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Tunisie : Les hommes d’affaires courent les confisquées

Le plan de cession des entreprises confisquées s’accélère pour permettre à l’Etat d’empocher les 500 MDT au moins comptabilisées dans le budget de l’Etat pour l’exercice 2018. Après la cession de 19 biens et sociétés, Al Karama en est déjà à l’étape suivante. Deux sociétés agricoles, «Zitouna filahya 1 & 2», ont déjà été vendues et 11 autres cessions sont en cours où chaque processus demande 10 à 12 mois pour se terminer. Al Karama est actuellement dans la dernière phase de cession de 5 à 6 sociétés confisquées, dans la phase intermédiaire pour 6 autres et en phase de début pour le reste.

Le 1er lot à être proposé à la vente, comprend la STTG, gérante de l’hôtel Le Palace, la radio Shems FM, le journal Dar Assabah, la banque Zitouna et sa société d’assurance islamique Takaful, Carthage Cement, la concession automobile Hyundai et la ferme agricole Al Baraka.

Ces entreprises sont en dernière phase. Cela veut dire les travaux préparatoires menés par la banque d’affaires, l’identification des investisseurs qui passeront par le screening, pour éviter les risques de blanchiment d’argent ou de liens avec les personnes confisquées, l’annonce publique de cette liste d’investisseurs pré-qualifiés qui auront accès à la Data-Room et l’attente des offres finales sous plis à remettre en mains propres.

Le processus pour ces entreprises sera définitivement clos d’ici septembre 2018. La vente au mieux disant, pour un montant qui devra obligatoirement être supérieur à la valorisation qui demeurera secrète jusqu’au jour d’ouverture des offres, ne deviendra cependant effective qu’après accord définitif de la commission nationale de gestion des biens confisqués qui est présidée par le chef du gouvernement lui-même.

Désormais véritable place de marché, par les transactions de blocs d’actions sur appels d’offres, Al Karama a mis au point des mesures de performance dont le 1er indicateur est le nombre d’investisseurs réellement intéressés et semble y avoir réussi au vu du nombre des prétendants aux deux meilleurs ventes. Et depuis quelques années, les hommes d’affaires, tunisiens et étrangers, courent les confisquées.

  • Carthage Cement, une opportunité régionale pour 5 investisseurs étrangers

Pour Carthage Cement, Al Karama en a reçu cinq. Il s’agit, comme déjà annoncé depuis avril dernier, de l’Ominum marocain, de deux cimentiers espagnols (Cementos Portland et Cemolins), de deux portugais Secil et Cimento avec les cimenteries de Gabès dans un seul consortium et du maltais Eurocem. Des informations couraient que cette entreprise qui agirait pour le compte de l’Etat, pourrait être accompagnée par un homme d’affaires tunisien jusque-là connu dans le secteur automobile. Contacté par Africanmanager, ce dernier a catégoriquement démenti.

Avec l’Etat tunisien, l’homme d’affaires Lazhar Sta vendra aussi toutes ses parts dans Carthage Cement, bien que n’étant pas concerné par la confiscation mais dans une démarche de consolidation de la vente des parts de l’Etat.

Selon des sources proches du dossier, ce nombre de prétendants dénote d’un intérêt grandissant des investisseurs pour ce marché de cession des entreprises confisquées et une confiance dans le système Al Karama par les règlements, transparents et bien appliqués, et les procédures mises au point pour mener à bien chaque opération. Un marché qui se révèlera un des moyens de relance de l’investissement dans des entreprises, peut-être mal acquises, mais bien conçues, bien positionnées dans leurs marchés et bien dirigées.

Pour le cas de Carthage Cement, il est important de noter que le projet initial comprenait un ensemble d’autres projets complémentaires, dont l’emballage en carton et d’optimisation de la consommation d’énergie par le fuel alternatif, sans oublier le projet de ciments spéciaux, ce qui en fait un des meilleurs outils de production dans le bassin méditerranéen. Nous croyons d’ailleurs savoir que tous les investisseurs intéressés par CC en disent beaucoup de bien et développent à son propos une vision régionale stratégique pour approvisionner même l’Afrique en clinker et en ciment et s’y préparent pour la réouverture du marché de la reconstruction de la Libye.

  • L’intéressante liste des prétendants de la Zitouna

Pour le deal sur la banque Zitouna, Al Karama a reçu 7 soumissionnaires très intéressés. Force est de remarquer qu’elle a beaucoup investi au cours des dernières années, faisant appel à des cabinets de stratégie et d’intégration et d’informatique, pour devenir la banque que pas moins de 7 groupes et consortiums convoitent. On y trouve la banque ATB en tant que chef de file qui agirait pour le compte de sa maison-mère, ou qui pourrait faire appel à ses actionnaires de référence pour mieux se positionner sur le marché de la finance islamique carrément par une filiale et autrement que par une simple fenêtre ou guichet de finance islamique. Parmi les short-listés, on retrouve aussi le groupe de Fethi Neifar, propriétaire de la société Super Mousse, et déjà actionnaire à Carthage Cement, sans oublier la société Majda déjà présente à travers l’hôtel Cigale et qui avait racheté l’hôtel Dar Naouar. Pas moins de 3 Marocains (BCP, CIH et la CDG) font aussi partie des short-listés et qui nourrissent des ambitions africaines dans une stratégie d’expansion qui dépasse la Tunisie.

