Des semaines de troubles en Tunisie vont affecter la croissance économique, effrayer les touristes et décourager l’investissement étranger direct, lequel pourrait baisser du tiers cette année, prévoit l’agence de notation Fitch, jeudi.
L’agence a réduit ses prévisions de croissance pour 2011 pour la Tunisie à 2 pour cent contre 5 pour cent et a dit qu’elle prendrait une décision sur l’opportunité de dégrader sa note souveraine dans une période de 3 à 6 mois.
Le 14 janvier dernier, Fitch avait placé la note de crédit à long terme en devise étrangère de BBB sous surveillance quelques heures avant la fuite du président déchu Ben Ali .
« Nous prévoyons un grand choc qui frappera la croissance cette année», a déclaré Charles Seville, directeur de l’équipe des notes souveraines chez Fitch. « Nous prévoyons la reprise économique pour l’année prochaine à condition qu’il y ait un gouvernement stable. »
« En Tunisie, le secteur le plus touché est celui du tourisme, qui emploie environ 400.000 personnes dans un pays de 10 millions d’habitants qui souffre d’un taux de chômage élevé, a ajouté Séville qui pronostique un recul du 1/3 des investissements directs étrangers, bien que sur le long terme, la situation puisse se rétablir. »
Cependant, le gros des d’investissements étrangers en Tunisie a été effectué dans le secteur du pétrole et du gaz qui n’est pas susceptible d’être durement touché, a-t-il dit.
Des signaux positifs de la BCT
Fitch a salué la nomination de Mustafa Kamel Nabli comme gouverneur de la banque centrale dans la foulée de la fuite de Ben Ali.
Nabli a indiqué que la Tunisie pourrait retarder sa sortie prévue pour 2011 sur le marché de la dette souveraine, mais Séville estime que les marchés ont été rassurés que la Tunisie paiera ses dettes.
Fitch s’attend maintenant à ce que la Tunisie puise dans ses réserves de change pour rembourser environ 1,3 milliard de dollars de dettes venant à échéance cette année, ce qui devrait se traduire par une diminution d’autant des niveaux de réserve.
La dette publique s’élevait à environ 40-41 pour cent du produit intérieur brut en 2010, contre 60 pour cent en 2001, a-t-il dit.
Les entreprises appartenant à Ben Ali et sa famille font maintenant face à un avenir incertain, souligne Séville qui estime que ceci pourrait frapper leurs créanciers.