien, repris en main par son 4ème successeur. La Tunisie de ladite révolution a enterré une constitution, et s’en est dotée d’une qui cultive tous les excès dont parlait le «Combattant Suprême». Elle a chassé le régime de la dictature d’une personne, pour mettre en place un régime de dictature des partis. Elle avait un président, elle en a désormais trois et presque sans collaboration, l’un avec l’autre, malgré les sourires et les rencontres de façade. Quarante-sept ans plus tard, en effet, ce sont 209 partis politiques qui se déchirent le pouvoir et l’autorité, sans qu’aucun ne puisse, ni réellement régner et encore moins gouverner.

Au premier rang de cette dans «foire d’empoigne» dont parlait Bourguiba, le parti qu’il avait pourtant combattu de toutes ses forces, Ennahdha. Majoritaire dans les faits à l’ARP, il reste incapable d’assurer la fameuse ceinture politique nécessaire au gouvernement issu de l’accord de Carthage. Un parti désormais incontournable sur l‘échiquier politique tunisien, mais qui marque, comme une verrue tout allié qui s’en approche et qui le portera comme un vitiligo dans sa chair politique.

En second couteau, le parti de Nidaa Tounes, malade de son créateur et de son héritier, fissuré comme un vieux mur qui menace écroulement et qui voudrait descendre le 2ème chef de gouvernement de la seconde République et le 7ème de la révolution qui était pourtant son candidat à ce poste de chef de gouvernement d’une République où, désormais tout le monde règne et personne ne commande.

Viennent ensuite tous les autres, les déboulonnés (Ettakattol et le CPR), les incompris (Front Populaire), ceux qui n’ont rien encore compris (Al Joumhouri, les dissidents de Nidaâ, les Destouriens et d’autres), ceux qui vilipendent (Parti de la bicyclette), ceux qui critiquent et ceux qui se suffisent aux piques. Un ensemble d’égos, incapables de s’unir, même dans les coteries dont parlait Bourguiba. Une scène politique, complètement décimée par les luttes intestines, chaque partie cherchant à anéantir l’autre, et aucune ne tenant compte de l’intérêt national.

C’est dans cette arrière-scène politique, que foisonnent des bruits d’un profond malentendu entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement, à propos de la guerre contre la corruption. Chacun en ayant une vision et des limites, et chacun doutant que l’autre l’utilise dans un autre but.

Et c’est aussi dans cette vraie cour des miracles, que semblent de nouveau se tramer des plans pour faire tomber le gouvernement, sans qu’aucun n’arrive à prendre en compte la conjoncture difficile, économique, financière, sécuritaire et tutti quanti que traverse la Tunisie.

Une situation, pourtant, qui ne peut plus se permettre tant de dissensions et de palabres inutiles entre les 209 partis politiques et qui rend le pays ingouvernable. Une situation qui ne peut plus supporter plus d’instabilité politique, plus d’incohérence dans les visions de l’avenir du pays, plus de remous sociaux, plus de demandes sans dons, plus d’insécurité financière et plus d’incertitude économique.

Bourguiba, celui auquel tout le monde se réfère et que personne n’a compris, ne disait-il pas que ce pays n’aura de mal que celui qui lui sera fait par ses propres enfants ?!

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