A côté, il y a aussi un consortium, conduit par Swicorp à travers la société «Alfa Lux» et la société «Amana Sarl» dont le gérant est Nabil Triki (autre que l’homme d’affaires originaire de Sfax) qui travaille chez le groupe Swicorp, la société Moulin Holding de l’homme d’affaires originaire de Sfax qu’est Nabil Triki et qui possède déjà 21 % de la Zitouna, le koweitien CTKD et une petite banque malaisienne, la Rusd Investment Bank, en tant que partenaire technique. Une longue et intéressante liste de prétendants qui ne manquera certainement pas d’attiser la compétition pour l’acquisition de la banque Zitouna et son assurance Takaful.

On notera que le groupe fondateur de la banque a beaucoup évolué. C’est ainsi que le groupe Chaïbi ne fait plus partie des actionnaires de la Zitouna, tout comme la BID qui avait déjà vendu ses 21 % au groupe de Nabil Triki au prix de 4,1 DT l’action ou un total de 100 MDT ; le groupe de Kais Mokhtar y est entré et Poulina y restera, même si ce n’est qu’avec un petit pourcentage. Le prix d’achat des actions de la BID deviendra ainsi une sorte de prix-plancher au-dessous duquel le prix de vente des 69 % de l’Etat tunisien ne pourra pas descendre. Une transaction qui avait fait en son temps la joie d’Al Karama.

On notera aussi que cette vente devra avoir, après l’ouverture des offres et le choix du mieux offrant, l’accord de la BCT qui est l’autorité de régulation. L’investisseur choisi devra par la suite y déposer un dossier de demande d’agrément pour l’acquisition de 69 % de la banque et un autre dossier de demande d’agrément auprès de la CGA pour l’assurance Takaful. Le deal d’acquisition de ces deux institutions financières, ne sera clos qu’une fois les agréments donnés par la BCT et la CGA qui jugeront de la capacité technique des investisseurs à gérer ces deux entreprises selon des critères complémentaires à ceux d’Al Karama.

  • Poulina intéressée par Le Palace, Bayahi par Shems et Abdennadher par Assabah

Pour la STTG, Al Karama a reçu deux investisseurs intéressés par la reprise de l’hôtel Le Palace. Un intérêt accru, malgré l’obligation d’investir quelques autres 15 M€ pour la mise de cette importante unité hôtelière en conformité avec les normes Hilton. Il s’agit de la branche immobilière et touristique du groupe Poulina, en plus du groupe français Alliance où il y a déjà des investisseurs tunisiens et qui est présent localement dans l’hôtellerie et dans le golf.

Deux investisseurs aussi, intéressés par Shems FM, qui sont le groupe Bayahi à travers la société d’investissement du groupe, la CFI, et le groupe de l’homme d’affaires Aziz Zouhir à travers sa société Proserv. Dans le domaine des médias aussi, Dar Assabah intéresse le consortium Sanimed, Sotemail et Somocer de Lotfi Abdennadher, Raouf Cheikhrouhou qui en était un des propriétaires et la société Tunisie Assistance. Dans le cas de ces deux médias, la HAICA a eu son mot à dire et a donné son agrément pour le choix des présélectionnés.

  • … et d’ici la fin 2018, une nouvelle fournée de petits bijoux

Avant la fin de l’année, ce sera le tour de 100 % de la société concessionnaire de Ford qui est la société «Alfa-Ford», la société «La Ferme» à Utique sur la route de Bizerte, ancienne propriété de Belhassen Trabelsi qui est une ferme couvrant plus de 150 hectares d’arbres fruitiers et de céréales, vallonnée et comprenant deux lacs pour l’arrosage, des chambres frigorifiques et même une petite unité de transformation en jus des fruits de la propriété.

Viendront ensuite Plastec Technologie, l’Archevêché qui gère deux sociétés à Sidi Bou Said, 30 % de la société Adwya qui est cotée en bourse et un bloc de 50 % de trois sociétés faites en joint-venture. Il s’agira de «Newrest Tunisie» qui cartonnerait dans le domaine du catering malgré les limitations qui lui ont été faites dans la région du Sud tunisien au nom de la discrimination positive, l’agence de communication «Havas Tunisie» qui était légèrement déficitaire en 2017 et «Jet Multimédia», en bénéfice haussier et qui innove même dans le domaine des jeux sur Internet

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