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El Abassi : Job done. Well ? C’est là toute la question !

Depuis 2011, l’économie tunisienne a dû composer avec de nombreux chocs aussi bien intérieurs qu’extérieurs, qui se sont traduits par une détérioration des équilibres macroéconomiques et une accentuation des vulnérabilités.

«Les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir, continuent à faire face à des défis socio-économiques et politiques importants. Dans ce contexte turbulent, de transition politique prolongée et d’une politique budgétaire maintenue constamment sous pression et dont les intentions ne sont pas toujours claires, la conduite de la politique monétaire a été une tâche extrêmement ardue. Les défis étaient nombreux, surtout que la préservation de la stabilité des prix, objectif principal de la Banque Centrale, n’était pas garantie avec la succession de chocs et l’accentuation des déséquilibres économiques. Le principal défi de la politique monétaire, au cours de ces dernières années, consistait fondamentalement à éviter un dérapage plus important de l’inflation, à contribuer à préserver la stabilité du système financier et à rétablir une croissance saine et durable». C’est ce qu’assure le Forex club de Tunisie, dans un récent communiqué rendu public en novembre 2019.

  • Le Forex confirme des signes avant-coureurs d’un rétablissement macroéconomique

Selon ce club de banquiers et de hauts spécialistes des finances, «l’érosion rapide du stock des réserves en devises de la BCT suite au rythme très élevé des dépenses en devises, associée aux rétrécissements de la capacité de la Tunisie à mobiliser des financements extérieurs, ont contraint la BCT à rationaliser ses interventions sur le marché des changes pour éviter la dilapidation de cette réserve stratégique». Et les mêmes spécialistes de rappeler que «la BCT a par ailleurs conduit un resserrement énergique de sa politique monétaire, tant à travers les taux d’intérêt avec de fortes amplitudes, qu’à travers le quantum, en agissant sur les volumes du refinancement via plusieurs leviers (ratio loan-to-deposit, politique des collatéraux, …). La politique budgétaire a réussi également à se consolider en réduisant le déficit budgétaire de pratiquement 2 points de pourcentage grâce en particulier aux efforts en matière de recouvrement des recettes fiscales», comme en témoigne d’ailleurs le résultat de l’exécution du budget 2019, à fin septembre dernier.

De cette analyse, le Forex déduit que «en dépit de la persistance d’un climat socio-politico-économique tendu, l’année 2019 a ainsi été marquée par l’apparition de signes avant-coureurs annonçant un début de rétablissement de la stabilité macroéconomique (décélération de l’inflation, contraction des déficits jumeaux, …) induisant un certain « retracement » de la monnaie nationale vis-à-vis des principales devises. Toutefois, la sortie de crise demeure tributaire de l’adhésion de toutes les parties prenantes à un programme global, cohérent et coordonné de plans d’action et de mesures d’ordre politique, social, économique et financier, à même de rétablir la bonne marche des moteurs de la croissance».

Cela, c’est l’avis du Forex, un «club» de spécialistes des finances. Un avis que ne semblent pas partager, pour différentes raisons, dont celles pour des visées politiques, certaines personnes, présentées par les médias locaux comme étant des experts. Un panel que Chedly Ayari, ancien Gouverneur, mais aussi professeur émérite, n’hésita pas de qualifier « d’experts cathodiques » !

Ces derniers, parfois en écho aux tenants d’une politique économique qui a ses raisons politiques, ne voient toujours pas les «signes avant-coureurs de rétablissement de la stabilité macroéconomique» dont parlais le Forex, en diminuent les effets et l’impact et font porter la responsabilité de toutes les catastrophes qu’ils prédisent, à la politique monétaire conduite par la BCT et son gouverneur Marouane El Abassi.

