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Abdelhakim Belhadj, l’homme aux multiples facettes

Le portrait de Abdelhakim Belhadj ressemble, de plus en plus, à un puzzle inachevé qui ne parvient pas à dégager les traits de son identité.Et à mesure qu’on avance dans la recherche, on se rend compte qu’on a affaire à une personne aux multiples facettes.

Trois portraits, dressés par des sources différentes, concordent à présenter trois facettes de ce dirigeant libyen : d’abord, la presse algérienne qui ne paraît pas porter Abdelhakim Belhadj dans son cœur , ensuite Ahmed Manai ; militant des droits de l’homme et ancien membre de la commission des observateurs arabes en Syrie qui dévoile le rôle joué par le dirigeant dans le processus de la militarisation de la révolution syrienne qui a débouché sur une guerre civile , et la démarche systématique de la Cour Pénale Internationale à La Haye qui poursuit de manière méthodique et professionnelle la trace de Belhadj, pour mettre au jour ses rapports avec le monde politique .

La presse algérienne parle peu de la personne, mais s’attarde sur les liens qu’aurait entretenus son organisation, le Groupe Islamique de Combat en Libye (GICL) avec les groupes terroristes algériens pendant les années 1990, au moment de la guerre civile. De 1993 à 1997, c’est avec le Groupe Islamique Armé (GIA) que le GICL traite, puis, à partir de 1998, avec le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), lequel groupe deviendra, à partir de janvier 2007, Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) .

Le GIA classe, en 1994,les Libyens du GICL qui l’ont rejoint , comme simples supplétifs qui se mettaient sous les ordres de son chef, alors Chérif Gousmi,(Abou Abdellah Ahmed) , et un document de l’époque parle d’un renfort massif des Libyens au profit du GIA .

Des débats théoriques sur le Djihad étaient menés plus tard entre Djamel Zitouni, devenu, entretemps, chef du GIA et une autre délégation du GICL qui serait présidée par Abdelhakim Belhadj en personne, selon les déductions du site « Algérie 360° »en date du 28 octobre 2011 , mais ces débats théoriques auraient abouti à un clash , indique la même source .

Une brouille aurait éclaté entre le GIA et le GICL , et Antar Zouabri devenu chef du groupe terroriste algérien va dénoncer les Libyens du GICL comme non salafistes,  » ikhwanistes « , et à la limite  » hérétiques « , les classant plutôt proches des Frères Musulmans égyptiens . Beaucoup de membres du GICL sont assassinés par les hommes de Zouabri. Et le 1er octobre 1997, Le GICL diffuse un communiqué, signé de la main de  » Abou Abdellah Es-Sdaki  » qui n’est autre que Abdelhakim Belhaj, contre le GIA, dans lequel il met en garde contre ses dérives, exactions, crimes , les qualifiant de génocide perpétré par Antar Zouabri.

Après la création du Groupe (algérien) Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), des membres du GICL sont revenus en Algérie, combattre dans ses rangs, et les maquis de Tizi Ouzou ont reçu les visites des hommes du GICL .Trois d’entre eux ont été interceptés et capturés à Meftah, sur les contrebas des monts de Larbâa, d’après la même source .

Les médias algériens qui ont commencé à suivre à la trace Abdelhakim Belhaj , après la chute de Mouammer Kadhafi , ont relaté que le leader islamiste libyen a été refoulé de l’Aéroport Haouari Boumediene, en décembre 2012 , mais l’information qui n’a été divulguée par les journaux algériens qu’en février 2013, a été vite démentie par le leader libyen via son chef de protocole , qui a ajouté que  » Belhaj a été invité à venir visiter l’Algérie « , et que cette invitation  » est toujours valable « .

Ahmed Manai, militant des droits de l’homme et membre de la commission des observateurs arabes en Syrie, souligne , dans une interview accordée à La Presse du 28 mars 2013 ,que Abdelhakim Belhaj a assisté à une réunion qui a eu lieu, le 11 décembre 2011, à Tripoli ( dont il est le gouverneur militaire ) et cette réunion a revêtu un caractère stratégique parce que des personnalités importantes y ont assisté, tels que Youssef Qaradhaoui, Rached Ghannouchi et le ministre des Affaires étrangères du Qatar de l’époque, Hamad Ben Jassem Ben Jabr Al-Thani , ainsi que le numéro 2 des Frères musulmans en Syrie. Au cours de cette réunion, il a été décidé d’activer l’accord Ghoulioune-Abdeljelil d’octobre 2011, qui a pour objectif d’armer la révolution syrienne et d’envoyer des combattants tunisiens et libyens vers ce pays .Et Abdelhakim Belhadj aurait été la cheville ouvrière de la mise en œuvre de cet accord.

La Cour pénale internationale qui poursuit une enquête sur Abdelhakim Belhadj , a épinglé Hamadi Jebali à la suite de la visite qu’il a rendue au dirigeant libyen, lors de son hospitalisation à Tunis, en décembre 2012 , pour lui demander de lui rendre compte des rapports qu’il entretenait avec le dirigeant libyen .

Et en réponse à une question posée par Jawhara FM , le 9 janvier 2013, le responsable du département de la communication à la présidence du gouvernement du temps de Hamadi Jébali, Ridha Kazdaghli, a confirmé que Hamadi Jebali présentera un rapport explicatif relatif à sa prochaine audition par la cour pénale internationale à La Haye, sur la nature réelle de sa relation avec Abdelhakim Belhadj, leader du parti Al Watan, suite à sa récente visite à l’ex-chef militaire islamiste de Tripoli, en réponse aux questions du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) chargé du dossier de la Libye à Jébali .

Et des informations , toujours non vérifiées , indiquent ,à l’époque, qu’un mandat d’arrêt international a été émis par cette juridiction internationale à l’encontre d’Abdelhakim Belhaj pour appartenance à une organisation terroriste, en l’occurrence, Al Qaida.

Tous ces éléments révèlent une vérité toute simple et qui s’applique aussi bien à Abdelhakim Belhadj , au parti Ennahdha en Tunisie qu’à d’autres formations islamistes dans les pays du Printemps arabe .Elle se rapporte à la nécessité de solder le passé entaché de violence et parfois de terrorisme pour prétendre jouer un rôle de premier plan dans une expérience démocratique .Deux formations politiques dans deux pays qui ont vécu des violences mais se sont par la suite orientées vers des choix démocratiques lorsque les conditions ont mûri , ont soldé leur passé violent : ce sont l’ANC de l’Afrique du Sud et l’IRA de l’Irlande du Nord . Ce qui leur a rendu possible de renoncer définitivement à la violence même lorsque l’horizon des pourparlers s’est assombri par moments. Par contre, les courants islamistes qui ont pratiqué la violence et même le terrorisme , n’ont pas fait le pas qui s’imposait , et ont conservé leurs rapports suspects avec la violence et le terrorisme . Ce qui ne les a pas aidés à rompre avec ce choix stratégique et les a poussés à justifier la violence qui a continué à être pratiquée à grande échelle dans les processus de transitions vécus par les pays en question .

Aboussaoud Hmidi

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