En l’absence d’un secteur de transport public performant, efficace et accessible, une grève des taxis s’avère avoir tout pour être néfaste. C’est à peu près sous ces allures qu’a été observé, ce mercredi 21 septembre, le débrayage décrété par certaines corporations de conducteurs de taxis. Lesquelles, pourtant, se reconnaissent dans les mêmes revendications professionnelles qui renvoient aux mêmes causes, à savoir la hausse et des prix des carburants, et des pièces de rechange et surtout des voitures.
Le vice-président de la Chambre syndicale nationale des taxis individuels relevant de l’UTICA, Adel Arfa, se désolidarisant de ce mouvement, a affirmé à Africanmanager que son syndicat n’a pas appelé à la grève et n’y adhère pas non plus.
C’est, a-t-il expliqué, « l’ultime forme de protestation. Nous avons des demandes, mais nous optons pour le dialogue avec le ministère », selon ses dires
« Nous demandons l’augmentation de la tarification des taxis vu la hausse des prix du carburant, mais nous ne soutenons pas les autres demandes ‘inavouées’ comme celles ayant trait aux applications web telles que Bolt, Yassir et autres… », a-t-il ajouté.
Des applications illégales
La même source nous a dévoilé qu’il ya une nouvelle application appelée Wassalni qui a été lancée, sachant que toutes ces applications Web sont illégales et non autorisées par la loi, a-t-il affirmé.
« Il n’y a que le service taxi par téléphone qui est légal comme Allo Taxi, les autres sont illicites et interdits par la loi ! », explique-t-il.
Arfa a souligné qu’une autre association a appelé à la grève pour augmenter le tarif des compteurs, mettant en avant l’augmentation des prix des carburants, alors qu’elle a d’autres demandes et d’autres intérêts personnels.
Il a, aussi, souligné les inconvénients de la multiplicité des corps syndicaux qui ne font que disperser les efforts des professionnels, indiquant que « seul, le ministère de tutelle sortira gagnant de ce cafouillis ».
De «vaines» négociations!
A l’autre extrême du spectre syndical, le secrétaire général de l’Union tunisienne des taxis individuels, Faouzi Khabouchi, a affirmé dans une déclaration à Mosaïque Fm, que les taximen galèrent et ne réalisent pas de bénéfice.
« Notre grève aujourd’hui est intitulé ‘grève de la dignité’ qui rassemble les taximen ayant foi en leur liberté et revendiquant leur droit », a-t-il expliqué, s’en prenant avec colère au « ministère et à l’Etat qui ne répondent pas à nos demandes légitimes », a-t-il dit.
« ‘Le chef de l’Etat disait que le peuple veut’, mais aujourd’hui, c’est ‘le ministère qui dicte », a-t-il dénoncé.
Khabouchi a affirmé que les négociations avec le ministère du Transport ont duré trois ou quatre mois sans aboutir à une solution efficace, sachant que le ministère a promis au taximen d’approuver une augmentation de tarification depuis le 5 mars dernier mais cette promesse n’a pas été tenue.
Même son de cloche chez le secrétaire général adjoint de la Chambre régionale des taxis individuels, Mohamed Arfaoui, qui a expliqué, à son tour, que cette action intervient, suite à l’inaction du ministère du Transport face aux revendications des professionnels.
Il a, également, précisé que les professionnels du secteur sont incapables de continuer à travailler dans des conditions « détériorées », notamment après les hausses itératives des prix des pièces de rechange et du carburant.
Concernant le recours des conducteurs de taxi aux applications dans leur activité, Mohamed Arfaoui a déclaré que 7% seulement les utilisent et que ce mode n’est pas permanent, en attendant sa légalisation.
Il a enfin rappelé l’importance d’augmenter la tarification, afin de remédier aux problèmes financiers des professionnels.