La bande de Gaza assiégée est le théâtre lundi de raids aériens israéliens meurtriers et d’intenses combats après des menaces du mouvement islamiste palestinien Hamas de ne pas libérer « vivants » sans négociations les otages qu’il détient.
De nouvelles frappes ont visé les villes de Khan Younès et de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où sont massés des centaines de milliers de civils après avoir fui les combats dans le nord.
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de dizaines de morts à travers le territoire palestinien, notamment à Khan Younès et à Rafah, dans la ville de Gaza et le camp de réfugiés voisin de Jabalia, dans le nord, ainsi que dans les camps de Nuseirat et de Maghazi (centre).
Des centaines de milliers de civils sont désormais acculés dans un périmètre exigu près de la frontière fermée avec l’Egypte, une partie d’entre eux contraints de se déplacer plusieurs fois à mesure que les combats s’étendent.
Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans la bande de Gaza, où 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population.
L’armée israélienne a demandé aux civils de se rendre dans des « zones sûres » pour échapper aux combats.
« Une déclaration unilatérale d’une puissance occupante selon laquelle des terres sans infrastructures, nourriture, eau, soins de santé (…) sont des +zones sûres+ ne signifie pas qu’elles le soient », a déclaré la Coordinatrice des opérations humanitaires de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, dont le visa n’a pas été renouvelé par Israël.
Des milliers de Gazaouis fuient comme ils le peuvent: en voiture ou camion, parfois en charrette ou à pied.
Rafah, à la frontière égyptienne, s’est transformée en gigantesque camp de déplacés où des centaines de tentes ont été montées à la hâte avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), des dizaines de milliers de déplacés arrivés à Rafah depuis le 3 décembre « sont confrontés à des conditions désastreuses, dans des lieux surpeuplés, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des abris ».
« Des foules attendent pendant des heures autour des centres de distribution de l’aide, les gens ont désespérément besoin de nourriture, d’eau, d’un abri, de soins et de protection », tandis que « l’absence de latrines ajoute aux risques de propagation de maladies », a ajouté l’Ocha.
Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza. Les arrivées depuis l’Egypte de vivres, médicaments et carburant restent très insuffisantes selon l’ONU, et ne parviennent pas à être acheminés au-delà de Rafah.
Dans le nord, des milliers de déplacés ont aussi installé des tentes autour des locaux de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans le secteur d’Al-Rimal, à l’ouest de la ville de Gaza, fuyant les bombardements incessants, selon un correspondant de l’AFP.
Après l’échec vendredi du Conseil de sécurité de l’ONU à voter un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » en raison du veto de Washington à la résolution, l’Assemblée générale doit se réunir mardi pour discuter de la situation à Gaza.
Le projet de texte vu par l’AFP dimanche reprend en grande partie la résolution rejetée vendredi. Faisant état de la « situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza », le texte exige « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » et la libération « immédiate et inconditionnelle » de tous les otages.