Evénement diplomatique majeur, le Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), ouvert ce mercredi 4 septembre à Pékin cultive des vocations qui sont autant d’épiphénomènes dont la Chine et les pays seraient en droit de tirer des dividendes dans l’intérêt bien compris de toutes les parties.
Par le nombre comme par la qualité de ses participants, l’Afrique semble attacher une importance sans précédent à des assises de cette essence, alors que le pays hôte ne se limite pas de déployer le tapis rouge, dans une conjoncture internationale où bien des enjeux lui sont défavorables, voire hostile.
La Chine a toutes les raisons du monde pour prioriser ses intérêts à l’égard de l’Afrique dont elle est le premier partenaire commercial, mais surtout le premier bailleur de fonds. Et on repère cette orientation dans la nature des discussions que les uns et les autres sont en train d’engager, et pour trois jours à Pékin où il est majoritairement question de partenariat et de développement.
La Tunisie, par le truchement de son chef du gouvernement, Kamel Madouri, se livre à cet exercice, à travers, entre autres, la rencontre que le Directeur général du Fonds de Développement Sino-Africain (CADF) géré par la Banque Chinoise de Développement (BDC), a eue , ce mercredi à Pékin, avec le chef de la délégation tunisienne, pour l’assurer de la volonté de son institution de financer des projets de développement en Tunisie qui occupe une importante position stratégique.
Madouri a mis l’accent sur l’importance du partenariat fructueux et win-win entre les deux parties, soulignant que son gouvernement œuvre à résoudre les difficultés qui freinent la réalisation des projets chinois en Tunisie, appelant le DG du CADF à visiter la Tunisie afin de poursuivre les discussions sur les moyens de réaliser des projets de développement en Tunisie.
Le chef du Gouvernement a rencontré également la responsable au sein de la China Energy Engineering Corp (CEEC), Lina Li et mis l’accent sur les facilitations et garanties accordées pour favoriser le succès des entreprises chinoises notamment dans les domaines prioritaires dont la lute contre la rareté de l’eau, et ce, en tirant profit des expertises et des technologies chinoises.
De son côté, la responsable a passé en revue les activités de la société opérant dans plusieurs pays africains et en Amérique Latine. Elle s’est dite satisfaite de l’état d’avancement de réalisation de la station photovoltaïque à Kairouan, exprimant son souhait de réaliser des mégaprojets d’énergies renouvelables au Sud tunisien.
On y verrait volontiers un signe de concrétisation de la « Déclaration de partenariat stratégique », signée, fin mai 2024 , à l’occasion de la visite du président de la République tunisienne, Kais Saied, à Pékin, où la Chine exprimait « sa pleine et entière disposition à épauler les efforts de la Tunisie dans la mise en œuvre des « projets à caractère stratégique », dont notamment les secteurs de la santé, des infrastructures, de l’énergie, des transports, de la recherche scientifique, de l’agriculture et bien autres domaines et secteurs »
Des attentes immenses
De fait, et de façon moins particulière, les attentes sont immenses du côté africain comme du côté chinois. Pékin voit le Focac une opportunité d’approfondir ses partenariats stratégiques avec l’Afrique, surtout dans un contexte post-Covid.
Parmi les principales priorités figure la modernisation des infrastructures africaines. Les pays du Continent attendent de la Chine qu’elle continue à soutenir des secteurs clés tels que l’industrie manufacturière, les transports, l’énergie et les technologies numériques, tout en contribuant à combler les lacunes importantes de l’Afrique en matière d’infrastructures.
Autre sujet d’intérêt majeur, l’endettement croissant de nombreuses nations africaines, à cause des prêts chinois, ce sui constitue est un problème persistant. Si la Chine a joué un rôle déterminant dans le financement de projets d’infrastructure, la viabilité à long terme de ces dettes suscite de plus en plus d’inquiétudes, en particulier dans les petits États africains économiquement fragiles.
Mais il faut convenir avec de nombreux observateurs que les pays africains sont de plus en plus conscients de la nécessité d’une coopération réellement bénéfique pour les deux parties. Dans certains cas, les investissements chinois n’ont pas été alignés sur les priorités de développement locales, ce qui a donné lieu à des critiques selon lesquelles certains projets profitent davantage à la Chine qu’aux pays bénéficiaires.
Les pays africains espèrent négocier de meilleures conditions commerciales avec la Chine. Nombre d’entre eux espèrent une réduction des déséquilibres commerciaux et un meilleur accès aux marchés chinois pour les produits agricoles et manufacturés africains.