  • De Boissieu, MKN, Elyes Jouini, et Mongi Safra témoignent

Pour l’économiste Christian de Boissieu, « la politique monétaire a fait le Job ». Le spécialiste de questions monétaires et bancaires, qui a été membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers en France, estime cependant, que l’inflation mange l’augmentation des salaires et l’amélioration des taux de change, sans pour autant s’empêcher de remarquer un début de stabilisation du taux de change du dinar (DT) et une inflation qui baisse, même si elle reste élevée. Evoquant les projections, De Boissieu estime que le travail n’est pas encore fini tant au niveau de l’inflation que pour la stabilisation du dinar. Il a, à cet égard, appelé le gouvernement mais aussi l’autorité monétaire à « casser les anticipations » !

Ancien gouverneur, Mustapha Kamel Nabli (MKN) fait d’abord remarquer que la pression fiscale a augmenté de 5 points en PIB, et que les politiques, budgétaire et monétaire, ont été restrictives, estimant que l’impact a été négatif sur la croissance, que le gain d’inflation est discutable, et faible sur la balance courante, ce qui n’arrive pas à résoudre les déséquilibres fondamentaux. Car, estime-t-il, « le choc de l’offre ne peut pas être résolu par une politique de la demande ». Comprendre une combinaison de politiques monétaire et budgétaire davantage restrictives !

Premier Gouverneur de l’ère de l’après Ben Ali, il soutient que les politiques ont été pertinentes, mais pas assez. Pour lui, la Tunisie fait de la transformation politique, mais pas structurellement économique. Pour MKN, ce qui se fait actuellement est une transition politique, pas encore économique, et que la politique poursuivie depuis 2011 reste accommodante.

Selon Elyes Jouini, vice-président de l’Université Paris-Dauphine, la BCT a contrôlé les dérapages. «Elle fait du bon travail sur l’inflation, et on est rassurés», dit-il, n’oubliant pas pour autant de se demander ou d’interpeller le gouverneur de la BCT par un «mais quelle est la trajectoire ? ». Une sorte de «C’est bien, mais ». «On a un point A, mais pas de point B. La Tunisie ne souffre pas de déficit de pilotage, mais de vision et de projection dans l’avenir. Mais on ne la voit pas». Pour lui, la BCT est un point de stabilité, mais qui, de ce fait, cristallise les regards, les espoirs et les critiques.

Interrogé par Marouane El Abassi sur son avis quant à la politique monétaire et la politique de change, , Mongi Safra, par ailleurs Phd. University of Michigan, Professeur de Sciences économiques (Université Tunis-III), et ancien Directeur de l’ISG, a estimé que le resserrement, monétaire et fiscal adopté en Tunisie a donné un gain de 1,5 sur trois paramètres que sont les déficits, courant et budgétaire, ainsi que l’inflation et notamment celle sous-jacente. Mais aussi la baisse de la croissance, à cause de son resserrement. Un avis, plutôt en soutien à la politique monétaire engagée par la BCT, quoiqu’avec quelques réserves.

Concernant le Dinar, Safra précise qu’on «avait déprécié jusqu’à ce que le déficit devienne problématique, ce qui a donné un réajustement, à partir de 2016. Moi qui étais en faveur de la dépréciation pour défendre l’économie, je me retrouve obligé de me remettre en cause. Ce n’est plus un correctif, mais là une baisse annuelle, accompagnée par un phénomène de spéculation et de stockage des marchandises en 2017 et 2018. Le déficit augmente en DT, certes, mais pas en devises. Je comprends qu’on ne puisse plus continuer et, heureusement, que j’ai vu les choses changer en février dernier».

Et Safra d’estimer que «l’on pourrait tenir cette valeur de Dinar, si on maintient un resserrement monétaire et assurer un bon stock de devises, pour stabiliser les anticipations. Pour éviter ce resserrement, il faut des réformes structurelles». Et il faut remarquer que c’est ce que tente de faire la BCT, dans l’attente des réformes structurelles, à faire par le gouvernement, «comme la relance des exportations, accroître la production locale de substitution aux exportations par une politique sectorielle, réformer le code de change et financer les PME par les bonifications de taux d’intérêt» surtout, comme conseillé par Safra et Nabli. Le nouveau gouvernement sait ainsi ce qui a pu être fait… mais surtout ce qu’il lui reste à faire.

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