AccueilLa UNEGouvernement: La stratégie du bord de l’abîme

Gouvernement: La stratégie du bord de l’abîme

Alors que l’on mettait les petits plats dans les grands à quelques encablures de la communication au président de la République de la composition du gouvernement à laquelle Elyès Fakhfakh s’est attelé , trois semaines durant, quelque chose d’intempestif, d’autres diraient de savamment calculé, une volte-face d’Ennahdha vient de tout remettre en question. Le président de son conseil de la Choura a presque intimé au chef du gouvernement désigné de surseoir à son annonce, le temps de poursuivre ses consultations pour être assuré d’obtenir la confiance du parlement. Une « douce » injonction assortie de l’affirmation comminatoire que son parti ne craint nullement la tenue d’élections anticipées.

Sans être grand clerc en la matière, on est en présence d’un cas d’école qui emprunte beaucoup à ce qui est convenu d’appeler « stratégie du bord de l’abîme » où l’on s’ingénie à poursuivre une action dangereuse dans le but de faire reculer un adversaire et atteindre le résultat le plus avantageux possible pour soi. Une piperie qui, ajoutée à la possibilité que les choses deviennent hors de contrôle, peut rendre crédible une menace autrement incroyable. En tout cas, il loge dans cette manigance de la onzième heure d’Ennahdha, une efficacité face à laquelle les partis politiques de la place, beaucoup moins artificieux, ne peuvent qu’abdiquer.

L’appât des maroquins ministériels

Du reste, deux d’entre eux ont eu hâte de saisir la balle au vol et annoncé qu’ils voteront la confiance au gouvernement de Fakhfakh et y participeront. Le mouvement Echaab a expliqué son adhésion par le fait que le document contractuel du gouvernement est « une déclaration politique qu’il avait lui-même réclamée pour déterminer le programme du gouvernement et tracer ses principaux objectifs ». Cerise sur le gâteau, Echaab obtiendrait les deux portefeuilles de la Formation professionnelle et de l’emploi et du Commerce pour lesquels il a choisi respectivement Fethi Belhaj et Mohamed Msellini. Ce faisant, il emboîte le pas au Courant démocrate (Attayar) dont le Conseil national avait, dès jeudi, décidé de voter la confiance au prochain gouvernement. Avec à la clé, trois portefeuilles ministériels, celui de la Réforme administrative et de la lutte contre la corruption, le ministère des Domaines de l’Etat et des affaires foncières et du celui de l’Education.

Dans cette configuration, il ne serait pas inutile de mentionner la Coalition Al-Karama qui apparaît comme l’un des laissés-pour-compte majeurs du gouvernement en voie de formation. D’autant qu’elle dit n’avoir plus aucun contact avec Elyes Fakhfakh, qui avait refusé de répondre favorablement à ses requêtes, selon son porte-parole, Seifeddine Makhlouf. Baroud d’honneur ou autre réaction qui le suggère, Al-Karama assure qu’elle ne va pas voter la confiance pour le gouvernement de Fakhfakh, ce qui la range ipso facto dans la catégorie des partis prompts à rejoindre l’opposition au cas où ils ne seraient pas appâtés par quelques maroquins ministériels, même si le mouvement Ennahdha persistait à ne pas figurer dans l’attelage gouvernemental.

Qalb Tounès un « pestiféré précaire »

Il ne faut pas se voiler la face , toute cette crise du dernier quart d’heure s’article autour du sort qu’il importe de réserver au parti Qalb Tounès, que le chef du gouvernement désigné, Elyès Fakhfakh, a , dès le départ, voué aux gémonies, en le regardant comme un « pestiféré » dont il est pénible de s’accommoder. C’est, cependant, un statut dont on peut dire qu’il en train de perdre de sa pérennité sous les coups de boutoir et les menaces d’Ennahdha, chevillé à la nécessité d’un gouvernement d’union nationale adossé à une large ceinture politique groupant tous les partis représentés au parlement, sans exception, comme l’a affirmé à Africanmanager, le président de son groupe parlementaire, Noureddine Bhiri.

C’est à comprendre que le parti de Nabil Karoui accède au rang d’une carte majeure dont dépendra le vote de confiance au gouvernement d’Elyès Fakhfakh, même si, de l’avis presqu’unanime, ce gouvernement passera en fin de compte contre vents et marées, car ce qui se passe actuellement ne peut être que de l’ordre de la gesticulation.

L’analyste politique Riadh Chaîbi, croit dur comme fer que le vote de confiance est une nécessité, voire une fatalité qui s’imposera à tout le monde, car c’est l’unique solution qui rassemblera les uns et les autres sous la même bannière, n’étant dans l’intérêt de personne que ce gouvernement n’obtienne pas son quitus, et donne lieu à des élections anticipées.

Une approche qui dicte à Elyès fakhfakh de donner des gages au mouvement Ennahdha sur une participation de Qalb Tounès au gouvernement sitôt obtenue la confiance, et ce dans le cadre d’un processus de formation de gouvernement d’union nationale.

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