AccueilLa UNETunisie : Abdelkefi, le mal-aimé incompris !

Tunisie : Abdelkefi, le mal-aimé incompris !

Chaque fois qu’il parle, on lui rappelle cette prétendue affaire de conflit d’intérêt. Son père, l’investisseur visionnaire en Tunisie et en Afrique Ahmed Abdelkefi, avait pourtant quitté le CA de la BCT depuis belle lurette. De son côté, l’actuel ministre du Développement économique et ministre des Finances par intérim, a déjà liquidé ses parts dans le groupe familial.

Petit-fils du grand savant Fadhel Ben Achour, dont il porte le prénom, Fadhel Abdelkefi est aussi le neveu de son lointain prédécesseur au ministère de l’Economie et des finances, Feu Azouz Lasram. Il est aussi le fils d’Ahmed qui avait servi dans la haute administration tunisienne de l’économie et des finances de 1967 à 1973 où il avait été notamment chef de cabinet d’Ahmed Ben Salah. Le même paternel avait démarré la 1ère station touristique d’El Kantaoui, rejoint le fonds de développement d’Abou Dhabi et créé en 1984 le groupe «Integra Partners». Ce dernier comprend «Tunisie-Valeurs» et «Africinvest» qui représentent des actifs de 1,4 Milliards USD et font travailler 150 employés et c’est cela qui dérangerait une partie d’une opposition, pour qui la richesse ne peut être que synonyme de corruption, tant qu’elle n’est pas la leur.

Ce n’est qu’une partie de ce qu’est Fadhel Abdelkefi dont un député dit qu’il appartient à un gouvernement de corrompus et qu’un autre accuse de vouloir vendre le pays à ses amis, alors qu’un journal gouvernemental l’appelle à démissionner. Certains ne comprennent manifestement pas qu’on puisse quitter une position financière plus que confortable autrement que pour profiter d’un modeste poste de ministre.

  • Les vérités, incomprises, d’une dichotomie économique

Pourtant diplômé en sciences économiques de Paris I-Panthéon Sorbonne, président de la BVMT pendant 3 ans et spécialiste des opérations de haut bilan, sans compter ses réussites qui ont fait de Tunisie-Valeurs une référence boursière sur la place de Tunis, l’homme qui a baigné dans un milieu familial de hauts commis de l’Etat, semble pourtant dire des choses incompréhensibles.

Le ministère lui serait-il monté à la tête et fait dire des incongruités économiques ? Comment en effet se fait-il, comme le «ministre à la double casquette» le dit aux médias, que macroéconomiquement, la Tunisie affiche des signes d’une reprise, par ailleurs, attestée par le dernier rapport du FMI, alors que microéconomiquement, elle va si mal comme il le répète aussi et que ses fondamentaux vont si mal qu’elle devient incapable d’honorer les salaires de ses employés.

A cela, Fadhel Abdelkefi répond que «les finances publiques vont très mal, connaissent d’énormes difficultés et subissent d’énormes pressions dues au cumul des six dernières années d’augmentations substantielles de budget. Concomitamment, les principaux moteurs de la croissance se sont arrêtés entraînant le creusement des déficits dont le financement s’est fait par la dette ». Et d’admettre ensuite que «nous nous endettons désormais, non plus pour financer le titre 2 du budget, mais pour combler les déficits du titre 1, ce qui est une situation inédite en Tunisie. Nous avons actuellement une énorme pression sur les finances publiques et il faudrait qu’on repense le budget de l’Etat vers plus de flexibilité et d’impact, surtout dans le domaine du partenariat public-privé». Une révision qui penserait à créer un genre de «titre 3» dans le budget «où l’Etat pourrait donner des concessions, faire du PPP et des projets sans que cela coûte de l’argent au budget de l’Etat, mais tout en étant très bon au niveau des autorisations, de la rapidité, de la fluidité et de la transparence pour l’octroi de ce genre de projet» explique le ministre des Finances par intérim.

  • L’orthodoxie financière. Ce médicament amer que la Tunisie refuse

En face, c’est un secteur privé qui a su rester compétitif, qui a su s’adapter à la conjoncture et se redéployer, comme le tourisme qui se relève malgré le terrorisme comme en atteste l’OMT «et ce secteur privé est en train de reprendre», confirme de nouveau le ministre du Développement et ministre des finances par intérim qui certifie que «les signaux privés viennent du secteur privé. Les deux sujets ne sont pas contradictoires. Une finance publique sous pression énorme et une reprise qui s’amorce chez le privé». Et le spécialiste des missions de haut de bilan de se dire que «il faudrait, le plus tôt possible, qu’on revienne, progressivement certes mais de manière déterminée, vers l’orthodoxie financière au niveau de nos finances publiques, pour ne pas affecter ce retour de croissance, car une crise majeure des finances publiques pourrait peser sur cette reprise. C’est pour cela que n’avons de cesse de répéter qu’il y a des limites à ce modèle mis en place depuis 2011, et qui consiste à enfler le budget d’une année à l’autre par la dette et l’impôt pour refinancer le déficit». Et lorsqu’on lui demande s’il entend par orthodoxie financière un plan d’austérité budgétaire, il précise que «cela veut dire que l’Etat peut vivre au niveau de ses moyens et non au-dessus. Et on a la nette impression aujourd’hui que les finances publiques sont au-dessous des ressources dont dispose l’Etat. Nous disposons de quelque 25 à 26 Milliards DT, alors que nous en dépensons entre 34 et 35 Milliards DT et ce gap ne peut plus continuer».

  • Ce que dit Abdelkefi, en 2 mots

En deux mots, pour les experts et les députés qui ne le comprendraient pas, non pas par ignorance, à Dieu ne plaise, mais par souci médiatique d’être celui qui peut mettre un ministre dans l’embarras, c’est le secteur public qui va mal et c’est le secteur privé qui va bien et crée de la croissance. Ce sont les finances de l’Etat, providence dans une économie de marché, qui vont mal … très mal, alourdies notamment par les salaires, et non celles du privé, lequel commence à remonter la pente.

Encore fallait-il être en même temps, dans un ministère horizontal comme celui du développement et un autre ministère vertical comme celui les finances, pour le constater. Abdelkefi a été, même si c’est par intérim, sur ces deux rives du fleuve Tunisie.

Il est aussi une vérité que beaucoup ne comprennent pas. C’est l’Etat qui est en faillite financière et non le citoyen. Il n’y a pour cela qu’à voir le commerce parallèle florissant de coffres forts. Dans la Tunisie de la Révolution, la débrouille, administrative, économique et financière donne encore du ressort aux citoyens et brouille sa vision. Jusqu’à quand ??

 

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