Ministère régalien qu’il a toujours convoité depuis l’ère de l’ancien chef de gouvernement Hichem Mechichi, et deuxième clé de voute de la prise de tous les pouvoirs par le chef de tout l’Etat tunisien, le ministère de l’Intérieur (MI) connaît depuis peu des chambardements, des renvois, des départs et des mises à la retraite.
– Grande purge au MI, depuis 2011
Le ministère de l’Intérieur a annoncé que le ministre Taoufik Charfeddine a ordonné la mise à fin des missions d’un groupe de 34 cadres attachés à son Cabinet, qui bénéficient de subventions et de privilèges sans avoir à accomplir aucune mission précise.
Le ministre de l’Intérieur a également ordonné que « la première mission d’audit qu’il signera pendant son ministère, concernera directement son Cabinet, afin d’accroître l’efficacité du travail des différents services de son Cabinet, contrôler avec précision les tâches, rationaliser dépenses et préserver l’argent public. ». Le ministère a expliqué dans un communiqué que « cette décision s’inscrivait dans le cadre de l’instauration de la transparence et de la bonne gouvernance au sein du ministère ». La purge, qui semblerait être l’un des premiers résultats de l’audit annoncé par Charfeddine, si tant est qu’il a été réellement fait, continue. Six nouvelles décisions de mise à la retraite forcée, ont été en effet passées à l’étude de la réunion du dernier Haut conseil de sécurité intérieur, présidé récemment par Ridha Charfeddine.
– La purge après la grande vadrouille au même MI
Officieusement, cette large purge du MI a pour objectif principal de vider le MI de tous les sympathisants d’Ennahdha, le parti islamique tunisien, cible du courroux du chef de tout l’Etat tunisien depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Kais Saïed s’était arrogé la grande majorité des pouvoirs, par décret présidentiel, à l’exception du pouvoir judiciaire contre lequel il mène une campagne médiatique ininterrompue.
Ennahdha avait en effet fait grande vadrouille au MI, parsemant ses différents services de ses membres, se donnant ainsi le pouvoir de contrôler les entrants et les sortants dans le pays. Pour preuve, les dernières révélations faites par le ministre, ancien avocat à Sousse, Ridha Charfeddine, suite au placement en résidence surveillée de l’ancien ministre Nahdhaoui Noureddine Bhiri et de Fethi Beldi, ancien dirigeant au cabinet du MI. Les deux seraient impliqués dans une grosse affaire de fabrication de fausses pièces d’identité et de faux passeports pour des éléments terroristes.
– Guerre des tranchées au sérail de Carthage ?
Mais cela ne semble pas être la seule cause. Une guerre de pouvoirs et des tranchées dans le sérail de Carthage, semblerait aussi être derrière cette chasse à l’homme au sein du MI. « Il y a un conflit entre la directrices du cabinet présidentiel, Nadia Akacha, et le conseiller à la sécurité Khaled Yahyaoui d’une part, et le ministre de l’Intérieur, l’épouse du président et son frère d’autre part », a rapporté le site « Middle East Monitor » qui citait une source au MI, une source que nous n’avons pas pu vérifier, le MI ne disposant toujours pas d’un service de presse depuis le départ de Yasser Mosbah. Et la même source de préciser que « les deux parties complotent l’une contre l’autre et le point d’appui est l’étendue de l’influence que les deux parties ont sur le président tunisien ».